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Notre responsabilitéenvironnementale surla déforestation,Interview d’Alain Karsenty

Rédaction Tilt le 04/01/2022

6 min de lecture 🧠   Niveau « Je me débrouille »

Cruciales pour le climat, la biodiversité mais aussi pour les populations humaines, les forêts sont aujourd’hui encore très menacées par le phénomène de déforestation. Quelles solutions peuvent être mises en œuvre à toutes les échelles pour les préserver ? Alain Karsenty, économiste et chercheur au Cirad, nous livre quelques pistes pour mieux comprendre les conséquences de la déforestation et agir.

Tilt - Que peut faire le consommateur ? Déchiffrer les informations des produits est-elle une piste à suivre ?

Alain Karsenty - D’abord réfléchir à ce que l’on consomme. Donc il faut s’informer sur la manière dont nous consommons tous les jours : d’où ça vient, [au risque d’être un acteur indirect dans la déforestation importée], et comment cela a été produit. Nous avons tous des téléphones portables, dans lesquels il y a du coltan, il y a du cobalt dedans, etc. Ça va venir en partie de mines de République Démocratique du Congo, avec des tas de forêts qui ont été totalement perturbées, dégradées. Si on change de téléphone tous les six mois, il faut quand même, une certaine idée des conséquences que ça va avoir. On peut commencer à réfléchir, soit à acheter des smartphones responsables (ça existe), soit à acheter des produits recyclés. 

D’autre part, faire confiance à des labels, à des certifications, qui sont de plus en plus nombreuses et qui vont de plus en plus, vous certifie, par exemple, que les produits que vous consommez sont issus d’une agriculture responsable, d’une agriculture qui n’a pas entraîné de la déforestation. Et quand on n’a pas d’informations sur ces produits, réduire sa consommation dans la mesure du possible.

Que peuvent faire les entreprises ? Quel est l’impact de leur sous-traitance ?

Elles doivent absolument s’informer et elles doivent surtout responsabiliser leurs sous-traitants. Le problème, c’est que les entreprises qui font de la sous-traitance, ont des chaînes d’approvisionnement qui sont souvent longues et complexes. Elles doivent se sentir responsables de ce que font leurs sous-traitants et faire ce qu’on appelle une diligence raisonnée, c’est-à-dire leur demander de prendre tous les moyens raisonnables pour s’assurer que les produits qu’ils importent ne sont pas impliqués dans de la déforestation.

Qu’en est-il de la responsabilité gouvernementale ?

C’est dans le sujet de la responsabilité gouvernementale qu’il y aurait le plus de conseils à donner. Aux gouvernements du Nord, on peut leur dire, au fond, « faites attention à vos traités commerciaux ». Aujourd’hui, le commerce doit être conditionné au respect de l’environnement. Faire varier le niveau de la fiscalité, selon le fait que le produit est durable, zéro déforestation ou non durable. C’est-à-dire qu’on peut très bien dire, quand le produit n’est pas certifié, on le taxe. Et quand, par contre, les produits sont certifiés zéro déforestation, il faut qu’il y ait une différence, il faut le détaxer. Il y a des mécanismes internationaux qui permettent de rémunérer des pays pour la bonne gestion de leurs forêts ou pour la réduction de la déforestation. 

En bref : 

Lors de tes achats, tu peux facilement adopter certains comportements pour limiter ton impact et ta responsabilité environnementale : t’informer en amont sur l'impact de certains produits, lire les informations des produits présentes sur les emballages des produits que tu veux acheter (leurs provenances, leurs compositions...), privilégier les labels fiables et la récup' ou dans la mesure du possible réduire ta consommation ! 

MasterTilt, c'est quoi ?


MasterTilt, ce sont des interviews d’expert.e.s en deux parties : d’abord, ils décryptent les défis du monde, ensuite, ils nous donnent leurs bons tuyaux pour agir.
Retrouve le décryptage d’Alain Karsenty sur le phénomène de déforestation dans sa vidéo info !
 

Forêt

Par Rédaction Tilt

🎥 Jmage 


Une interview réalisée en partenariat avec le Comité français de l’UICN. 
 

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