solastalgie
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La solastalgie,c’est quoi ?

Rédaction Tilt le 29/11/2021

3 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Dans une récente étude publiée par The Lancet Planetary Health, 59 % des jeunes sondé.e.s déclarent être « inquiets », voire « extrêmement inquiets » face aux enjeux climatiques, et 45 % d’entre eux souffrent d’éco-anxiété, qui affecte leur vie quotidienne. Éco-anxiété, solastalgie, quels sont ces nouveaux maux dont souffrent les jeunes générations ? 

La solastalgie, c’est quoi ? 

Érosion de la biodiversité, disparition d’espèces, acidification des océans, montée des eaux ou encore fonte des glaciers : les raisons d’éprouver de profondes craintes en matière d’environnement sont nombreuses. Face à une nature qui a disparu ou qui disparaît, on peut être saisi d’un sentiment d’angoisse et avoir envie de s’enfoncer dans la déprime.

Prendre conscience de la dégradation de l’environnement et de la gravité de la situation peut s’avérer psychologiquement très violent. Chez certains d’entre nous, cela peut provoquer une détresse psychologique qui se traduira par des insomnies, un repli sur soi, un stress généralisé… Les formes de cette détresse sont multiples selon les individus. Un philosophe australien, Glenn Albrecht, s’est penché sur ce type de réaction psychologique qu’il appelle la « solastalgie » et qu’il distingue de l’éco-anxiété.

Quelle différence avec l'éco-anxiété ? 

Alors qu’on parle déjà depuis les années 1970 d’« éco-anxiété », voilà qu’une nouvelle forme de « détresse verte » émerge. Derrière cette nouvelle terminologie, il y a l’idée de douleur (en latin algia) propre à la nostalgie. On déplore l’époque où les oiseaux n’étaient pas mazoutés. On regrette la vue du parc en bas de chez soi, remplacé par un tout immeuble flambant neuf. On attend un jour meilleur comme Orelsan et un retour en arrière semble impossible. Aucune consolation (en latin sōlācium) ne peut atténuer la peur. C’est donc du latin sōlācium associé au suffixe stalgia que Glenn Albrecht en est venu à concevoir ce nouveau type d’état de déprime écologique : la solastalgie.

Le philosophe fait le lien entre la détresse humaine et la détresse environnementale. Contrairement à l’éco-anxiété, les conséquences à craindre de la dégradation des conditions terrestres et humaines se vivent au présent. Les personnes qui souffrent de solastalgie ont « un lien puissant avec [leur] environnement » et elles souhaitent le conserver. Les risques ne sont pas à venir, puisque les changements sont déjà là. Ce n’est donc pas une peur par anticipation qui les submerge, mais plutôt une crainte rétroactive et actuelle.

La solastalgie, un syndrôme de riche ? 

La solastalgie ne touche pas uniquement nos pays européens et occidentaux. Selon une étude de la revue scientifique The Lancet Planetary Health, les 16-25 ans des pays en développement sont tout aussi touchés, d’autant plus qu’ils sont généralement en première ligne de ces bouleversements. Une véritable anxiété enfle parmi ces communautés qui voient leurs territoires disparaître sous les eaux comme aux Philippines ou qui voient leurs terres s’assécher comme au Nigeria.

De la même manière, en France, aux États-Unis ou au Royaume-Uni, les jeunes affectés par la solastalgie voient leur quotidien complètement bouleversé : étudier devient difficile, s’amuser est quasiment de l’ordre de l’impossible, et même se nourrir et dormir s’avère être un cauchemar.

Sortir du fatalisme

Donner un nom à ce type d’anxiété permet de l’affirmer comme un fait de société. Cette déprime verte touche un grand nombre de personnes : elle n’est pas la réaction excessive de quelqu’un·e·s qu’on pourrait juger « trop » sensibles. Peut-être que tu en connais. Peut-être que tu en fais partie.

En tout cas, sache qu’une personne concernée et affectée par les bouleversements écologiques peut réagir de différentes manières, allant d’un extrême à l’autre : de la révolte à la dépression. Pour certains psychologues, l’action militante est d’ailleurs le meilleur médicament contre la solastalgie. Pour pallier ce sentiment d’impuissance qui nous gagne parfois, rien de mieux que l’action. Tu le sais, même le plus petit geste compte. Alors, à toi de jouer !


"J'ai été dévastée à cause d'une jolie zone forestière, au Royaume Uni, qui a été remplacée par un centre commercial. Je me suis dit : je ne peux rien faire pour cette situation-là mais il y a d’autres endroits aussi beaux qui ont besoin d’être protégés. Alors travaillons pour les préserver."

Jane Goodall, 87 ans, pionnière de la primatologie

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