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# Tiltionnaire

L’intersectionnalité, c’est quoi ?

Marion Fresneau – Festisol le 29/06/2021

4 min de lecture 🧠   Niveau « Je gère »

Tu n’as pas fait un master en sociologie mais tu aimerais bien comprendre ce qui se cache derrière la notion d’intersectionnalité, ce terme qui revient de plus en plus souvent dans les débats, les médias, voire les programmes politiques ? Ce tiltionnaire est pour toi.  

L'intersectionnalité : définition

L’intersectionnalité, c’est une notion sociologique qui désigne la manière dont les différentes formes d’oppression comme le racisme, le sexisme, le classisme, le validisme, l’homophobie, la transphobie, et d’autres, s’articulent et se renforcent mutuellement. 

Elle a été introduite par l’universitaire afroféministe Kimberlé William Crenshaw en 1989 pour parler spécifiquement de l’intersection entre le sexisme et le racisme subi par les femmes afro-américaines. Elle observe à l’époque que les femmes afro-américaines vivent des discriminations différentes de celles vécues par les femmes blanches, ou les hommes noirs aux Etats-Unis. Elles ont plus de difficulté à trouver du travail à la fois parce qu’elles sont femmes et parce qu’elles sont noires. Elles vivent donc une expérience propre qui est le résultat de l’articulation du racisme et du sexisme.

Qu’apporte cette notion d'intersectionnalité ?

L'intérêt de l’intersectionnalité, c’est qu’elle permet de comprendre que les expériences ne sont pas uniformes, et de penser la complexité des inégalités sociales.


L’intersectionnalité permet de décrire le fait que toutes les femmes ne vivent pas dans les mêmes conditions. [Certaines] se retrouvent à l’intersection de plusieurs types d’exclusion. 

Rokhaya Diallo

Cela amène à repenser la manière dont on lutte contre ces inégalités sociales. Est-ce qu’on peut lutter uniquement contre le sexisme ? Uniquement contre le racisme ? Uniquement contre l’homophobie ? etc. L’intersectionnalité montre que c’est parce que ces discriminations sont vécues simultanément et se construisent mutuellement, qu’elles doivent être combattues simultanément et ne doivent pas être hiérarchisées

Cela veut aussi dire que l’on peut se trouver en position d’oppresseur.e et d’opprimé.e. Une femme blanche peut être plus privilégiée qu’une femme noire, en subissant elle-même les effets du sexisme. Utiliser le concept d’intersectionnalité implique donc une certaine remise en question puisqu’elle suppose de prendre conscience de ses propres privilèges.

Pourquoi l'intersectionnalité est-elle critiquée ?

Le concept d’intersectionnalité fait régulièrement l’objet de débats. Certains scientifiques et politiques dénoncent une approche « identariste », qui consiste à renvoyer tout le monde à son identité, et à enfermer les gens dans des catégories hermétiques comme la race. Cette approche irait à l’encontre de l’universalisme prôné par le modèle républicain et serait à l’origine d’une fracture de la société.

A l’inverse, l’approche intersectionnelle permet la prise en compte des identités complexes au croisement de multiples facteurs de discriminations tels que la classe sociale, l’âge, l’orientation sexuelle, le handicap. Les défenseurs de cette notion appellent ainsi à prendre en compte les différences plutôt que tenter de les gommer sous la bannière de l’universalisme républicain, afin justement d’éviter d’invisibiliser des minorités et de creuser des fractures sociales.  

Pour creuser le sujet :

Inégalités Égalité de genre

Par Marion Fresneau – Festisol

Un article proposé par les équipes du Festival des Solidarités

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