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Volontariat à l’étranger :comment éviter les pièges ?

Rédaction Tilt le 24/10/2022

5 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Face aux injustices et aux inégalités dans le monde, nombreux.ses sont celles et ceux qui veulent aider, apporter un soutien. Pour beaucoup, surtout pour les jeunes qui en ont l’opportunité, agir c’est partir et « aller sur le terrain ». Mais s’investir dans une mission à l’international, ça peut sembler être un chemin semé d’embuches, et cela nécessite un peu de réflexion pour trouver une mission qui a du sens, est utile, et correspond au volontaire.

Le chiffre qui fait Tilt !

40%

des Français de moins de 35 ans souhaiteraient s’engager dans une cause solidaire à l’international, s’ils en avaient l’opportunité.

S’engager à l’étranger, oui mais pourquoi ?


Partir à l’autre bout du monde donner de son temps et se sentir utile… C’est vrai que ça pourrait être une belle aventure. Mais attention, toutes les offres ne sont pas éthiques et mieux vaut creuser un peu avant de s’engager ! 

Le volontariat à l’international, ça sert à quoi ?

Né dans les années 1960, le volontariat à l’international voulait répondre à un double enjeu : agir par solidarité auprès des personnes les plus vulnérables et éduquer les personnes qui s’engagent pour en faire des acteurs de changement. Or, depuis les années 2000, on voit que les missions à l’international sont de plus en plus à la mode. Il faut dire que les réseaux sociaux ont beaucoup aidé. 

Des raisons de s’engager il y en a plein. Ça peut être pour aider son prochain, contribuer à un monde meilleur, sauver la planète. Mais certains y voient aussi une expérience humaine enrichissante, un moyen de se faire des amis, de rencontrer des gens, de voir du pays. Ou encore une façon d’ajouter une ligne à son CV, avec une expérience plus valorisante et originale à raconter en entretien d’embauche qu’un job d’été. Ça peut être aussi un peu tout ça à la fois. 

Les questions à se poser avant de partir

Mais justement, avant de passer à l’action, ça vaut le coup de se poser un peu et de mettre les choses au clair : 


Se demander quelles sont tes motivations, pourquoi tu veux partir ? Pourquoi à l’étranger ? Quelles sont tes aspirations ? 

Une autre question importante, c’est avec qui ? Quels seront les partenaires du projet, quel est le statut de la structure qui propose une mission à l’étranger, quels sont ses objectifs et ses valeurs ? Est-ce que la mission se substitue à un emploi local ? Est-ce qu’elle fait de la concurrence à une organisation locale ?

Se pose aussi la question de l’accompagnement : est-ce qu’une formation au départ est prévue ? Ou est-ce que tu seras lâché dans la nature sans aucune instruction ? Et au retour ? Il se passe quoi ?
Enfin, quels seront les impacts de la mission en termes de contribution à l’intérêt général ? Et sur les communautés locales ? Ces impacts sont-ils mesurés ?

Pour réfléchir tout ça, l’interview de Sereina Eldada, volontaire sur l’Aquarius en Méditerranée est assez parlante. Il n’y a pas de super-héros qui tiennent dans le milieu de l’humanitaire, ce qui compte c’est la rencontre et l’humilité. 
 

Louisa t'en dit plus dans cet épisode de Flemme ou Flamme :

Attention au volontourisme !


Passer ses vacances aux Bahamas, c’est ultra has been. Non, aujourd’hui la mode est aux vacances « qui ont du sens ». D’ailleurs, on voit fleurir un peu partout les photos et commentaires sur les réseaux sociaux, qui affirment tous que c'est une expérience inoubliable. Ce tourisme humanitaire a même un nom : le « volontourisme ».


 « Forme de tourisme conjuguant voyage et engagement volontaire, le volontourisme promet à des individus désireux de s’engager pour une cause, la découverte de nouvelles cultures tout en venant en aide à des communautés locales. Si les intentions de départ paraissent louables, dans les faits, des organisations proposent des séjours payants dont le modèle économique repose sur les profits tirés de cet engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général. Jouant sur la quête de sens des personnes en désir d’engagement, ces pratiques dérogent aux principes de qualité du volontariat. Cette “marchandisation” du secteur du volontariat entraîne des dérives dont les effets peuvent être plus ou moins graves pour les communautés d’accueil comme pour les personnes participant à ces séjours. »
Définition du volontourisme élaborée collectivement par France Volontaires et ses membres

Jouant sur la quête de sens des personnes qui ont envie de s’engager tout en profitant de leurs vacances, ces pratiques dérogent aux principes de qualité du volontariat. On a en réalité une véritable "marchandisation" du secteur du volontariat qui entraîne des dérives dont les effets peuvent être plus ou moins graves pour les communautés d’accueil comme pour les personnes participant à ces séjours.  


Le piège des bébés animaux

Qui n’a jamais rêvé de faire un câlin à un lionceau ou de soigner des bébés éléphants ? Certaines structures, par exemple dans le sud de l’Afrique, proposent d’interagir avec des bébés félins : lions, guépards, tout y passe. On propose aux « volontaires » de leur donner le biberon, à se promener avec eux, ou encore (évidement) de leur faire des câlins – tout en posant pour la photo qui rendra tout le monde jaloux sur Instagram.


Le problème, c’est que tout ça n’est pas très éthique. En réalité, ce sont des pratiques dénoncées par de nombreuses associations. Car une fois adultes, ces mêmes animaux issus de ces fermes d’animaux sauvages finissent en général plutôt au bout du fusil d’un chasseur que dans la nature. Ils ont perdu tout instinct de méfiance vis-à-vis des hommes et seront bien incapables d’être remis en liberté.

