Le ventre plein pour

une tête bien faite

Selon l’UNESCO, 251 millions d’enfants dans le monde étaient déscolarisés en 2024.  Pour lutter contre ce fléau, l’école burkinabè Denro offre une scolarité gratuite mais surtout une collation le matin et un repas à midi. Une sécurité alimentaire nécessaire pour les populations les plus pauvres.

La Première de sa classe

Dans la cantine à ciel ouvert de Denro, son école, Rachel attend patiemment son haricot-riz avec ses copines. La burkinabè de 10 ans a aussi eu une petite collation après le premier cours et repartira chez elle avec sa bouteille pleine de l’eau du puit pas très loin de la salle des CE2. Un strict minimum qu’elle est sûre d’avoir tous les jours d’école et qui a fait plier sa grand-mère. Car la petite fille n’aurait jamais dû aller à l’école. Ses parents l’ont placée chez sa mamie pour l’aider dans ses tâches ménagères. Mais Denro avait l’argument imparable. L’école, créée par l’association du même nom , est l’une des rares au Burkina Faso à offrir un repas par jour, toute l’année, depuis 2015 et l’ouverture de la première classe. L’enfant est sûre d’avoir le ventre plein pour étudier, la famille une bouche de moins à nourrir. Aujourd'hui Rachel est la 1ère de sa classe. Et elle ne compte pas s'arrêter là.

7 millions de plus qu’en 2021

A Koudougou, la troisième ville du Burkina Faso où habite Rachel, les enfants déscolarisés travaillent comme apprentis dans des garages, des ateliers, comme vendeurs au marché, ou comme aides ménagères chez des gens plus aisés. Ils ne gagnent pas beaucoup, étant censés apprendre le métier. Mais ils mangent. Et pour Roger, qui a abandonné l’école en CM1, c’était le seul but. L’estomac vide, il n’arrivait plus à se concentrer sur les bancs de la classe. Il n’aime pas trop réparer les pneus de vélo mais chaque midi, son patron lui donne du riz. C’est déjà ça. 

En 2024, l’UNESCO comptait 251 millions d’enfants non scolarisés dans le monde, soit 7 millions de plus qu’en 2021. La pauvreté est le premier facteur, mais s’y ajoutent également la distance aux installations scolaires et les conflits armés. Les filles, surreprésentées parmi les déscolarisés, doivent, en outre, faire face aux mariages et/ou grossesses précoces. Les derniers chiffres de l’Unicef font état de 650 millions de filles et femmes mariées avant l’âge 18 ans,  soit 1 jeune femme sur 5.