
La pêche illégale, c'est quoi ?
Ils pillent les océans, détruisent les écosystèmes marins et mettent en danger les économies côtières. Chaque année, selon la FAO les navires de pêche hors-la-loi capturent jusqu’à 26 millions de tonnes de poissons en toute illégalité. On t’en dit plus sur un phénomène qui, contrairement aux ressources marines, ne s’épuise pas.
La pêche illégale, un fléau pour les eaux du globe
Selon l’ONU, un poisson sur cinq est capturé illégalement. Ce phénomène a un nom : la pêche illégale ou pêche INN pour illicite, non déclarée et non-réglementée. Elle regroupe trois types d’activités qui dévastent les écosystèmes marins et privent des millions de pêcheurs de leur moyen de subsistance :
• La pêche illicite pratiquée sans autorisation, au mépris des règles nationales et internationales.
• La pêche non déclarée aux États ou aux organisations régionales de gestion des pêches (ORGP), des organisations internationales chargées de surveiller et de réguler les stocks de poissons pour éviter qu’ils ne s’épuisent. Quand une espèce est menacée, les ORPG peuvent prendre des mesures de protection comme des quotas de capture ou l’interdiction de pêcher durant certaines périodes.
• La pêche non réglementée menée par des navires sans pavillon – c’est-à-dire sans nationalité officielle – dans les zone gérées par les ORGP sans respecter les règles de protection des écosystèmes. Elle concerne aussi les bateaux qui capturent des poissons dans les zones où aucune mesure de protection n’existe.
Dans la discipline « pêche illégale », la Chine est championne du monde. Sa flotte s’attaque principalement aux côtes d’Afrique de l’Ouest, une des zones les plus pillées du globe.
Un désastre pour la biodiversité marine
Il est difficile de savoir exactement à quel point la pêche illégale est répandue, parce que – par définition – elle échappe aux contrôles. Cependant, selon la FAO cela peut représenter jusqu’à 26 millions de tonnes de poissons. Cela aggrave une situation déjà critique puisque 33 % des stocks de poissons sont surexploités . Ces dernières décennies les populations de poissons et de crustacés se sont effondrées. Les navires hors-la-loi ignorent les règles de protection des organisations régionales de gestion de la pêche. Ils capturent de jeunes poissons avant même qu’ils n’aient pu se reproduire, mettant en danger la régénération des écosystèmes. Les méthodes de pêche utilisées, comme la pêche à la dynamite ou au poison, détruisent les habitats où la faune se nourrit et se reproduit.
La pêche illégale, c’est aussi des pratiques cruelles, à l’origine de grandes souffrances animales. Parmi elles, le « shark finning » : les requins sont capturés, leurs ailerons coupés pour finir dans une soupe traditionnelle chinoise très prisée. Mutilés, ils sont ensuite rejetés à la mer où ils agonisent.
La pêche illégale plonge tout un secteur en eaux troubles
Les pertes causées par la pêche illégale sur les écosystèmes marins sont inestimables. La pêche illégale représente une concurrence déloyale pour les pécheurs qui met en péril la principale source de revenus de millions de personnes à travers le monde. Rien qu’en Afrique de l’Ouest, région particulièrement touchée, plus de 300 000 emplois sont menacés.
Cette perte de revenus s’accompagne d’une menace directe sur la sécurité alimentaire. La surexploitation des stocks des océans par la pêche illégale affaiblit la disponibilité des poissons, qui se font de plus en plus rares. Or, plus de la moitié de la population mondiale dépend des produits de la mer pour couvrir ses besoins en protéines animales.
Le coût humain de la pêche illégale
Être marin pêcheur, c’est exercer un des métiers les plus risqués du monde. Mais à bord des navires de pêche illégale, le travail ressemble souvent à de l’esclavage. L’ampleur du phénomène est difficile à quantifier, mais selon l’organisation Global Fishing Watch des dizaines de milliers de marins sont concernés. Les bateaux chinois de pêche au calamar sont particulièrement pointés du doigt. Selon les journalistes du The Outlaw Ocean Project, les pêcheurs y seraient maltraités, privés de leurs documents d’identité et de soins médicaux. Une fois sur terre, les abus continuent : des Ouïghours, forcés par le gouvernement chinois, doivent travailler à la chaîne dans des usines de transformation de poisson.
La pêche illégale menace aussi les observateurs de pêche. Ces sentinelles des mers surveillent les stocks de poisson pour éviter la surpêche. En haute mer, ils peuvent être témoins d’actions illégales, ce qui fait d’eux des cibles : en dix ans, 15 observateurs ont disparu ou perdu la vie dans d’étranges circonstances.
Pour que la pêche INN ne passe plus entre les mailles du filet
Alors, comment lutter le contre la pêche illégale ? En premier lieu, renforcer les réglementations nationales et internationales. L’Union européenne, principal importateur mondial de produits de la mer, s’y emploie : elle exige désormais des certificats de capture pour s’assurer que les poissons importés ont été pêchés dans le respect des lois et des règles de protection des ressources marines. Et si un pays ne joue pas le jeu, il écope d’un « carton ». En juin, le Sénégal a reçu un carton jaune pour manque de coopération. Un carton rouge et c’est l’interdiction d’exporter des produits de la mer vers l’Union européenne.
Nous, consommateurs, avons aussi un rôle à jouer. Certains produits issus de la pêche illégale se retrouvent dans nos supermarchés. Pour éviter de les consommer, il suffit de vérifier l’origine du produit sur l’étiquette et de privilégier des poissons pêchés localement, comme la dorade, le mulet ou le rouget en France.
La pêche INN est l’une des plus graves menaces pesant sur les écosystèmes marins et sape les efforts déployés pour gérer la pêche de manière durable;
Par Rédaction Tilt
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