
La cryosphère,
c'est quoi ?
On connaît tous l’atmosphère, mais as-tu déjà entendu parler de la cryosphère ? C’est l’ensemble des surfaces glacées de la Terre : banquise, calottes glaciaires, glaciers, neige, pergélisol… Elle joue un rôle crucial pour le climat et représente une archive précieuse du passé de notre belle planète. Mets ta doudoune, on t’explique !
La cryosphère, un monde de glace et d’eau douce
On peut l’admirer au cœur des montagnes sous forme de glaciers majestueux. Elle sert d’environnement d’étude aux équipes de scientifiques basées en Antarctique. Elle flotte, sous forme d’icebergs, au gré des courants marins. La cryosphère (littéralement la « sphère de glace ») s’étend sur tous les continents et abrite presque les trois quarts de l’eau douce terrestre. L’essentiel de cette eau gelée se trouve dans les régions polaires : l’Antarctique, à elle seule, concentre 90% de la glace mondiale !
L’été, une partie de la cryosphère fond et alimente les rivières et les courants marins. En hiver, la banquise se reforme dans les régions polaires et le stock de glace en montagne augmente. L’accumulation hivernale de glace compense ainsi les fontes estivales. Du moins, c’est ce qui se passe quand le climat est stable. Avec l’accélération du dérèglement climatique, la fonte dépasse souvent l’accumulation, entrainant un recul des glaciers et la diminution des calottes polaires…
De la fonte des glaces à la montée des eaux
En fondant, la cryosphère déverse son eau dans les océans. Or, ça paraît logique, plus il y a d’eau dans les océans… plus le niveau de la mer augmente !
Attention : la fonte de la banquise – l’eau de mer gelée qui entoure l’Arctique et l’Antarctique – n’est pas responsable de la montée des eaux puisqu’elle flotte déjà sur la mer dans son état solide. Quand un glaçon fond dans un verre de jus, il n’augmente pas le niveau de la boisson. En revanche, si on ajoute de nouveaux glaçons, le verre finira par déborder sur la table.
À l’échelle de la planète, les nouveaux glaçons sont la glace terrestre qui, en fondant, quitte la terre ferme pour rejoindre les océans. Et la table aspergée par le jus qui déborde, ce sont les côtes terrestres.
Depuis 1901, le niveau de la mer a augmenté de 20 cm et, selon la NASA, le rythme s’accélère. Si rien n’est fait pour baisser nos émissions de gaz carbonique, la mer devrait s’élever de 55 cm à 1 m d’ici la fin du siècle. Un énorme risque pour les côtes terrestres où vit plus de 20 % de la population mondiale.
Un miroir naturel de plus en plus petit
Non seulement la cryosphère est une des premières victimes du dérèglement climatique, mais sa disparition accélère le réchauffement de la Terre. En effet, la cryosphère aide à maintenir des températures plus basses, surtout dans les régions polaires. Ses vastes surfaces enneigées et glacées réfléchissent la lumière du soleil, qui repart dans l’espace. C’est ce qu’on appelle l’effet albédo.
Quand la cryosphère recule, on perd notre miroir naturel. Les surfaces blanches disparaissent, dévoilant des sols ou une eau plus sombre qui absorbent le rayonnement solaire au lieu de le renvoyer ce qui augmente le réchauffement… et accélère la disparition de la cryosphère. Ce cercle vicieux explique en partie pourquoi l’Arctique se réchauffe trois fois plus rapidement que le reste de la planète. Mais le rôle de la cryosphère dans la régulation du climat n’est pas encore parfaitement élucidé. Régulièrement, la communauté scientifique appelle les gouvernements du monde à financer des études pour mieux comprendre les zones glaciaires terrestres et ralentir la fonte des glaces.
Sauver la mémoire de glace
En plus de stocker l’eau douce et de réfléchir la lumière du soleil, les glaciers et les calottes polaires sont de véritables archives climatiques. Le rôle « d’enregistrement du climat » de la cryosphère a été découvert dans les années 1950 par un chercheur français… en plein apéro ! En mission en Antarctique, le glaciologue Claude Lorius place un morceau de glace vieille de plusieurs milliers d’années dans son verre de whisky. En voyant s’échapper des bulles d’air à mesure que la glace fond, il comprend que ce gaz est un témoin de l’atmosphère du passé.
Cette observation a mené à la méthode des carottes de glace, qui a permis de reconstituer 800 000 ans de climat et de prouver l’impact des activités humaines sur le réchauffement global. La fonte des glaciers risque de nous priver de précieuses données sur le climat passé. Pour sauvegarder ces archives atmosphériques, l’équipe du projet Ice Memory s’est donné comme mission de prélever des carottes de glace sur les glaciers menacés de disparition et de les conserver en Antarctique. Une sorte de « coffre-glacial » destiné aux générations futures.
« La question de la cryosphère est un sujet brûlant, pas seulement pour l’Arctique et l’Antarctique, mais pour la planète entière. »
Petteri Taalas, secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM)
Par Rédaction Tilt
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