Le Donut qui peut changer le monde ?
Oxfam le 14/09/2022
4 min de lecture 🧠 Niveau « J'y connais rien »
Mangerais-tu un donut de la même façon si on te disait qu’il existe une théorie économique élaborée autour de ce dernier ? Pas sûr… On t’explique tout !
La Théorie du Donut, c’est quoi ?
Conceptualisée dans les locaux d’Oxfam Grande-Bretagne par l’économiste Kate Raworth, la Théorie du Donut a pour objectif de repenser l’économie de demain pour parvenir à répondre aux besoins humains de base et à la préservation de l’environnement. L’idée qui se cache derrière cette théorie est donc de développer de nouveaux indicateurs et de se séparer de cette idée de croissance infinie du PIB. Une façon de prendre en compte le changement climatique, les inégalités qui existent dans le monde, la vie sur Terre qui devient de plus en plus compliquée... Le Donut fonctionne un peu comme une boussole : un moyen pour l’être humain d’assurer ses besoins essentiels tout en préservant les ressources disponibles.
Dans cette théorie, le Donut est divisé en 3 parties. Chacune correspond à un concept novateur illustrant les indicateurs d’un système économique plus humain et plus écologique.
Qu’est-ce que le « plancher social » ?
Il y a d’abord la partie inférieure, appelée « le plancher social ». On y retrouve les 12 besoins de base de l’être humain qui fonctionnent comme des repères, des balises. On parle même des besoins essentiels pour être épanoui… Ce sont, entre autres : la santé, l’emploi, le logement, l’eau, l’éducation, les revenus, la nourriture, l'équité sociale… Il faut dès lors s’assurer que toute personne sur Terre ait accès à ces derniers et qu’elle puisse vivre dans un environnement sûr et juste.
Que représente le « plafond environnemental » ?
Au-delà du plancher social, la limite extérieure du Donut représente le plafond environnemental. Ce sont les limites de la planète que l’on ne doit pas dépasser. On y retrouve le changement climatique, l’utilisation de l’eau douce, la pollution chimique, l’appauvrissement de la biodiversité, l’épuisement des énergies fossiles… En essayant de dépasser le plancher social, il faut être vigilant à ne pas outrepasser ce plafond car cela signifierait que la situation n’est pas durable.
Entre le plancher et le plafond se dessine alors une troisième zone, entre besoins humains et limites planétaires : il s’agit de l’espace juste et sûr au sein duquel toute activité humaine doit s’inscrire. Actuellement, notre modèle économique positionne l’humanité soit au-delà du plafond environnemental, soit en-dessous de plancher social. Cependant, s’il était situé dans la « chair » du Donut, alors chacun et chacune pourrait vivre décemment sans que cela ne dommage la planète en dépassant ses limites naturelles. L’émergence de ce nouveau système est l’objectif de la Théorie du Donut.
Comment traduire cette Théorie du Donut dans la vie réelle ?
Dans l’optique de sécuriser l’espace sûr dont on vient de parler, Oxfam France préconise de mettre en place plusieurs actions. En voici quelques-unes :
Défendre les services publics
Les services publics sont l’un des vecteurs les plus puissants d’égalité, offrant à toutes et tous une chance équitable de mener une vie décente. Or la tendance des dernières années, ce sont des politiques d’austérité qui ont entraîné des coupes importantes dans les services publics. Ex : depuis 2013, la France a fermé 17 500 lits d’hôpitaux.
Une fiscalité plus juste pour un monde plus équilibré
Les inégalités s’accroissent partout dans le monde. Pour lutter contre cela, une des préconisations pourrait être de mettre en place une contribution exceptionnelle des super-riches. Cela peut se faire en rétablissant l’ISF, en réformant l’impôt sur les successions ou en intégrant une composante carbone à l’ISF (ISF climatique). Avec une fiscalité écologique et juste, ce nouveau modèle apporterait 23,5 Md de gain (cf. Manifeste fiscal).
Limiter les émissions de gaz à effet de serre
La crise climatique est une crise des inégalités : 10% des plus riches émettent plus de la moitié des gaz à effets de serre, mais ce sont les moins polluants et les plus vulnérables qui ont font les frais. Il faut contraindre les Etats et les entreprises à baisser drastiquement leurs émissions, tout en finançant l’adaptation des pays les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique.
Amsterdam, première ville donut au monde
La capitale des Pays-Bas a pris la décision d’intégrer l’économie du Donut dans ses choix de politiques publiques. En effet, avec la pandémie de la Covid 19 et afin de façonner son plan de relance, la ville d’Amsterdam a mis en place plusieurs actions. En collaboration avec Kate Raworth, la ville a pris la décision de construire des logements moins polluants et accessibles à tous. Mais Amsterdam ne s’en est pas arrêtée là ! Elle est allée plus loin en misant sur les matériaux plus durables et qui ont un faible impact carbone. Depuis avril 2020, de nombreux projets ont été pensés et réalisés dans le cadre de l’économie Donut.
En résumé, la Théorie du Donut constitue un guide proposant des clés pour bâtir un nouveau système économique qui permettrait à l’humanité de répondre à l’urgence sociale et climatique. Comme nous le montre l’exemple d’Amsterdam – et d’autres villes qui ont suivi son exemple – la Théorie du Donut est applicable à l’échelle locale comme nationale permettant ainsi un changement à toutes les échelles de l’économie.
Par Oxfam
🖊️ Aissatou Ba et Théo Latargez
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