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# Tiltionnaire

La déforestation importée,c’est quoi ?

Rédaction Tilt le 30/03/2023

4 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Aujourd’hui, le déboisement de l’Amazonie ou du bassin du Congo se joue en partie dans les assiettes et les caddies des citoyens européens. Et il existe un terme pour désigner ce phénomène : la déforestation importée. On t’en dit plus dans ce tiltionnaire.

Une déforestation invisible… pour nous

Si on coupe des arbres en Indonésie pour fabriquer une table vendue ici, ou que le bœuf dans notre assiette a été nourri avec du soja cultivé à la place d’un bout de forêt amazonienne, cet achat aura contribué à détruire un petit morceau de forêt. La déforestation importée désigne l’importation de matières premières ou transformées qui ont été produites en détruisant les forêts ailleurs, généralement de manière illégale. Et c’est un problème de taille ! Sur les 10 millions d’hectares de forêts perdus chaque année, un tiers des surfaces forestières perdues est liée au commerce international. Encourager la transparence dans les chaînes d'approvisionnement est indispensable pour identifier les risques et les pratiques illégales. Les entreprises devraient s'engager à retracer l'origine de leurs matières premières et à garantir le respect des normes environnementales et sociales.

De quels produits on parle ?

Tout d'abord, il y a la viande de bœuf, car les éleveurs de bétail ont souvent besoin de beaucoup de terres pour faire paître leurs animaux, et ils peuvent parfois défricher des forêts pour agrandir leurs pâturages. L'expansion des pâturages pour l'élevage du bétail est responsable de 41 % de la déforestation tropicale. Cela représente 2,1 millions d'hectares par an, soit environ la moitié de la superficie des Pays-Bas ! 

La culture du soja, utilisé en grande partie pour nourrir les animaux d'élevage (entre 70 % et 90 % de la production de soja mondiale), empiète sur la forêt, en particulier en Amérique latine. Quant à l'huile de palme, qu’on retrouve dans les biscuits, les shampoings et même le carburant pour les voitures, elle est responsable d’une grosse partie de la déforestation en Asie. Par exemple, les plantations de palmier à huile seraient directement responsables d’environ 15 % de la déforestation totale mesurée entre 1990 et 2015 en Indonésie et 40 % en Malaisie. 

L'avocatier lui par exemple est devenu un aliment tendance ces dernières années, il est également responsable de la déforestation. La culture intensive de l'avocatier, notamment au Mexique et au Pérou, entraîne la destruction des forêts et la surexploitation des ressources en eau. En réduisant notre consommation d'avocats ou en optant pour des produits issus d'une agriculture responsable, nous pouvons contribuer à protéger les forêts et les écosystèmes fragiles.

Un dernier exemple : le chocolat. S’il parait qu’il est bon pour le moral, il ne l’est pas tellement pour la santé de la planète. L’augmentation de la demande de cacao met en péril les forêts des pays producteurs. Premier producteur mondial de cacao, la Côte d’Ivoire a perdu 60 % de ses forêts au cours des 25 dernières années. Mais la liste est encore longue: produits cosmétiques, carburants, café, bois…

Déforestation importée : la faute à qui ?

La responsabilité de la déforestation importée est partagée entre les pays producteurs et les pays importateurs, ainsi que les entreprises impliquées dans la chaîne d'approvisionnement.

Côté importateurs, les principaux responsables sont souvent les grandes économies développées ou émergentes. Selon le WWF, en 2017, l’Union européenne est le deuxième plus grand importateur de matières premières liées à la déforestation et à l’origine de 16 % de la déforestation associée au commerce international. Elle se place ainsi après la Chine (24 %) mais devant l'Inde (9 %), les États-Unis (7 %) et le Japon (5 %). Ces importations ont représenté 1807 millions de tonnes de CO2, ce qui équivaut à 40 % des émissions annuelles globales de l'Union européenne. 

Côté producteurs, cela touche plusieurs pays situés en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est et en Afrique. Le Brésil, l'Indonésie, la Malaisie, le Paraguay, l'Argentine, le Congo, la Côte d'Ivoire et le Ghana sont quelques-uns des pays qui ont été identifiés comme ayant une forte incidence de déforestation. 

Qu'est-ce qu'il faut faire ? La mise en place d'accords internationaux contraignants s'avère indispensable pour garantir un cadre juridique solide et harmonisé. Tous les acteurs doivent être impliqués dans cette lutte, des organisations de la société civile aux entreprises du secteur privé, en passant par les gouvernements des pays producteurs et importateurs.


Afin de nourrir les millions de poulets, cochons, vaches laitières… élevés chaque année au sein de l’UE, on importe des millions de tonnes de soja qui ont potentiellement contribués à la destruction d’écosystèmes précieux et uniques comme le Cerrado brésilien ou encore le Chaco.
 

Cécile Leuba, chargée de campagne forêts chez Greenpeace France

Pour creuser le sujet : 

Forêt

Par Rédaction Tilt

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