Le multilatéralisme, c'est quoi ? 

Unilatéralisme, bilatéralisme, multilatéralisme… Beaucoup de mots en « -isme », mais que signifient-ils ? Plus particulièrement, la notion de multilatéralisme dont on entend souvent parler dans les médias : pourquoi attire-t-elle de si vives critiques et que veut-elle dire ?

« Un pour tous et tous pour un ! »

Si tu as déjà lu Les Trois Mousquetaires (ou qu’en bon cinéphile, tu as déjà vu le dernier film de Martin Bourboulon), cette devise t’est sûrement familière. L’idée sous-jacente est que chacun est responsable de protéger la communauté et que, par effet miroir, la communauté est solidaire envers chacun. On ne laisse personne de côté. Le multilatéralisme, c’est en quelque sorte ce principe appliqué à la coopération entre États.

On peut de manière assez simple définir le multilatéralisme comme la coopération entre un minimum de trois États. Cette définition quantitative est cependant insuffisante. D’autres éléments complètent ce concept. L’alliance entre plusieurs États se noue sur la base de l’adhésion de ces pays à des normes, à des valeurs partagées, ainsi qu’à des projets politiques communs. Pour que cette coopération soit durable et pérenne, des mécanismes et des principes comme la consultation, l’inclusion et la solidarité sont impératifs. Les règles sont élaborées collectivement et des droits et obligations égaux sont garantis à tous les acteurs.

Un concept qui émerge au XIXe siècle

Comme tout concept, le multilatéralisme a connu plusieurs évolutions de sa définition. Avant le XIXe siècle, des formes de relations multilatérales – au sens stricto sensu du terme entre plus de deux États – existaient déjà. C’est au cours de la seconde moitié du XIXe siècle que des unions internationales de plus grande envergure se constituent autour de domaines spécifiques comme la météorologie ou la télécommunication. Ces embryons d’alliances multilatérales prennent forme à une période où les échanges internationaux sont croissants : d’importants flux migratoires et de mouvements de colonisation redéfinissent notamment la notion de frontière.

C’est à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, que le multilatéralisme prend sa forme actuelle avec l’installation des Nations unies. Cette nouvelle société des États est motivée par le maintien de la paix et la sécurité internationale. Le droit international qui l’accompagne permet de pacifier et de contenir les puissances. Plus concrètement, cette normativité sert à coordonner les actions entre les États autour de multiples enjeux : la préservation de la paix, la santé et plus récemment, la lutte contre le terrorisme ainsi que les enjeux environnementaux et climatiques.

Une notion en tension

La Guerre froide, la crise en Syrie, la mise en œuvre partielle de l’Accord de Paris, les conflits en Afrique et au Moyen-Orient, la guerre en Ukraine… Tous ces événements contrarient le multilatéralisme. Coordonner entre eux des États qui ont tous des intérêts propres n’est pas chose facile. En particulier lorsqu’ils dérogent au principe constitutif du multilatéralisme onusien et privilégient une politique de puissance comme les États-Unis. Mais ce n’est de loin pas le seul pays à le faire : de nombreux dirigeants optent ouvertement pour une stratégie d’unilatéralisme et s’extraient à ce titre de nombreux accords internationaux. Certains remettent en cause le système international et critiquent le multilatéralisme qu’ils jugent trop coûteux, inefficace et limitatif pour les États.

Pourtant, la coopération internationale n’a jamais été aussi nécessaire. Non seulement pour la préservation de la dignité humaine en raison des conflits évoqués, mais aussi pour lutter contre la crise écologique actuelle et future. Sans cela, sans règles communes, nous ne pouvons pas collectivement faire face à des enjeux qui dépassent les intérêts nationaux et qui nous affectent toutes et tous. Alors, un avis sur le multilatéralisme ?

Pour aller plus loin

• Multilatéralisme et politique : qu'est-ce qui a changé depuis la SDN ? 
• Le multilatéralisme : un principe d’action pour la France. 
• Le multilatéralisme est aujourd’hui en crise.