Bhoutan, du 100% bonheurau 100% bio ? 

Au pays qui mesure son développement à l’aune du Bonheur national brut (BNB) plutôt que du Produit intérieur brut (PIB), le gouvernement s’est lancé en 2012 le défi de devenir le premier État bio au monde. Un pari de taille pour ce petit royaume de plus de 780 000 habitants, coincé entre la Chine et l’Inde, qui importe jusqu’à 60 % de ses besoins en riz.

Des efforts qui payent

À flanc de montagne, à deux heures de route de Thimphu, la capitale du pays, le village de Yuden et Sangay est passé au bio dès 2012. Avec une vingtaine d’autres paysans du district, membres d’une coopérative, le couple a bénéficié d’une formation aux techniques de l’agriculture biologique dispensée par le National Organic Program (NOP) du ministère de l’agriculture et des forêts. Trois ans après, le sol dur et compact abîmé par dix années d’utilisation d’engrais, de pesticides et de désherbants, a retrouvé ses vertus nourricières. Sur le terrain des agriculteurs, riz, brocolis, choux-fleurs, concombres poussent à nouveau.

Un processus de longue haleine 

Couvert à 70% de forêts, le Bhoutan ne possède que 8% de terres cultivables, dont 3% sont cultivées. En 2012, seuls 37% des paysans, qui pratiquent en majorité une agriculture de subsistance, utilisaient engrais, pesticides et herbicides. Pourtant, la volonté affichée de promouvoir l’agriculture biologique s’est rapidement effondrée. Le NOP a ainsi vu ses financements divisés par 6 entre 2012 et 2017. Aujourd’hui, mis en difficulté par l’exode rural, le changement climatique et le manque de main-d’œuvre agricole, le secteur agricole se heurte au défi d’assurer la sécurité et la souveraineté alimentaires du pays. Même s’il reste un objectif, le 100% bio ne semble plus être au premier rang des préoccupations.