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Le thermomètre mouillé, c’est quoi ?

Rédaction Tilt le 08/12/2023

5 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Coup de chaud pour la planète. Avec le réchauffement climatique, les températures ne cessent d’augmenter et les épisodes de « thermomètre mouillé » se multiplient, où les limites d’humidité et de chaleur tolérables pour l’être humain sont atteintes. Mais qu’est-ce donc que le « thermomètre mouillé » ? Petit tour d’horizon d’un outil bien pratique pour comprendre ce qui se joue pour l’être humain lors des épisodes caniculaires.

Mesurer la « chaleur humide »

Tu l’as sans doute remarqué : les canicules se multiplient depuis plusieurs années. Juillet 2023 a d’ailleurs largement battu les records du mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre. Pourtant, la capacité de résistance de l’être humain à la chaleur est limitée. Et lorsque l’humidité s’en mêle, le risque de mortalité est encore accru. Pour évaluer celui-ci, on utilise le concept et l’outil du « thermomètre mouillé », aussi appelé « wet bulb temperature » . Originellement conçu dans les années 1950 par les instructeurs de l’armée américaine pour mesurer les conditions climatiques d’entraînement de leurs jeunes recrues, le « thermomètre mouillé » est aujourd’hui utilisé pour mesurer la « température humide », mélange de chaleur et d’humidité. 

Mais comment ça marche au juste ? Si on place un chiffon humidifié sur le bulbe du thermomètre, ce dernier, en contact avec l'air ambiant, sera refroidi grâce à l'évaporation de l'eau du chiffon.
Mais lorsque l'humidité dans l'air atteint un niveau de saturation, le phénomène d'évaporation diminue. Donc, le bulbe du thermomètre cesse d'être refroidi par le chiffon mouillé (l’eau n’a plus d’effet refroidissant car il n’y a plus d’évaporation possible).

Quand la chaleur humide devient mortelle

Le problème, c’est qu’à partir d’un certain seuil de « thermomètre mouillé », il y a danger : la sueur d’une personne ne s’évapore plus et la température du corps augmente d’un degré toutes les quarante-cinq minutes. Sans solution rapide, cette augmentation de la température corporelle devient mortelle ! La température centrale de notre corps dépasse la plage de survie et les organes peuvent commencer à dysfonctionner…

La valeur de 35 degrés d’un « thermomètre mouillé » est souvent présentée comme le seul au-delà duquel la chaleur humide devient mortelle. Mais il est possible que cette valeur soit sous-estimée. Dans une récente étude, des chercheurs de l’université de Pennsylvanie ont réévalué cette température à la baisse, aux alentours de 31 degrés lorsque l’humidité est à 100 %, ou 31 °TW. Et il ne faut pas oublier que ça vaut pour les êtres humains en bonne santé : pour les personnes âgées ou en difficulté physique, ce seuil peut être bien plus bas. Les canicules européennes et russes de 2003 et 2010 ont ainsi vu des personnes décéder à 28 °TW.

Des zones devenant inhabitables

Le risque pour les humains est de voir certaines zones de la planète devenir inhabitables : depuis une dizaine d’années, des températures de plus de 35 °TW ont fréquemment été relevées, notamment en Asie du Sud, en Arabie saoudite, au Mexique et en Australie.
Ces données inquiètent le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) : en juillet 2021, ils affirmaient que les secteurs de Ras Al Khaïmah (Émirats arabes unis) et de Jacobabad (Pakistan) étaient en passe de devenir inhabitables !

Respecter les accords de Paris

Alors que les températures continuent d’augmenter, les épisodes de surchauffe mesurés au « thermomètre mouillé » vont se multiplier. Pour Colin Raymond, chercheur de la NASA, les températures « humides » dépasseront régulièrement les 35 °TW dans différentes zones terrestres si le réchauffement climatique atteint 2,5 °C. D’après le Giec, dans un monde à +1,5 °C, 14 % de la population terrestre sera exposée à des canicules sévères au moins tous les cinq ans ! Et selon les projections du 8e rapport annuel du Lancet Countdown, les décès annuels liés à la chaleur devraient augmenter de 370 % d’ici 2050 si l’objectif l’Accord de Paris (limiter l’augmentation de la température à 2 °C) n’est pas tenu.
Une raison de plus de respecter cet accord, absolument essentiel pour continuer à habiter une planète vivable ! 


L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale.

Antonio Guterres, Conférence de presse du Secrétaire général António Guterres au siège des Nations Unies, 27 juillet 2023

Pour aller plus : 

  • « Mourir de chaud : à quel degré la température devient-elle mortelle ? », article de Bon Pote.
  • « Canicule, hausse des températures : les voyants sont au rouge. Agissons ! », article de Oxfam.
  • « Thermorégulation, allumer le feu », émission de France Culture.
Climat

Par Rédaction Tilt

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