aide liée
# Tiltionnaire

L’aide liée, c’est quoi ?

Rédaction Tilt le 04/07/2023

5 min de lecture 🧠   Niveau « Je me débrouille »

Si tu connais la notion d’aide au développement, tu as peut-être déjà entendu parler d’aide liée. Mais sais-tu de quoi il s’agit exactement ? Pourquoi l’aide liée fait-elle débat quasiment depuis les débuts de l’aide au développement, au point qu’on parle aujourd’hui d’aide déliée ? On te donne des réponses.

L’aide au développement, c’est donnant-donnant

Si tu as déjà lu notre article sur l’aide au développement, tu sais qu’elle repose a priori sur l’idée de solidarité internationale. Le principe : un pays développé finance des actions de développement dans un pays à faibles revenus, par exemple la construction d’un centre de santé ou l’équipement d’une école. Mais quand cette aide s’accompagne souvent de contreparties, on parle alors d’aide liée.

L’aide liée, c’est l’obligation pour un pays qui bénéficie d’un prêt ou d’une subvention d’acheter des biens ou des services auprès des entreprises du pays dont émane l’aide ou d’un groupe de pays. Concrètement : si la construction d’une route est financée dans un pays en développement, ce dernier peut avoir l’obligation de faire appel à une entreprise du pays pourvoyeur pour les travaux.
Les conditions particulières de l’aide liée sont propres à chaque pays pourvoyeur. Elles peuvent être formelles ou informelles, directes ou indirectes… Mais l’idée reste la même : l’aide au développement doit bénéficier aux deux parties.

L’aide liée, une tendance moderne ?

Au contraire ! L’aide liée était la norme dès les débuts de l’aide au développement. En 1961, Charles de Gaulle, souvent présenté comme « le père de la coopération », ne pouvait envisager qu’on aide un pays à se développer sans en tirer soi-même des avantages. Solidarité allait de pair avec intérêt.

Mais la question a toujours fait débat. L’aide liée permet-elle vraiment aux pays bénéficiaires de se développer sur le long terme ou les rend-elle tributaires des pays pourvoyeurs ? Influence-t-elle le choix des pays et des secteurs qui bénéficient le plus des aides ? De nombreuses autres voix s’élèvent pour dire que les premiers bénéficiaires de l’aide publique au développement sont… les pays développés.

Le passage à l’aide déliée

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le coût de développement des pays bénéficiaires pourrait être diminué de 15 à 30 % sans l’aide liée. En supprimant les contreparties qui empêchent toute ouverture à la concurrence des marchés financés par l’aide, les pays pourraient se développer à moindre coût et par exemple, favoriser, par leurs achats publics, le développement de leurs entreprises nationales. C’est ce qu’on appelle l’aide déliée.

La transition vers l'aide déliée a été marquée par plusieurs étapes significatives. Dans les années 2000, des discussions internationales ont mis en évidence les effets négatifs de l'aide liée sur la souveraineté et l'autonomie des pays bénéficiaires. Ces préoccupations ont culminé avec la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide en 2005, dans laquelle les pays donateurs se sont engagés à fournir une aide plus prévisible et harmonisée, tout en renforçant les capacités des pays partenaires à gérer leur propre développement. Une autre étape majeure a été l'adoption des Objectifs de développement durable (ODD) par les Nations Unies en 2015. Les ODD ont mis l'accent sur une approche globale du développement durable, en reconnaissant que la réalisation des objectifs requiert une aide déliée et un partenariat inclusif entre les pays donateurs et bénéficiaires.

L’aide déliée : solution ou illusion ?

Des États choisissent donc de ne pas imposer de conditions de financement pour favoriser le développement et l’affirmation de la souveraineté du pays aidé. Une stratégie progressivement suivie par la France : en 2021, 90 % de son aide au développement est déliée.

Cela ne veut pas dire qu’elle ne continue pas à bénéficier de ses propres actions d’aide publique au développement. Par exemple, la France finance beaucoup de projets de développement urbain et d’infrastructures. Certes, ce sont des enjeux essentiels au développement d’un pays. Mais qui sont les leaders mondiaux de la construction de grandes infrastructures, capables de mettre en œuvre d’ambitieux projets de travaux n’importe où dans le monde ? La réponse : des entreprises françaises comme Vinci ou Veolia. Même déliée, l’aide peut donc être tout de même être interprétée comme liée de fait, puisque les circonstances font qu’elle bénéficie au pays pourvoyeur.

C’est à se demander : la solidarité internationale peut-elle vraiment être désintéressée ? Il ne semble pas y avoir de réponse évidente à cette question. L’aide liée peut très bien servir les pays pourvoyeurs, justifiant ainsi l’investissement public, tout en bénéficiant aux récipiendaires par le développement d’un tissu local… Alors, qu’en penses-tu : l’aide doit-elle et peut-elle vraiment être déliée ?

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Par Rédaction Tilt

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