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La révolte du bio

Argos x Tilt le 16/10/2025

4 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

L’Apartheid a fortement contribué à détruire la culture agricole des populations noires d’Afrique du Sud . C’est face à ce constat que l’association Abalimi Bezekhaya a été créé en 1982, afin de ramener l’agriculture biologique dans les ghettos du pays.

Poumon vert dans le township

C’est un ilot de verdure dans le township sudafricain. Patates douces, brocolis, carottes, gombo, petits pois, herbes aromatiques… les petits parterres du centre de Abalimi Bezekhaya, attirent les habitants de Nyango, au Cap, qui viennent y trouver quelques légumes, mais aussi les graines pour leur propre potager. Le lieu sert à la fois de poumons vert dans l’entrelacs de béton et de tôle, de site de démonstration, d’approvisionnement mais aussi de formation. Abalimi Bezekhaya en a créé deux, dans les plus grands townships du Cap, Nyanga et Khayelitsha. Le but : promouvoir l’agriculture urbaine comme vecteur de justice sociale. En 2022, l’association affichait plus de 3000 micro-maraîchers et 50 jardins partagés aidés chaque année. Une belle réussite pour une activité qui était interdite sous l’Apartheid.

Pas de jardin communautaire sous l’Apartheid

Lorsque l’association Abalimi Bezekhaya démarre ses activités en 1982,  Nelson Mandela est toujours en prison. On le transfère d’ailleurs de l’île de Robben Island à la prison de Pollsmore dans la périphérie du Cap, pour l’isoler de ses jeunes condisciples. L’Apartheid a été officialisé en 1948 et ne sera aboli qu’en 1994. Parmi les nombreuses interdictions qui pèsent sur les noirs figure celle des jardins partagés. Pas de vergers, pas de maraîchage possible dans les larges étendues sablonneuses des Cape Flats, là où se construisent de manière anarchique les ghettos défavorisés du Cap. 

« L’Apartheid a détruit la culture agricole des populations, surtout pour les mines d’or », assène Rob Small, co-fondateur d’Abalimi Bezekhaya. « Même dans les zones rurales, les hommes devaient abandonner les fermes pour aller à la mine. Tout le monde devait avoir un job, les pires postes étant pour les noirs. L’agriculture familiale était mal vue alors que quelques très grandes fermes blanches fournissaient toute la communauté. » Résultat : dans les townships, la tôle envahit le sable, les plantes n’ont pas leur place. Et pourtant, les populations doivent se battre pour pouvoir manger.

Jusqu’en 1994, Abalimi Bezekhaya se concentrait essentiellement sur les potagers individuels, biologiques. Après la fin de l’Apartheid, l’association s’est également lancée dans le développement des jardins partagés avec un soutien juridique - pour s’assurer que le terrain est bien contractualisé -, administratif, logistique, et une formation continue sur l’agriculture biologique et les sols. Pour retrouver le lien à la terre que l’Apartheid a tenté d’effacer.

Alimentation

Par Argos x Tilt

"La photo qui fait tilt" est proposée en collaboration avec le @CollectifArgos qui rassemble des journalistes engagé·e·s sur les questions environnementales. 

📸 Jéromine Derigny 
✍️ Cécile Bontron

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