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Le précariat,c'est quoi ? 

Rédaction Tilt le 25/03/2024

5 min de lecture 🧠   Niveau « Je me débrouille »

CDD, intérim, stages à répétition… Mauvaise nouvelle : le précariat augmente dans le monde entier. Le préca-quoi ? Ce néologisme compliqué désigne les travailleurs précaires. Tilt décrypte ce concept socio-économique pour t’aider à y voir plus clair !

Le précariat, la nouvelle classe sociale

Le précariat désigne l’ensemble des travailleurs précaires. Contraction des termes « précaire » et « prolétariat », il regroupe en son sein des personnes confrontées à une situation d’incertitude économique forte sur le marché du travail. Salariés en CDD, en apprentissage, en intérim, en stage, mais aussi autoentrepreneurs se mettant au service de plateformes comme Uber ou Deliveroo. Les travailleurs dépendants de ces différents contrats précaires qui ne permettent pas une insertion durable sur le marché du travail sont de plus en plus nombreux.

Le précariat reflète une nouvelle division du marché du travail entre les personnes disposant d’une position économique et sociale sécurisée et celles exposées à une instabilité chronique de l’emploi. Les personnes qui font partie du précariat sont dans l’impossibilité de construire leur vie, faute de perspective économique et financière stable et de long terme.

Le précariat, un groupe social en plein essor

Depuis le début des années 2000, le précariat est considéré comme une catégorie de travailleurs. Le sociologue Robert Castel en parle comme d’une nouvelle classe sociale dès 2006 . Au niveau mondial, son émergence est imputable à la flexibilisation continue des marchés du travail. En rendant embauche et licenciement plus faciles, mais surtout en facilitant – voire en favorisant – le recours par les entreprises aux contrats courts et à temps partiel, les gouvernements des grandes puissances économiques ont favorisé et la hausse de la précarité. 

Si l’apparition d’un précariat en Europe et aux États-Unis est plutôt récente avec l’ubérisation du travail, cette classe sociale précaire a toujours existé dans les pays en développement où le secteur informel est très important. Selon une étude de la Banque mondiale, en 2021, le secteur informel représentait plus de 70 % de l’emploi total dans les économies émergentes et en développement, contribuant à environ un tiers du PIB. Selon un rapport de l’OIT de 2015, à l’échelle mondiale, six travailleurs sur dix sont employés à temps partiel, en CDD, sans contrat ou sans rémunération. Être salarié à temps plein et vivre pleinement de son travail sans craindre pour demain reste un privilège !

Les effets politiques du précariat

La question de la précarité de l’emploi est économique, mais elle a bel et bien des retombées politiques. L’économiste du travail Guy Standing distingue ainsi trois groupes au sein du précariat, chacun se caractérisant par une attitude politique différente :
•    Le premier groupe est constitué de personnes issues de la classe ouvrière. Disposant d’un niveau d’étude relativement faible, elles se caractérisent par leur vote en faveur de l’extrême droite.
•    Le deuxième groupe est composé des migrants, des minorités ethniques et des handicapés. Ils ne se mobilisent pas alors même que les prestations sociales les concernant font l’objet de menaces. Ils ont un faible poids politique.
•    Enfin, le troisième groupe se compose de personnes ayant leurs diplômes en poche, mais confrontées aux difficultés du marché de l’emploi. Attirés par des politiques progressistes, les membres de ce groupe se retrouvent dans les partis de gauche.

L’existence du précariat a ainsi une forte portée politique : le premier groupe nourrit l’essor des formations populistes en Europe, quand le troisième accompagne la naissance de nouveaux mouvements comme Occupy Wall Street ou les Indignés espagnols en 2011.

Que faire pour tourner le dos au précariat ?

 Résoudre la question du précariat est complexe, mais plusieurs solutions sont proposées par les économistes. Tout d’abord, ils défendent souvent le durcissement du code du travail et du droit de recours par les entreprises aux contrats courts. Ensuite, ils sont nombreux à plaider pour un revenu universel qui viendrait limiter la dépendance au travail pour la survie et supprimerait le statut même de travailleur pauvre en assurant un niveau de vie décent à tous. Enfin, dans les pays en développement, la solution serait de vastes programmes économiques permettant d’établir un environnement économique favorable en renforçant la réglementation, mais aussi en favorisant l’accès à l’éducation, par exemple. Tout un programme en somme !


« Le précariat […] c’est vivre en situation d’incertitude permanente vis-à-vis du travail, du logement, et même de son identité. »

Guy Standing, économiste spécialiste du travail, 16 octobre 2012

Économie Inégalités

Par Rédaction Tilt

•    « Le précariat : “Une classe sociale en devenir” », article de Bastamag.net
•    « Et maintenant, le “précariat”… » par Robert Castel, article du Monde
 

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