La taxe Robin des bois : une idée qui peut rapporter gros

Pendant longtemps, l'idée de taxer les transactions financières était considérée comme farfelue et impossible à réaliser. Mais depuis les crises financières, les choses évoluent. Bon, y a encore pas mal d’obstacles et de nombreux débats animés en perspective, mais aujourd’hui, de plus en plus de gens se posent la question. Et dans le cadre du Sommet de juin pour un nouveau pacte financier mondial, de nombreuses ONG plaident pour une extension de cette taxe, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour la planète.

C’est quoi la taxe sur les transactions financières ?

Un concept plutôt simple

La taxe sur les transactions financières (TTF) - qu’on appelle aussi parfois la taxe Robin des bois - fait beaucoup parler d'elle. Le concept est plutôt simple : en imposant légèrement les transactions financières, on pourrait récolter des revenus fiscaux importants sans perturber les marchés ou l'économie. Et ces revenus pourraient venir financer le développement, la transition écologique, et régler beaucoup de problèmes dans le monde ! Cela pourrait même aider à freiner la spéculation à court terme. Une bonne idée, a priori, non ?

Mais bien sûr, cette taxe a aussi ses détracteurs. Certains affirment que ça pourrait avoir l'effet inverse, qu’elle serait peu efficace, au rendement surestimé, lourde pour l’administration française, et qu'elle pourrait faire fuir massivement les capitaux et les traders. Pourtant, force est de constater que les taxes déjà existantes sur les grandes places financières n'ont pas eu les effets dramatiques annoncés. La véritable question, c'est comment concevoir cette taxe sur les transactions financières. Bien sûr, il y a des inconvénients à prendre en compte, mais il faut aussi regarder les avantages potentiels. Les opposants rejettent souvent cette idée sans proposer d'alternatives concrètes.

Taxer les transactions financières : une idée ancienne

La TTF, malgré son nom sophistiqué, a une histoire bien ancrée et est pratiquée depuis des siècles dans de nombreux pays. C’est une idée ancienne, qui a d’abord été proposée par J.M. Keynes, puis, J. Tobin l'a étendue au marché des changes. Beaucoup d’économistes célèbres soutiennent cette idée, comme les prix Nobel P. Krugman et J. Stiglitz, ainsi que L. Summers, J. Sachs, et bien d'autres.

Si certains pays occidentaux l'avaient abandonnée au cours du XXe siècle, elle a connu un regain d'intérêt récemment, avec de nouveaux dispositifs mis en place en France, en Italie et en Espagne. Aujourd'hui, plus d'une trentaine de pays partout dans le monde ont adopté une taxe sur les transactions financières, dont des places financières importantes comme le Royaume-Uni, la Suisse, Hong Kong et Taiwan. Il est donc clair que cette taxe n'a pas empêché le développement de ces marchés financiers.

Pourquoi cette taxe séduit de plus en plus ?

Elle répond à l’explosion des marchés financiers

La TTF, fait parler d'elle car elle est une réponse directe à l'explosion des échanges financiers. Depuis les années 70, les marchés financiers sont devenus de plus en plus gros. Imagine, en 50 ans, le montant total des transactions boursières dans le monde a été multiplié par plus de 500 ! En France, par exemple, le montant des transactions à la Bourse de Paris est passé de 3,5 milliards d'euros à plus de 2 000 milliards d'euros aujourd'hui. C'est énorme !

Est-ce que les marchés financiers ne sont pas devenus trop gros pour leur propre bien ? Est-ce qu'ils sont "socialement raisonnables" ? La TTF est une idée qui plaît à certains, car elle propose de taxer ces transactions pour collecter beaucoup d'argent, tout en mettant (un petit peu) à contribution cette folie financière.

Elle représente de gros montants

La TTF est une source de revenus non négligeable pour de nombreux pays. Par exemple, la Suisse en tire environ 1,5 milliard d'euros, le Royaume-Uni, près de 4 milliards de livres sterling, et la Corée du Sud, Hong Kong et Taiwan récoltent plus de 7 milliards d'euros. En France, les recettes fiscales s'élèvent à près de 2 milliards d'euros.

Mais que se passerait-il si on mettait en place une TTF à l'échelle de la zone euro, de l'Europe ou même du monde entier ? Si tous les pays du G20 adoptaient une taxe similaire à celle de la France ou du Royaume-Uni, on pourrait récolter entre 150 et 260 milliards d'euros par an. Imagine tout ce qu'on pourrait financer comme projets, pour le développement durable et la lutte contre le changement climatique !

Elle est vue comme un impôt plus juste

La TTF est vue comme un impôt juste, moderne et efficace. L'objectif n'est pas de punir les banquiers ou les marchés, mais plutôt de trouver une façon équitable de collecter des fonds. En taxant un large éventail de transactions à un taux bas, on ne modifie pas l’équilibre financier, on génère des revenus importants tout en limitant les coûts de collecte, et on contribue à une meilleure répartition des richesses. 

Le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial

Alors que notre planète fait face à des défis croissants, il est essentiel de trouver des solutions qui garantissent le progrès et le bien-être pour tous. Les 22 et 23 juin 2023, la France organisera à Paris le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Dans le cadre des négociations autour de ce nouveau pacte financier mondial, de nombreuses associations et ONG, dont ONE, plaident pour la mise en place de taxes innovantes pour soutenir le climat et le développement.

Un groupe de pays volontaires pourrait s’y mettre d’accord pour avancer ensemble en mettant en place une TTF similaire sur chacune de leur place boursière et en s’engageant à en reverser les recettes à la lutte contre l’extrême pauvreté et le changement climatique.

L’idée est largement soutenue, notamment par le Parlement européen, qui le 16 février 2023, a voté une résolution pour demander aux dirigeants européens de créer cette taxe dans plusieurs de ses États membres avant fin juin.