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Quelle est l'empreinte
carbone du numérique
Julia Meyer

Rédaction Tilt le 04/06/2025

5 min de lecture 🧠   Niveau « Je me débrouille »

À l’heure où nos vies sont toujours plus connectées, l’empreinte carbone du numérique devient une question cruciale. Ce secteur dépend largement de l’extraction de ressources rares, et la fabrication de nos équipements ainsi que le stockage des données entraînent une consommation d’énergie massive — un bilan environnemental loin d’être glorieux… Et avec l’essor de l’IA générative, les choses sont loin de s’améliorer ! Quelle est la part du numérique dans notre empreinte carbone individuelle ? Quelles sont les projections pour les prochaines décennies ? Et surtout, est-ce qu’une sobriété numérique est possible ? On a posé ces questions à Julia Meyer, ingénieure en sobriété numérique à l'Ademe !

Tilt : Quel est l’impact environnemental de l’IA ?

Julia Meyer : On ne sait pas très bien définir quel est l'impact environnemental de l'IA parce qu’on manque globalement de données. Il y a assez peu de transparence de la part des acteurs sur ce sujet de l'IA et en particulier de l'IA générative. Les quelques données qui existent, ce sont les projections de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui donnent une estimation de ce que pourrait être la consommation électrique liée à l'IA générative qui est autour de 135 térawatt/heure, ce qui équivaut à la consommation électrique d'un pays comme l'Argentine.

Mais, mis à part ces projections qui sont finalement assez limitées, on a des indicateurs qui sont, eux, très alarmants et directs, qui sont les “reporting” des entreprises. En quatre ans seulement, entre 2020 et 2024, Microsoft a vu son empreinte carbone augmenter de 30%, juste avec l'arrivée de l'IA générative.

Comment calculer l’impact environnemental d’un équipement numérique ?

J.M. : Quand on regarde l'impact environnemental d'un équipement numérique, on va regarder tout son cycle de vie. 

Donc à la fois l'extraction des métaux qui sont utilisés dans cet équipement, qui se fait dans plein de pays différents. Ensuite, on considère tout ce qui est fabrication des composants. Et ensuite il y a toute la phase de distribution, donc notre téléphone, par exemple, va faire différents allers-retours dans le monde avant d'arriver jusqu'en France par exemple.

Et il y a la phase d'utilisation, où là, globalement, l'impact est seulement lié à notre consommation électrique, quand on recharge notre ordinateur ou notre smartphone.

En quoi les questions d’empreinte environnementale du numérique dépassent nos frontières ? 

Dans nos équipements, on a autour de 50 métaux différents qui sont présents. Ces métaux-là sont extraits dans des pays partout dans le monde et en particulier dans des pays du Sud. Par exemple, un des métaux qu'on cite souvent, c'est le cobalt, qui est extrait en République Démocratique du Congo, dans un pays qui est actuellement en guerre. On sait qu'il y a 40 000 enfants qui travaillent dans des mines pour extraire des métaux pour nos équipements et pareil pour la fin de vie.

Les équipements qui sortent du circuit traditionnel sont parfois lancés dans des décharges à ciel ouvert où souvent des enfants sont là pour récupérer ce qu'ils peuvent en termes de matières premières à revendre.

Il y a aussi d'autres pays, comme par exemple le Chili, qui est le premier producteur de cuivre. Quand on extrait une tonne de cuivre, c'est l'équivalent de trois tours Eiffel qui sont déplacées en termes de ressource de terre qui est déplacée à chaque fois. À chaque fois, l'extraction de métal s'accompagne par un changement sur le territoire et sur le paysage qui est très important.

Que peut-on faire à notre échelle pour limiter notre empreinte carbone liée au numérique ?

J.M. : Pour limiter l'impact qui est lié à la fabrication, le but, c'est d'avoir moins d'équipements, donc de limiter au maximum par rapport à son besoin le nombre d'équipements qu'on a à la maison. Donc je vous invite vraiment à compter, déjà, le nombre d'équipements que vous avez et vous poser la question de est-ce que vous en avez encore besoin ? 

Et puis, faire durer au maximum les équipements qu'on a.
La durée de vie moyenne d'un smartphone, c’est deux ans et demi, pour un équipement qui peut durer bien plus. L'usage de la vidéo, par rapport à de l'audio, c'est dix fois plus de données qui sont transférées. Donc, quand on a la possibilité d'écouter de la musique sans vidéo : allez-y. Quand on fait une recherche, par exemple, sur internet et qu'on cherche une information, on peut très bien le faire sur un moteur de recherche classique et on aura la même information que sur une IA générative.

MasterTilt, c’est quoi ?

MasterTilt, ce sont des interviews d’expert.e.s qui reviennent en profondeur sur leur sujet d’étude : d’abord, ils.elles décryptent les défis du monde, ensuite, ils.elles nous donnent leurs bons tuyaux pour agir.

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Par Rédaction Tilt

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