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L'aide publiqueau développement,c'est quoi ?

Rédaction Tilt le 22/06/2023

4 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

La France et de nombreux pays dépensent une petite partie de leurs ressources au profit de l’aide publique au développement (APD). Mais combien exactement, depuis quand et pour quoi faire ? Petit tour d’horizon d’un aspect parfois méconnu de la solidarité internationale.

Sais-tu quel montant la France a dépensé en aide publique au développement en 2022 ? Près de 15,1 milliards d’euros. Ça te paraît beaucoup ? En réalité, ce montant ne représente que 0,56 % du revenu national brut (RNB) français. C’est plus que les 0,55 % prévus par la loi du 4 août 2021, mais reste en dessous du seuil des 0,7 % fixé par les Nations unies. Seuls l’Allemagne (0,83 %), le Danemark (0,70 %), le Luxembourg (1 %), la Norvège (0,86 %) et la Suède (0,90 %) atteignent ce seuil à l’heure actuelle. Avec sa contribution, la France devient tout de même le quatrième bailleur de fonds mondial en volume, après les États-Unis, l’Allemagne et le Japon.
Depuis 2014, la part des fonds publics des pays donateurs réservée à l’APD n’a cessé d’augmenter. Elle atteint un pic en 2020-2021 avec la crise COVID, jusqu’à battre tous les records en 2022 avec près de 189 milliards d’euros !

Mais au fait, c’est quoi exactement l’APD ?

En une phrase : l’aide publique au développement, c’est l’ensemble des fonds octroyés par les organismes publics des pays les plus développés pour accompagner d’autres pays dans leur développement. L’aide militaire, les opérations de maintien de la paix ou la coopération policière ne font pas partie de l’APD. Il ne faut pas non plus la confondre avec l’une de ses composantes : l’aide humanitaire d’urgence. L’aide humanitaire, c’est une intervention rapide et ponctuelle dans un État qui manque de moyens pour faire face à un évènement tragique : conflit, épidémie ou catastrophe naturelle. L’aide publique au développement est quant à elle systémique et sa portée est plus large. 
Pour le Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), il s’agit de l’« aide fournie par les États dans le but exprès de promouvoir le développement économique et améliorer les conditions de vie dans les pays en développement ». L’APD vise à rétablir une certaine équité entre les pays et à accroître les capacités de résistance des États bénéficiaires face aux crises. Autrement dit, l’aide publique au développement s’inscrit dans les enjeux de long terme.

Petite histoire de la solidarité internationale

D’où viennent ces principes de solidarité internationale ? L’histoire de l’aide publique au développement est à la fois récente et complexe. Elle apparaît dans un contexte bien particulier. Après les ravages de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe et l’Asie doivent se reconstruire : c’est le début d’une ère de coopération internationale et les Nations unies développent des programmes d’assistance technique. Mais la Seconde Guerre mondiale va laisser la place à une guerre d’un autre type que tu dois connaître sous le nom de Guerre froide.

Dans ce monde devenu bipolaire, l’aide internationale devient un instrument au service de stratégies politiques et économiques, jusqu’à ce que le mouvement de décolonisation des années 1960 change la donne. De nouvelles nations indépendantes apparaissent. L’aide prend alors pleinement ses dimensions d’outil d’accompagnement pour compenser les déséquilibres et lutter contre les inégalités. Le Comité d’aide au développement voit le jour en 1961 au sein de l’OCDE. De nombreuses institutions suivront.

Dans les années 2000, l’aide publique au développement semble s’essouffler. Les Nations unies la relancent avec 8 Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui se concentrent sur le domaine social. En 2015, l’Agenda 2030 va plus loin : les 193 États membres de l’ONU adoptent ce programme constitué de 17 Objectifs de développement durable (ODD). Un ambitieux plan d’action qui vise l’éradication de la pauvreté et la transition vers un développement plus durable à l’échelle de l’humanité.

Les visages de l’APD aujourd’hui

Tu l’auras compris, il s’agit tout simplement de changer le monde… Lutter contre la pauvreté, améliorer l’accès à l’éducation et à la santé, promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, combattre le changement climatique ou encore protéger la biodiversité… L’APD vise à répondre aux ODD définis par les Nations unies.

Mais concrètement, comment ça se passe ? L’aide peut prendre la forme de dons, de prêts ou d’assistance technique. Ce qu’il faut, c’est qu’elle soit au bénéfice du développement du ou des pays destinataire(s). Et pas n’importe lesquels : une liste établie par le CAD désigne les 150 pays prioritaires, c’est-à-dire tous les pays à bas et moyen revenus ainsi que les pays les moins développés.

Un État ou une collectivité territoriale (ta région, par exemple) peut aider l’un de ces États prioritaires, une autre région ou un autre organisme : l’aide est alors bilatérale car elle va directement du donateur au bénéficiaire. Ces mêmes donateurs peuvent également faire le choix de confier leurs fonds à des organisations internationales, telles que la Banque mondiale ou l’ONU, chargées de les redistribuer et de veiller à la bonne mise en œuvre des projets. Dans ce cas, l’aide est multilatérale.


Le monde de 2030, celui que visent les Objectifs de développement durable (ODD), se construit avec les investissements d’aujourd’hui. Chaque année, les économies de la planète investissent environ 20 000 milliards de dollars et, avec cette somme faramineuse, dessinent le monde de demain. Mais, est-ce celui que l’on souhaite, celui décrit par les ODD ? Malheureusement non, ou en tout cas pas suffisamment.

Hubert de Milly, expert sur l’aide au développement à l’AFD

Les défis de l’APD

C’est beau de dépenser des milliards, mais est-ce que c’est efficace ? L’OCDE s’inquiète de l’insuffisance des efforts fournis par les pays donateurs en matière d’éducation et de santé. Faut-il investir davantage ? Ou le problème se trouve-t-il ailleurs ? Une théorie des années 1960 supposait qu’au-delà d’un certain seuil, la productivité de l’aide fournie diminue. Pourquoi ? L’explication peut se trouver du côté du pays destinataire (gouvernement corrompu ou réinvestissement de l’aide inefficace) comme elle peut se trouver du côté des pays donateurs (notamment à travers des mécanismes controversés comme l’aide liée). L’aide publique au développement affiche un noble projet : réduire les disparités économiques, lutter contre les inégalités et contribuer à limiter les conflits pour construire un ordre mondial fondé sur la justice, la paix et la prospérité. Mais selon certains, elle peut aussi cacher des intérêts moins avouables comme le maintien d’un certain contrôle sur un territoire et ses ressources ou l’imposition d’un modèle politique.

Quelles que soient les intentions qui sous-tendent l’APD, une nouvelle question a émergé au cours de la dernière décennie : celle de l’environnement. Car se développer, c’est polluer. Préserver la planète, encourager le développement économique et réduire les inégalités : voici le nouveau défi de l’aide publique au développement. Ce challenge peut s’avérer coûteux. Mais est-il économiquement et politiquement insurmontable ?

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