
Aires marines éducatives : les enfants à la barre
Créées en 2012 par des élèves de Vaitahu, aux Marquises, les Aires marines éducatives se sont déployées partout sur les côtes françaises. Ce dispositif inédit donne la possibilité à des classes de primaire, principalement, mais aussi à des collèges et lycées, de s’approprier un bout du littoral tout en sensibilisant le jeune public à la protection du milieu marin. Et parfois, ça change tout, comme sur l’atoll d’Anaa en Polynésie française.
Une portion de mer à protéger
Au bout de l’atoll polynésien, où l’eau du lagon rencontre l’eau de l’océan Pacifique Sud, les écoliers de l’île d’Anaa s’activent sur leur spider.
La structure métallique doit accueillir les boutures de corail branchu qu’Océane et ses camarades attachent pour développer le précieux petit animal. Ils sont dans leur Aire marine éducative (AME), l’une des 261 de France, et ils prennent à cœur leur rôle de gardiens de ce petit territoire côtier, aussi grand que quelques terrains de football.
Même s’ils ne sont pas officiellement responsables, les enfants reproduisent des mesures qui reprennent les modes de gestion de territoires, comme la création d’un Conseil de la mer ou la mise en place d’un bilan écologique de la zone. Et souvent, ils n’en restent pas là...
Force de persuasion
La mobilisation des écoliers d’Anaa a en effet permis d’interdire la pêche d’un poisson menacé, le kiokio (Albula vulves), pendant sa saison de reproduction. Ils étaient en train de créer leur AME avec l’aide de leur directeur d’école quand ils ont appris que la population de kiokios déclinait dangereusement. Il fallait donc arrêter la pêche dans l’AME pendant les trois mois de la reproduction du poisson.
Mais comment convaincre les adultes d’appliquer leur choix ? Avec une méthode radicale : le porte-à-porte et une pétition. Par petits groupes, les écoliers ont sonné à toutes les portes du village, ont prêché pour la sauvegarde de leur poisson, ont récolté signatures, sourires et parfois quelques « non » un peu énervés. Mais ils ont réussi et toute l’île a validé leur demande.
Ailleurs, dans toute la France, d’autres écoliers montent des campagnes de sensibilisation sur les déchets, demandent aux mairies d’installer des poubelles ou bacs à marée, ou réussissent à convaincre les autorités d’utiliser du bois et non du béton pour un quai… Les actions varient en fonction des besoins de protection et de l’accueil des adultes.
Le projet d’AME se fait en lien direct avec les acteurs du milieu littoral et marin, et s’appuie sur un partenariat entre les ministères de la Transition écologique, de l’Education nationale, des Outre-mer, et l’Office français de la biodiversité (OFB). Il permet au jeune public d’apprendre à protéger leur environnement, comme Océane bouturant le corail, mais aussi, parfois, à prendre des initiatives, devenir citoyen.
Par Argos x Tilt
"La photo qui fait tilt" est proposée en collaboration avec le @CollectifArgos qui rassemble des journalistes engagé·e·s sur les questions environnementales.
📸 Laurent Weyl
✍️ Cécile Bontron
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