désoxygénation océan

La désoxygénationocéanique,c'est quoi ?

Rédaction Tilt le 04/04/2024

6 min de lecture 🧠   Niveau « Je me débrouille »

L’Amazonie est souvent considérée comme le poumon de notre planète. En réalité,  ce sont plutôt les océans : près de 50 % de l’oxygène produit sur Terre provient des mers. Le rôle des océans est donc tout aussi primordial. Mais depuis cinquante ans, ils sont confrontés à un phénomène très préoccupant : la désoxygénation océanique. Retiens ton souffle, on t’explique tout !

Des océans qui s'asphyxient

Au-delà d’être un mot qui compte triple au scrabble, la désoxygénation océanique désigne la diminution progressive de l’oxygène dans les océans. Car oui, même si on ne peut pas respirer sous l’eau, ça ne veut pas dire que l’oxygène n’y est pas présent. Comment les océans font-ils pour en produire ? Principalement grâce aux phytoplanctons. Ces minuscules organismes font comme les plantes : elles utilisent la photosynthèse pour générer de l’oxygène.

Mais depuis quelques années, nos océans semblent avoir du mal à respirer... La pêche intensive, l’agriculture avec les engrais qu’elle rejette, et le dérèglement climatique étouffent littéralement nos mers. En cinquante ans, la quantité d’oxygène présente dans nos océans a diminué de 2 %. Ça ne te paraît pas beaucoup ? Ce chiffre traduit pourtant un changement majeur et alarmant.   

Des zones côtières qui s'étouffent

D’après la communauté scientifique, les zones côtières sont victimes de ce qu’ils appellent l’eutrophisation, un autre mot qui compte triple. C’est un peu comme si nos mers et nos océans faisaient une overdose de nutriments, ici d’azote et de phosphore. Cette surdose transforme les équilibres marins et provoque une prolifération excessive des phytoplanctons et d’algues. Et sans surprise, qui sont les coupables ? Les humains, en déversant les engrais issus de nos activités agricoles dans les estuaires et les zones côtières.

On pourrait se dire « génial, plus de planctons, plus d’oxygène !». Mais « plus » ne veut pas toujours dire « mieux » : la nature aime l’équilibre. L’abondance soudaine de phytoplanctons attire une armée de bactéries qui consomme l’oxygène des profondeurs. Résultat ? Nos océans se retrouvent à court d’air et ne peuvent plus alimenter tous les organismes marins. On parle alors d’hypoxie. Autrement dit, l’océan étouffe !

Loin des rivages, l'oxygène se raréfie

Au large aussi, les océans subissent les conséquences désastreuses de nos émissions de gaz à effet de serre. La température à la surface des mers a grimpé de plus de 0,5 °C ces cinquante dernières années. Là encore, ça peut paraître marginal, mais les conséquences sont immenses. La montée en température perturbe la capacité de l’eau à garder son oxygène : une eau chaude retenant moins d’oxygène qu’une eau froide. 

Et ce n’est pas tout ! Cette différence de température accentue la stratification des océans : imagine des couches d’eau superposées qui ne se mélangent plus, comme l’eau avec l’huile. Moins d’échanges, c’est moins d’oxygène pour les strates les plus basses : les eaux profondes, normalement alimentées par les eaux de surface, ne reçoivent plus suffisamment d’oxygène, ce qui conduit à la formation de « zones à minimum d’oxygène » ou « zones mortes ».

Quelles conséquences sur la vie marine ?

La multiplication des « zones mortes » dans nos océans a de sérieuses répercussions sur la vie marine. Les poissons les évitent et vont migrer vers des zones où l’eau est plus respirable. Du coup, leurs habitats se réduisent considérablement, ce qui les expose encore plus aux prédateurs et à la surpêche.

Même dans les zones encore épargnées, les effets de la diminution progressive de l’oxygène se font sentir : ralentissement de la croissance des espèces, perturbation de leur reproduction, plus forte vulnérabilité aux maladies… Bref, la désoxygénation des océans menace la survie de nombreuses espèces.

Comment réanimer nos océans ?

L’ONU a mis en place un programme à l’échelle mondiale, appelé « Décennie des océans ». L’objectif est d’accueillir des projets qui combattent la désoxygénation des océans. Parmi eux, le projet Global Ocean Oxygen Decade (GOOD). Approuvé par la Commission intergouvernementale océanographique de l’ONU, ce projet vise à identifier les causes de la baisse d’oxygène, cartographier la répartition de ce phénomène dans les océans et évaluer les menaces qu’elle fait peser sur la vie marine. 

L’autre objet de ce programme est de sensibiliser, d’éduquer, mais aussi d’accumuler des connaissances pour proposer des solutions. Car oui, il est possible d’agir contre la désoxygénation. Par exemple, en adoptant des pratiques agricoles régénératives qui ont moins recours à l’engrais et qui visent la restauration des cycles de culture naturels. Les scientifiques préconisent également de créer plus d’aires marines protégées et de zones où la pêche est interdite. Chacun d’entre nous peut également contribuer à cette cause, en adoptant des modes de vie plus respectueux de l’environnement. Ensemble, engageons-nous pour préserver nos océans


« La désoxygénation des océans recouvre deux réalités différentes. Il y a d’une part d’immenses zones où les eaux sont pauvres en oxygène, principalement dans l’océan Pacifique. C’est le fruit de processus naturels, mais qui tendent à s’aggraver avec le réchauffement climatique. Et d’autre part, on assiste à une eutrophisation de l’océan côtier : en raison des engrais azotés rejetés par les fleuves, le phytoplancton s’y développe massivement, pour être ensuite dégradé par des bactéries qui consomment alors tout l’oxygène marin. »

Marilaure Grégoire, professeure de modélisation des systèmes marins à l'Université de Liège

Océans

Par Rédaction Tilt

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