Santé mentale dans le

monde : on est où ?

Angèle Marâtre-Lansac

Pourquoi c’est si important de parler de santé mentale ? Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale, fait le point sur l’état de la santé mentale dans le monde. Comment déstigmatiser les troubles psys ? Comment améliorer l’accès aux soins ? Et comment repenser collectivement notre rapport à la santé mentale ? Car il n’y  a pas de santé sans santé mentale !

Tilt - Comment définir la santé mentale ?

Angèle Marâtre-Lansac : L'Organisation mondiale de la Santé dit que la santé mentale, c’est un état de bien-être qui vous permet d'affronter les difficultés normales de la vie, et puis aussi de participer à la communauté. Tout le monde a une santé mentale, et donc il ne faut pas confondre avec les troubles psychiatriques, les troubles psychiques, qui là, concernent chaque année une personne sur cinq. Et s'il n'y a pas de santé sans santé mentale, on peut avoir des maladies, des maladies psychiques, on peut se rétablir d'une maladie mentale. On peut aussi avoir une maladie mentale au long cours et pourtant être en bon état de santé mentale, ce n'est pas forcément évident. Donc ce sont deux notions qui sont proches mais qui ne sont pas la même chose.

Y a-t-il des personnes qui sont plus exposées que d’autres ?

Angèle Marâtre-Lansac : Quand on regarde l'état de santé mentale des populations, on se rend compte qu'il y a des populations qui sont plus vulnérables. On sait aujourd'hui que les jeunes sont très touchés par la souffrance psychique et aussi par les maladies psychiques. Avant les confinements et aujourd'hui, on a vu une grande augmentation, une dégradation de la santé mentale des jeunes. Aujourd'hui, c'est deux fois plus de jeunes qui souffrent de troubles anxieux, de troubles dépressifs, et aussi une augmentation, malheureusement, des idées, des gestes suicidaires, notamment chez les jeunes femmes. Donc les jeunes constituent vraiment une population à haut risque sur la santé mentale.

D'autres populations aussi sont très à risque. Les populations les plus défavorisées, les plus vulnérables, qui sont dans des conditions socioéconomiques très précaires. On pense aussi aux jeunes mamans. La dépression du post-partum touche énormément de femmes et le suicide constitue la première cause de mortalité dans les deux années qui suivent la naissance d'un enfant. Donc il faut avoir aussi ça en tête. Les personnes âgées aussi peuvent être des groupes très vulnérables. Et puis les communautés LGBTQIA+, aussi, sont très touchées par les troubles psychiques, la souffrance mentale, et les suicides, malheureusement.

Quelles ressources existent actuellement pour faciliter l’accès à un diagnostic et des soins adéquats ?

Angèle Marâtre-Lansac : La première chose, c'est d'en parler, d'accepter que ça existe, beaucoup de personnes qui sont en souffrance psychique, on en connaît tous autour de nous, ça peut tous nous arriver. Et ensuite on peut se former, on peut s'informer mieux.

Il y a beaucoup de ressources qui existent sur la santé mentale en France et de plus en plus déjà, si on veut de l'information sur la santé mentale, je vous invite à aller voir le site du Psycom, qui a beaucoup d'informations et aussi beaucoup de ressources sur les lieux où on peut se faire soigner. Ensuite, il y a des lignes d'écoute qui sont dédiées, je pense à la Nightline. C'est une idée d'écoute de pair à pair d'étudiants à étudiants en soirée. Et donc là, on peut appeler pour parler de sa souffrance psychique, de ses idées ou parler de ce qu'on veut. C'est aussi un lieu pour rompre un peu l'isolement social.

MasterTilt, c’est quoi ?

MasterTilt, ce sont des interviews d’expert.e.s qui reviennent en profondeur sur leur sujet d’étude : d’abord, ils.elles décryptent les défis du monde, ensuite, ils.elles nous donnent leurs bons tuyaux pour agir.