À quoi servent les COP ? Marine Pouget
Les Conférences des Parties, ou COP, sont des rendez-vous incontournables pour construire notre avenir commun. Véritables phares internationaux, elles fixent des objectifs pour guider les pays vers un monde plus durable. Mais comment atteindre ces cibles ambitieuses, et surtout, à quel rythme ? Quels sont les enjeux, les succès, et les échecs marquants de ces sommets ? Marine Pouget, responsable de la Gouvernance internationale du Climat au Réseau Action Climat, nous emmène au cœur des défis colossaux pour atteindre l’objectif de 1,5°C. Prête à éclairer ce voyage complexe, elle nous montre comment avancer ensemble, un pas après l’autre, avec chaque acteur – des jeunes à la société civile – jouant un rôle clé dans cette lutte pour un avenir résilient.
Tilt - À quoi servent réellement les COP ?
Marine Pouget : Il est vrai que les COP sont souvent décriées parce qu'on voit l'urgence du changement climatique et en même temps, on n'a pas l'impression que ça avance beaucoup, que ce n'est pas des textes négociés à l'international qui vont vraiment impacter. On voudrait que ça aille beaucoup plus vite et ça ne va pas plus vite. Je dirais les trois axes qui, pour moi, font que je continue d'y croire et d'y aller quand même tous les ans.
Le premier, c'est que sans les COP, je pense qu'on n'aurait pas eu une montée sur le sujet du climat dans la société de manière aussi importante. Alors évidemment, ce n'est pas que les COP qui ont fait que les gens ont pris conscience de la crise climatique. C'est aussi les acteurs locaux, les acteurs sociaux, il y en a plein d'autres. Mais les COP en ont fait partie parce que, très vite, les médias s'y sont rendus. Et maintenant le climat est un vrai sujet de société. C'était pas du tout le cas il y a dix ans.
Ensuite, il ne faut pas oublier que c'est un espace de coopération internationale. C'est un espace où il y a beaucoup de pays en développement. C'est le seul espace où ils peuvent demander de l'aide, où ils peuvent demander à ce qu'on les soutienne dans leur transition et aussi pour faire face au changement climatique. Il n'y a pas d'autres endroits.
Et après, en termes de chiffres, avant l'Accord de Paris, on allait sur un réchauffement climatique d'à peu près 4 degrés d'ici 2100. Là, on est sur un réchauffement de 3,2 degrés. Et si les États mettent en place ce qu'ils ont promis de faire, on est sur un réchauffement entre 2,1 et 2,8. Ça veut dire quoi ces chiffres ? Ça veut dire que sans l'Accord de Paris qui sort d'une COP et qui serait sorti nullement autrement, on serait encore sur une trajectoire de réchauffement de 4 degrés.
Qu’est-ce que l’objectif 1,5 degré ?
Marine Pouget : Les État se sont mis d'accord pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés maximum et se rapprocher le plus possible des 1,5 degré de réchauffement d'ici la fin du siècle. 1,5 degré, on se dit là, comme ça, c'est pas beaucoup. Enfin voilà, si la France se réchauffe d'1,5 degré en 100 ans, ça paraît pas énorme. Mais en fait c'est une moyenne. Si vous regardez, si on a par exemple des schémas de réchauffement à 2 degrés, ça veut dire que dans le pôle Nord, dans 50 ans, il fait 20 degrés de plus que ce qu'il fait maintenant. Donc pour la faune, pour la flore, mais aussi pour certains peuples autochtones c'est énorme. Et en France, un réchauffement à 1,5 ou à 2 degrés, ça veut dire qu'on va par exemple avoir dans les régions du sud des étés à 45, 50 degrés. Donc 1,5 c'est vraiment la limite. Si on dépasse 1,5, on va vraiment devoir changer notre manière de vivre. Il y a des régions qui ne seront plus vivables.
Que pouvons-nous faire à notre échelle ?
Marine Pouget : Les citoyens et les citoyennes ont un rôle hyper important pour nous pendant les COP. Déjà, rien que le fait de s'informer, c'est hyper important. Mais il y a aussi plein d'événements, de mobilisations. Si les gens veulent venir pour comprendre ce qui s'y passe, que ce soit dans différentes villes de France, il y a des associations locales qui permettent de venir comprendre ce qui s'y passe. Après, il y a aussi un enjeu, peut-être, de vraiment comprendre la question de solidarité, de dette climatique, qu'on a envers les pays en développement. Notre État fait partie de ceux qui sont responsables de la crise climatique. On s'est industrialisé au XIXᵉ siècle, on a beaucoup pollué depuis. Ce rôle, de tenir la France redevable de ce qu'elle dit à l'international, il n'y a que les citoyens qui peuvent le faire.
Quel est votre espoir vis-à-vis des prochaines COP ?
Marine Pouget : J'ai beaucoup d'espoir pour les COP qui arrivent dans les 2 à 3 années futures parce que déjà en 2025, par exemple, c’est le Brésil. C'est des présidences de COP qui sont très ambitieuses. Donc on a un portage politique beaucoup plus fort. Je sens que depuis plusieurs années, en tout cas sur les questions climat, les gens demandent de plus en plus à la France de rendre des comptes. Et c'est là que ça va avoir un impact. Maintenant, ça ne suffit plus d’aller à un sommet et de parler du climat. Maintenant, les gens attendent des actions concrètes. Ça va vraiment de la ligne de bus qui s'ouvre à côté de chez vous, à avoir un régime moins polluant dans les écoles primaires, dans les cantines. Il y a un lien entre l'impact local d'une mesure climat et ce qu'on dit à l'international, qui est de plus en plus proche. Et on sent qu'il y a un mouvement citoyen derrière toutes ces questions climat.
MasterTilt, c’est quoi ?
MasterTilt, ce sont des interviews d’expert.e.s qui reviennent en profondeur sur leur sujet d’étude : d’abord, ils.elles décryptent les défis du monde, ensuite, ils.elles nous donnent leurs bons tuyaux pour agir.
Par Rédaction Tilt
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