Des alguesà la rescousse des huîtres
Argos x Tilt le 11/04/2024
3 min de lecture 🧠 Niveau « J'y connais rien »
Des chercheurs de l'Ifremer et du CNRS mettent en lumière l'effet positif des algues sur la bonne santé des coquillages. En absorbant le CO2 pour leur photosynthèse, celles-ci font augmenter le pH des eaux, atténuant le phénomène d’acidification des océans néfaste aux coquillages. Cette « agroécologie marine » est un espoir pour la filière conchylicole.
L'Ifremer enquête sur les effets de l'acidification sur la conchyliculture
Gireg Berder peut s’estimer chanceux. Ce qui s'avère être une malédiction pour les uns semble être une bénédiction pour ses affaires. Cet ostréiculteur de la baie de Morlaix a repris l'exploitation de son grand-père à Carantec et livre près de 100 tonnes de coquillages par an. Il fait pousser ses huîtres plates à même le sol de la baie au milieu des algues - qui ne sont pas que vertes ! Délicieuses, légères en bouche, charnues, ses huîtres réputées subissent pourtant l'acidification en cours des océans. Ce phénomène est dû à l'absorption du CO2 de l'atmosphère par les océans. Une fois dissous, celui-ci attaque les coquillages dont il menace la calcification.
C’est dans ce contexte que Gireg s’est associé avec l’Ifremer, dans le cadre du projet interdisciplinaire CocoriCO2. Lancé en France il y a trois ans, il a pour objectif d’observer et d’anticiper l’acidification des océans dans six sites conchylicoles. Fabrice Pernet, co-coordinateur du projet, est estomaqué par les relevés fournis par les balises : les eaux françaises connaissent une forte variabilité saisonnière avec des pH parfois très bas et des niveaux d’acidification très élevés ! Heureusement pour Gireg, en réalisant leur photosynthèse, les algues arrivent à capter le CO2 présent et font remonter le pH de l'eau.
Les algues protègent les coquillages de l'acidification
En moyenne, 45% de nos émissions de CO2 restent dans l’atmosphère, 30% sont absorbés par la végétation terrestre et 25 % par l’océan, essentiellement via des phénomènes physicochimiques qui équilibrent les concentrations en CO2 entre l’eau et l’air. En augmentant sa concentration en CO2, le pH de l’océan diminue, c’est-à-dire que son acidité augmente. Il était en moyenne de 8,2 en surface dans la période préindustrielle. Aujourd’hui, il est de 8,1, soit une diminution de 0,1. Cela semble faible mais équivaut en réalité à +30% d’acidité, ce qui est énorme ! Les conséquences de l’acidification de l’océan ne se voient que dans des régions ou des organismes très particuliers, comme sur la côte Nord-Ouest des États-Unis, où l’aquaculture des huîtres est impactée, ou les coraux du Pacifique qui se fragilisent.
Par Argos x Tilt
"La photo qui fait tilt" est proposée en collaboration avec le @CollectifArgos qui rassemble des journalistes engagé·e·s sur les questions environnementales.
📷 @eleonore.henrydefrahan 🖋 @l.noualhat
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