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Un poisson au
goût amer

Argos x Tilt le 27/05/2025

🧠   Niveau « Je me débrouille »

La surpêche ravage les océans et appauvrit les petits pêcheurs. Mais certains Etats n’ont pas les moyens de surveiller leurs eaux. Des ONG comme Sea Shepherd leur prête bateau et équipage, dans une alliance improbable entre militaires de la marine et militants environnementalistes.

Une alliance improbable

biologiste Sea Sheperd

Au large du Gabon, la biologiste de l’ONG Sea Sheperd mesure et compte les prises qui n’auraient jamais dû se retrouver dans les filets du chalutier. Espèces de requins protégées, poissons trop petits (ou juvéniles), crabes, méduses et même des tortues sont embarqués dans des toiles qui ratissent tout sur leur passage. Le chalutier a été abordé par une alliance qui pourrait paraître improbable : des soldats gabonais pour sécuriser le bateau, des inspecteurs de pêche assurant les contrôles et les militants de Sea Shepherd. 

L’ONG a développé depuis 2016 des partenariats avec des Etats côtiers africains pour leur permettre de patrouiller leur zone économique exclusive : elle met à disposition un bateau, des zodiacs, le fuel, et l’équipage. Aux Etats d'assurer le contrôle et les suites juridiques éventuelles.

L'enjeu est de taille : selon les estimations de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 15 à 40% de la pêche mondiale est illicite, non déclarée ou non réglementée (INN), pour une valeur allant jusqu'à 23 milliards de dollars par an d’après  la FAO, plus selon les associations. 

Surpêche et crimes internationaux

bateau surpêche

Cette surpêche menace les écosystèmes et la sécurité alimentaire des millions de personnes vivant de la pêche. Mais elle cache aussi des crimes invisibles loin des côtes et de tout regard : le trafic d’ailerons de requins ou de drogue, et pour les marins, des conditions de vie et de travail indignes, un isolement total, des salaires très faibles et aucune liberté de mouvement… l'esclavage moderne

Arif, ouvrier de pêche indonésien, travaille sur l’un de ces bateaux poubelles qui sillonnent les eaux gabonaises. "Nous n'avons aucun jour de repos, aucunes vacances pendant les deux ans de nos contrats" témoigne-t-il. Et les cadences sont infernales. Levée du filet toutes les trois heures, de jour comme de nuit. Arif et ses collègues remontent les cordages qui raclent les fonds marins puis trient la pêche, accroupis sur le pont. Lorsque tout poisson commercialisable a intégré les cales, Arif prend la pelle et débarrasse le pont des minis raies, méduses et autres crabes indésirables, souvent déjà morts. C'est ensuite la pause. Il reste moins d'une heure pour se reposer dans ces cabines crasseuses et trop petites pour s’allonger complètement, avant de recommencer. 

L'Indonésien a commencé avec un salaire de 160 dollars par mois. Mais on lui a promis 700 dollars sur ce contrat. Encore faut-il qu'il les touche.

pêche

Par Argos x Tilt

"La photo qui fait tilt" est proposée en collaboration avec le @CollectifArgos qui rassemble des journalistes engagé·e·s sur les questions environnementales.  

📸 @jeromine_derigny ✍️ @cecilebontron

Ressources :

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