Accès à la contraception :

un droit encore

trop inégal ?

Marielle Bouqueau

La contraception n'est pas seulement un moyen d'éviter les grossesses non désirées !  C'est un enjeu de santé publique majeur, impactant aussi bien le droit des femmes à disposer de leur corps, leur autonomisation, que le développement économique d’un pays. Mais entre difficultés d’accès, manque de sensibilisation et obstacles financiers, le droit à la contraception reste encore très fragile à travers le monde. Alors comment rendre la contraception accessible à toutes et tous ? Quels sont les conséquences d’un manque d’accès à la contraception ? Marielle Bouqueau, experte en politiques de santé publique chez Expertise France et anciennement sage-femme, est là pour t’éclairer 💡 Et petit reminder : la contraception n’est pas qu’une affaire de femmes, sur qui repose souvent la charge contraceptive : elle concerne tout le monde !

Tilt - C'est quoi la contraception ?

Marielle Bouqueau : La contraception regroupe tous les moyens temporaires ou permanents permettant d'éviter une grossesse après un rapport sexuel.

Il existe différentes méthodes de contraception :

• Hormonales : pilule (œstroprogestative ou progestative), implant, patch, anneau, injection.
• Dispositifs intra-utérins : stérilet au cuivre ou hormonal, efficaces pendant environ cinq ans.
• Barrières mécaniques : préservatif masculin ou féminin (qui protège aussi des IST), diaphragme, cape cervicale.
• Méthodes définitives : vasectomie ou ligature des trompes, parfois réversibles sous certaines conditions.
• Méthodes naturelles : méthode de Billings (observation des pertes vaginales et courbes des températures), retrait, abstinence temporaire. La méthode MAMA (allaitement exclusif pendant six mois) en fait aussi partie. Mais attention, ces méthodes naturelles ont une fiabilité moyenne de 72%.

Il existe aussi la contraception d’urgence, comme la pilule du lendemain.

Pourquoi la contraception est-elle un enjeu de santé publique ?

M.B. : La contraception est un enjeu de santé publique essentiel. Elle permet de réduire les risques de complications maternelles, d’éviter les grossesses non désirées et de diminuer le nombre d’avortements pratiqués dans des conditions non sécurisées. Selon l’OMS, 8 à 13% des décès maternels sont dus à des avortements clandestins. 

Mais dans les pays du Sud, les jeunes adultes rencontrent des défis comme l’accès limité aux services d’information et aux soins médicaux liés à la contraception.

Comment rendre l’accès à la contraception plus facile ?

M.B. : Quand on fait des politiques et des programmes de coopération internationale, par exemple, il est essentiel de travailler avec les gouvernements pour améliorer l'accès aux produits et aux soins. Des centres communautaires peuvent rendre l'accès à la contraception beaucoup plus facile. Nous aidons également à respecter les engagements nationaux et internationaux.

En Afrique de l'Ouest francophone, il existe le partenariat de Ouagadougou. En 2011, neuf pays de l'Afrique francophone y ont participé. Ce partenariat a facilité l'accès à la contraception et a permis, de 2011 à 2020, de rendre la contraception accessible à 3,8 millions de femmes.

En France, par exemple, pour les moins de 26 ans, tous les moyens de contraception, tels que les préservatifs et la pilule, sont gratuits. Toutefois, dans d'autres pays en développement, ces produits peuvent coûter jusqu'à 20 % du salaire mensuel du foyer, ce qui a un impact important. C'est pourquoi il est crucial d'élaborer des politiques inclusives pour répondre à ces défis.

C’est quoi la charge contraceptive ?

M.B. : La charge contraceptive repose souvent sur les femmes, car elles doivent se rappeler de prendre leur pilule à heure régulière, obtenir une prescription et faire un suivi gynécologique. De plus, la contraception hormonale peut entraîner des effets secondaires, tels que des troubles de l'humeur ou une baisse de libido.

Comment y remédier ?

M.B. : La contraception ne doit pas être un tabou, car elle concerne tout le monde. Pour une sexualité épanouie et responsable, il est important d'en parler ouvertement entre partenaires sexuels. Un homme peut, par exemple, écouter sa partenaire si elle éprouve des difficultés avec la contraception hormonale et l'accompagner dans l'achat de préservatifs ou la recherche d'une autre méthode.

Cela inclut également le partage des coûts financiers au sein du couple. L'éducation à la sexualité et la planification familiale sont des outils essentiels pour mieux comprendre les options contraceptives.

MasterTilt, c’est quoi ? 

MasterTilt, ce sont des interviews d’expert.e.s qui reviennent en profondeur sur leur sujet d’étude : d’abord, ils.elles décryptent les défis du monde, ensuite, ils.elles nous donnent leurs bons tuyaux pour agir.