Gare aux orphelinats

Le volontariat dans les orphelinats est devenu un moyen très populaire de "s’engager" lors d'un voyage à l'étranger. Et on trouve facilement des offres pour proposer ce type de mission, que ce soit via des agences de voyage, des ONG, des églises dans les écoles et les universités, et même directement auprès des orphelinats eux-mêmes. Mais aujourd’hui, de plus en plus organisations d'aide à l'enfance font campagne contre cette pratique. Pourquoi ?

De plus en plus de touristes internationaux sont en demande de visite d’orphelinats pour y faire du volontariat, faisant ainsi exploser le nombre d’orphelinats dans les régions touristiques de pays en voie de développement. Au Cambodge, selon un rapport du gouvernement, par exemple, le nombre d’orphelinats a augmenté de 75 % entre 2005 et 2015 à Siem Reap et Phnom Penh.. Certains enfants sont même enlevés à leur famille pour répondre à cette demande. Selon ce même rapport, « 79 % des enfants âgés de 13 à 17 ans vivant dans des orphelinats au Cambodge ont en réalité au moins un parent vivant. »

Et ce n’est pas tout. Beaucoup d’orphelinats sont maintenus volontairement dans un état déplorable, pour jouer sur la pitié et faire augmenter les dons des touristes étrangers. Alors bien sûr, il existe des orphelinats sérieux qui font du bon travail. Mais malheureusement c’est compliqué de pouvoir affirmer avec certitude depuis son écran si tel ou tel établissement est honnête ou non. Bref, sans le vouloir, le volontourisme, peut rapidement encourager la corruption, le mauvais traitement des enfants, voire la traite d’enfants.


À chacun son volontariat


Est-ce que ça veut dire qu’il vaut mieux rester chez soi et ne rien faire ? Bien sûr que non !
Il y a plein de manières de partir à l’étranger en volontariat.  Le tout est de bien choisir et de se poser les bonnes questions. Mais pour ne pas se planter il faut donc : se renseigner sur toutes les formes de volontariat possibles et s’entourer d’une structure de confiance. Voici quelques pistes : 

Le chantier et la mission courte 


De quelques semaines à 6 mois, en groupe ou en individuel. Ce sont des chantiers d’été, des missions solidaires organisés par des structures généralement associatives. Il peut se dérouler en France ou ailleurs dans le monde autour de thèmes très variés. Un chantier, ça ne veut pas obligatoirement dire qu’on sera dans la domaine de la construction ou de la restauration. Il peut être également culturel, artistique, éducatif. La Guilde par exemple propose de nombreuses missions de ce type, et France Volontaire donne plus d’infos.


Il s’adresse à tous les jeunes entre 16 et 25 ans, partout dans le monde, de 6 mois minimum à 12 mois maximum dont tout ou partie peut se dérouler à l’international. Il s’agit de promouvoir la solidarité internationale, d’éduquer à la citoyenneté et à la solidarité internationale, et de participer à des projets d’échanges et de développement local. Le petit plus qui fait toujours plaisir : le volontaire est rémunéré !

Le volontariat de solidarité internationale 


Le volontariat de solidarité internationale (VSI) permet de s’engager pour une mission auprès d'un organisme agréé. Il a pour objet « l’accomplissement d’une mission d’intérêt général à l’étranger dans les domaines de la coopération au développement et de l’action humanitaire ». Il faut être majeur, par contre n'y a pas de condition de nationalité, ni de limite d'âge. Les volontaires de solidarité internationale sont en majorité jeunes (environ 60 % des volontaires ont moins de 30 ans). Généralement, ce sont des personnes diplômées, avec des compétences et pour la plupart ayant déjà une certaine expérience. Les missions se déroulent hors d'Europe si vous êtes européen. Le contrat dure le plus souvent entre 12 et 24 mois, et il y a des indemnités. Pour découvrir des témoignages et des portraits de volontaires : Le volontariat de solidarité internationale (VSI) - France-Volontaires.

Le Corps européen de solidarité 


Le Corps européen de solidarité est un programme de l’Union européenne qui offre la possibilité aux jeunes de s’engager sur une activité de solidarité en France et en Europe. Cela s’adresse aux jeunes de 18 à 30 ans. II n‘y a pas de prérequis de diplôme mais les organismes peuvent être plus intéressés par certains profils, du fait des compétences ou de l’expérience, notamment pour le volet stage et emploi. Le volontaire doit résider légalement dans un État membre de l’Union européenne ou un pays partenaire. Les projets de solidarité sont lancés, développés et mis en œuvre par au moins cinq jeunes de 18 à 30 ans souhaitant opérer un changement positif dans leur communauté locale ayant une réelle valeur ajoutée européenne.

Et la liste est encore longue ! France Volontaires te dresse toutes les missions de volontariat ici.


Flemme ou Flamme c’est quoi ? 

Flemme ou Flamme, c’est la série qui t’aide à mieux comprendre le monde pour te donner la flamme d’agir. Découvre tous les conseils de Louisa pour faire bouger Flemme de son canapé car contrairement à ce que cette dernière croit, tout « n’est pas foutu ». Parviendra-t-elle à relever ce défi ? Pour le savoir, retrouve tous les épisodes sur notre chaîne Youtube. 
 

Par Rédaction Tilt

*d’après le sondage : « Les Français et les engagements volontaires et solidaires à l’international », France Volontaires/Courrier International/Opinion-Way, novembre 2017).

Tourisme humanitaire: la vraie fausse pitié – Libération
Attention au volontourisme - France-Volontaires
Écovolontariat Afrique du Sud : la face cachée du bénévolat avec des lionceaux 

✏ (texte) Myriam Dahman

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