
La biodiversité,
c'est quoi ?
Parler de biodiversité, c’est parler du vivant sous toutes ses formes, à toutes les échelles : les espèces, leur diversité et leurs évolutions. Mais les activités humaines ont plongé la biodiversité dans une crise sans précédent, à cause de la surexploitation, de la destruction des ressources et des milieux naturels, notamment. Sa protection est plus qu’urgente !
La biodiversité recouvre plusieurs niveaux
La biodiversité, c’est un concept qui recouvre trois niveaux interdépendants. D’abord, la diversité écologique, c’est-à-dire les milieux de vie à toutes les échelles : les écosystèmes des océans, des prairies, des forêts, etc. jusqu’aux plus petits, comme une mare dans un jardin ou un coin de verdure en ville. Ensuite, la diversité des espèces qui cohabitent dans ces milieux et sont en relation les unes avec les autres. Et enfin, la diversité des individus au sein de chaque espèce, ou diversité génétique. Elle mesure les variations entre individus d’une même espèce. En somme, résumer et définir la diversité du vivant, ce n’est pas évident !
Nommer la biodiversité pour essayer de la protéger
Et ça en a pris du temps : il faut attendre les années 1960 pour qu’une conscience environnementale émerge. Et une décennie supplémentaire pour que le concept de « biodiversité » se dessine. Le biologiste américain Thomas Lovejoy propage d’abord l’expression « diversité biologique ». Son compatriote biologiste Walter Rosen le contracte en « biodiversité ». Le terme est ensuite popularisé à partir du Sommet de la Terre de Rio en 1992. Une convention internationale est alors signée, reconnaissant l’urgence de préserver la biodiversité pour le bien de tous. Il était temps !
Même si la situation ne s’est pas franchement améliorée depuis. Les chiffres font froid dans le dos, si bien que les scientifiques parlent même de sixième extinction de masse, caractérisée par des taux d’extinction plus élevés et plus rapides que les précédentes. En clair, un million d’espèces sont menacées d’extinction dans le monde d’ici 100 ans. Ça représente une espèce sur huit.
Biodiversité : les 5 pressions majeures qui accélèrent la crise
Les scientifiques s’accordent sur cinq grandes causes qui, combinées, accélèrent dangereusement la perte de biodiversité, et sont toutes reliées aux humains et à nos activités. La première, c’est la destruction des milieux naturels. On rase des forêts, on assèche des zones humides, on bétonne des terres agricoles... À ça, il faut ajouter une deuxième pression : la surexploitation des ressources naturelles et les trafics, comme la surpêche ou le braconnage. Résultat : certaines espèces n’ont même plus le temps de se renouveler. Troisièmement, il y a la pollution de l’air, du sol et des milieux aquatiques. La quatrième cause, c’est le dérèglement climatique, qui agit souvent comme un multiplicateur de menaces : les températures montent, les saisons se décalent, les événements extrêmes (sécheresses, inondations) se multiplient. Enfin, la dernière cause : l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. Elles menacent près d’un tiers des espèces terrestres en danger et sont impliquées dans une extinction sur deux recensée à ce jour.
Pourquoi la perte de biodiversité nous concerne ?
La biodiversité, du grec ancien bios, désigne la vie elle-même – y compris la nôtre – et toutes les interactions qui la régissent. Du coup, elle est par définition vitale et irremplaçable.
• La biodiversité nous permet tout simplement de respirer. Les forêts purifient l’air et les océans produisent la moitié de l’oxygène dont nous avons besoin . En plus, leurs rôles sont essentiels dans la lutte contre les effets des changements climatiques : forêts et océans absorbent une partie des émissions de CO2.
• La biodiversité nous apporte de l’eau potable et nous nourrit. Pas mal, non ? Les aliments que nous consommons et plus largement l’agriculture dépendent des micro-organismes, des insectes, des sols, des haies, etc.
• La biodiversité nous inspire. Sans elle, pas de matière première et pas d’invention. Beaucoup d’innovations viennent du biomimétisme, c’est-à-dire qu’elles imitent le vivant. Par exemple, 70 % des médicaments et traitements anticancéreux sont issus des réservoirs naturels.
• La biodiversité nous protège des risques environnementaux. Les zones humides, comme les marais ou les lagunes, minimisent les inondations et limitent les catastrophes, mais elles sont menacées.
Sauver la biodiversité pour la survie de l’humanité
Pour préserver la biodiversité, il faut un « changement transformateur ». Ce n’est pas nous qui le disons, mais la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques – voilà pour la version longue. Le raccourci, c’est IPBES, l’équivalent du GIEC pour la biodiversité.
Changer, c’est crucial pour la survie de milliards de personnes, en particulier les populations les plus défavorisées, dont près des trois quarts dépendent des espèces sauvages. L’IPBES a publié un rapport en décembre 2024, rédigé par une centaine d’experts du monde entier : ils proposent 71 solutions pour la biodiversité. Un exemple ? Restaurer les écosystèmes contribuant à l’adaptation au réchauffement climatique, comme les mangroves. Le rapport souligne que nous avons tous et toutes un rôle à jouer. Quelques semaines après la publication de ce texte, en février 2025, s’est tenue la 16e conférence mondiale sur la biodiversité, à Rome. Un plan de travail sur cinq ans a été adopté pour financer la sauvegarde de la nature et enrayer l’effondrement de la faune et de la flore, comme la destruction des écosystèmes. On espère en voir les effets rapidement !
Il faut imaginer la biodiversité comme un magma de vie interconnectée, où chaque élément est relié à de multiples autres, à l’image d’une toile d’araignée. On ne peut pas tirer sur un fil sans abîmer le reste de la toile.
Julien CALAS, Chargé de recherches sur la biodiversité à l’AFD
Par Rédaction Tilt
Ressources :
- La biodiversité et la protection des espèces Vidéo – 2024, Arte Regards, env. 30’ > L’engagement des défenseurs de la nature contre l’extinction des espèces.
- Biodiversité : SOS animaux Vidéo – 2024, Le dessous des cartes – ARTE, env. 12 ‘ > Les foyers de disparition, la carte mondiale des espèces menacées et ce que nous pouvons encore sauver.
- La biodiversité peut-elle nous sauver ? Podcast – 2024, Le Monde, env. 45 minutes > Sandra Lavorel, directrice de recherche CNRS, travaille depuis 20 ans sur les questions de biodiversité.
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