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Victoire Tuaillon, éclairer en BD

Rédaction Tilt le 07/02/2023

4 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Pour transmettre des informations et donner des clés de lecture de notre monde au grand public, la journaliste Victoire Tuaillon a l'habitude de faire des podcasts, mais un peu moins des BD. Elle s'est lancé ce défi pour Tilt avec les 3 dessinateur.rices Clémence Sauvage, Amir Gauthier et Maedusa Gorgon. Elle t'en dit plus sur ce projet ! 
 

Pourquoi parler de santé mentale dans ta BD avec Amir Gauthier ? 

C'est un thème qui a émergé assez vite pour nous deux parce que nous y avons été confronté, soit personnellement, soit nos proches. On sait bien que la pandémie n’a rien arrangé à la santé mentale dans le monde. On a vu que les gens étaient isolés, qu'ils souffraient et avaient peur car l’avenir était incertain. Cela dans un contexte de pandémie mais aussi dans un contexte de crise écologique avec la montée très forte de ce qu’on peut appeler l’éco-anxiété, la solastagie et d’autres émotions qui ont un impact sur le moral et donc sur la santé mentale. 

On voulait parler de ce sujet car souvent, quand on parle de santé, on pense à la santé du corps. Il y a déjà beaucoup de gens qui n’ont pas accès à une couverture de santé suffisante et à des soins de base dans le monde. Mais on voulait aussi parler de santé mentale car c’est un secteur qui est complètement en manque de soignants et de moyens, or elle fait aussi partie des Objectifs de Développement Durable (ODD). On l’oublie souvent car on se dit que c’est secondaire parce que : « c’est dans la tête », et si « c’est dans la tête », c’est que ça ne se voit pas, et si ça ne se voit pas c’est que ça n’existe pas vraiment. Or c’est un énorme sujet qui est très souvent tabou. On considère souvent que si on souffre de problèmes de santé mentale c’est parce qu’on est faible ou parce qu’on est fou. Donc c’est une honte, quelque chose qui inquiète et qui isole. 

Les chiffres de l’OMS montrent qu’il y a 1 personne sur 8 qui souffre de problème de santé mentale dans le monde, et environ 30 à 40 % de personnes qui souffrent de troubles anxieux et dépressifs. Des troubles qui ont porté d’autres noms à travers l’histoire mais qui aujourd’hui sont nommés et ont des conséquences très graves et entrainent beaucoup de souffrance.

Découvre la BD d'Amir Gauthier et de Victoire Tuaillon ⬇️

Comment avez-vous travaillé sur cette BD « C’est dans la tête ! » 

On s'est beaucoup documenté à partir des rapports de l’OMS, de la documentation mise à disposition par l’AFD. On voulait que le personnage soit assez universel et l’équipe de TILT nous a encouragés à chercher une forme de décalage. On a eu des difficultés pour trouver une histoire ou des situations et finalement on s’est arrêté sur cette comparaison avec la cuisine et un cuisinier, en se disant qu’on allait personnifier les problèmes de santé mentale en un personnage qu’on appelle « Koev », la douleur en hébreu, et qui torture les personnes chez qui il s’installe. On aimait bien ce décalage parce qu’on ne comprend pas tout de suite de quoi on parle.

Il y a plein de choses qu’on voulait éviter aussi : on ne voulait pas que ça ait l’air d’être un problème individuel, de type « quand on veut on peut ». On voulait montrer qu’il y a une dimension politique à ces problèmes de santé mentale c’est-à-dire qu’il y a des facteurs qui les favorisent : des problèmes de pauvreté, d’insécurité, de violences structurelles, de conflits. On souhaitait que le scénario soit compatible avec cette réalité-là. 

On voulait dire aussi que l’important c’est de demander de l’aide et de ne pas en avoir honte. Encore une fois, ça concerne énormément de gens et on estime qu’une part très importante de la population va un jour connaître des problèmes de dépression et/ ou d’anxiété, car encore une fois ce sont les troubles plus fréquents. 

Découvre la BD de Maedusa Gorgon et de Victoire Tuaillon ⬇️

Est-ce que ça t’a paru difficile de raconter des histoires ? 

Oui, c’est quelque chose qui n’est pas du tout habituel pour moi. Ce n’est pas du tout le mode de pensée dans lequel je suis d’habitude, puisque comme journaliste, on n’invente pas. On cherche des histoires vraies et on tente de les raconter. Pour cela, on peut s’emparer de toutes sortes d’outils utilisés par ceux qui font des récits fictions d'ailleurs, mais moi, ce n’est pas du tout mon habitude d’inventer des histoires. En cela c’était très intéressant de travailler avec Amir. 

Est-ce que ça t’a donné envie de recommencer ? 

Bien sûr. C’est vraiment cool à faire ! Il y a quelque chose de magique à imaginer un personnage… On peut dire : « tiens j’aimerais qu’il ait la tête à l’envers », et puis hop, le dessinateur est capable de le faire et d’ajouter des choses de façon très expressive. C’est génial à voir. 

👉 Découvre sur  le compte Instagram de Tilt, les 9 BD inédites cocréées par Swann Périssé, Cyrus North et Victoire Tuaillon, à l’occasion du 50e anniversaire du Festival international de la BD d’Angoulême. Avec de jeunes talents de la BD, iels ont inventé des histoires, pour raconter les grands défis du monde. Iels parlent du réchauffement climatique, de la nécessité à agir, de la pollution plastique, iels dénoncent les inégalités de genre et le greenwashing, iels imaginent des modèles alternatifs de démocraties, ou racontent l’impact des problèmes de santé mentale dans le monde, le tout et pour la 1ère fois, en dessin. 

Par Rédaction Tilt

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