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4 infos à retenir surles inégalités mondiales

Oxfam x Tilt le 19/01/2023

7 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Pandémie, guerre, crise de la vie chère, … le monde a traversé une série de crises. Aujourd’hui, des dizaines de millions de personnes supplémentaires sont confrontées à la faim, et pour la première fois en 25 ans, la pauvreté gagne du terrain. Mais parallèlement, on voit que les plus fortuné·es se sont considérablement enrichi·es et les bénéfices des entreprises ont atteint des sommets, provoquant une explosion des inégalités. C’est le constat révélé par Oxfam dans son rapport sur les inégalités mondiales intitulé « La loi du plus riche » et publié en marge du Forum économique mondial de Davos. Voici 4 infos clefs à retenir :

Le monde post-covid est (encore) plus inégalitaire

Selon le rapport d’Oxfam, même si la fortune des milliardaires a un tout petit peu diminué depuis le pic de 2021, elle reste largement supérieure (de plusieurs milliers de milliards de dollars) à celle d’avant la pandémie. D’après l’analyse menée sur les données du Crédit Suisse, l’accaparement des richesses par les très grandes fortunes s’est même accéléré depuis 2020. Car la crise actuelle du coût de la vie, avec l’explosion du prix des denrées alimentaires et de l’énergie, est aussi synonyme de gains spectaculaires pour ceux qui se trouvent en haut de la pyramide.

fortune

Et en France alors ? Eh bien, comme le reste du monde, les inégalités augmentent et les écarts se creusent. En 10 ans, le nombre de milliardaires a été multiplié par 3, leur fortune a été multipliée par 4, quand en parallèle les plus pauvres ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Selon le rapport d’Oxfam, sur les 10 dernières années, en moyenne, pour 100€ de richesses créées en France, 35€ ont été captés par les 1% des Français·e·s les plus riches, 32€ par les 9% suivants… et les 50% les plus précaires n’en ont capté que 8€. 


Les impôts des plus riches diminuent

Il existe bien sûr des différences entre les pays, mais on observe deux choses de manière très claire : 1/ on a une tendance à la baisse des impôts des personnes riches, et 2/ les impôts, en proportion, pèsent beaucoup moins lourd pour les très riches que pour les plus pauvres.

On observe que, dans toutes les régions du monde, pour l’ensemble des impôts qui s’appliquent principalement aux plus riches, comme par exemple les impôts sur le patrimoine, sur les droits de succession, sur les revenus du capital, etc., les taux sont en baisse depuis le début des années 1980. Pourtant, ça n’a pas toujours été le cas !

Les impôts sur les plus riches étaient autrefois beaucoup plus élevés.  Par exemple, dans les années 80, le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu des plus riches était de 70 % aux États-Unis (au niveau fédéral) et de 60 % au Royaume-Uni. Aux États-Unis, le taux marginal en matière de droits de succession était de 77 % jusqu’en 1975.

Et aujourd’hui ? 

Si on regarde du côté de l’impôt sur le patrimoine, selon Oxfam, pour chaque dollar collecté en impôts au niveau mondial, seulement 4 cents proviennent d’impôts sur le patrimoine des plus riches

L’impôt sur les revenus du capital, quant à lui, ne s’élève qu’à 18 % en moyenne dans plus de 100 pays. C’est pourtant ce qui constitue la principale source de revenus pour les 1 % les plus riches

Et pour les droits de succession, ce n’est pas mieux ! Deux tiers des pays n’appliquent aucune forme d’imposition sur les successions concernant la fortune transmise aux descendant·es direct·es. La moitié des milliardaires du monde vivent dans des pays qui n’appliquent pas ce type de taxe, ce qui signifie que 5 000 milliards de dollars seront transmis à la génération suivante en échappant à l’impôt. Pour donner une idée, c’est une somme plus importante que le PIB de l’Afrique !

Les résultats sont effarants et particulièrement injustes. Oxfam a calculé que le « taux d’imposition réel » d’Elon Musk, l’un des hommes les plus riches du monde, ne serait que de 3,2 %, alors que par exemple, une vendeuse sur un marché en Ouganda est imposée à hauteur de 40 % de ses bénéfices.

Et les inégalités mondiales ne s'arrêtent pas là. Elles touchent aussi la place des femmes qui ne sont toujours pas égales aux hommes.

poids de l'impot

Une petite hausse peut avoir de gros impacts 

Oxfam a utilisé les données de Wealth-X et de Forbes pour évaluer ce qu’une petite augmentation de l’impôt sur la fortune (de 2 % sur les millionnaires, 3 % sur les fortunes de plus de 50 millions de dollars et de 5 % sur les milliardaires du monde entier) permettrait de faire. Résultat : on pourrait grâce à cela collecter chaque année 1 700 milliards de dollars.

Cette somme serait suffisante pour sortir 2 milliards de personnes de la pauvreté, combler le déficit de financement des appels humanitaires d’urgence des Nations Unies et financer un plan mondial d’éradication de la faim. Et ce n’est pas tout. Une telle mesure pourrait contribuer au financement des pertes et dommages causés par le dérèglement climatique et assurer des soins de santé et une protection sociale universels à 3,6 milliards de personnes vivant dans des pays à revenus faibles et intermédiaires de la tranche inférieure. Un programme plutôt bien rempli, donc…

poids impot

Les millionnaires veulent payer plus d’impôts 

Bon, d’accord, peut-être pas tous les millionnaires… Mais certaines grandes fortunes sont pour une augmentation de l’impôt pour les plus riches et le font savoir. Le 17 janvier 2023, 200 millionnaires dont l’acteur américain Marc Ruffalo et Abby Disney, l’héritière de la fortune Disney, ont appelé dans une lettre ouverte à être davantage taxés. Un message à l’attention des gouvernements et des chefs d'entreprise, appelant à la mise en place d'un impôt annuel permanent sur la fortune des plus riches afin de réduire les inégalités extrêmes et de générer des revenus permettant d'augmenter durablement les services publics tels que les soins de santé. 

Et ils ne sont pas les seuls. De nombreux sondages indiquent régulièrement que, un peu partout dans le monde, la plupart des gens sont favorables au fait de taxer plus les personnes riches. 80 % des Indien·nes  et 85 % des Brésilien·nes seraient pour une hausse de l’impôt pour les personnes riches, notamment pour financer les services essentiels. En Afrique, 69 % des personnes interrogées dans 34 pays pensent qu’il est juste de taxer davantage les personnes riches que les citoyen·nes ordinaires pour financer les programmes gouvernementaux en faveur des pauvres. Et même aux États-Unis, la majorité des citoyen·nes est pour une meilleure redistribution des richesses en imposant lourdement les personnes riches.


Le soutien à une imposition des plus riches d’un nombre croissant de millionnaires intervient alors même qu’un sondage de 135 économistes, de plus de 40 pays, montre que 71% d’entre eux pensent qu’il serait politiquement possible d’augmenter la taxation des plus riches dans leur pays dans les 5 prochaines années.


Car la succession de crises que traverse le monde actuellement a ébranlé des schémas de pensée pourtant bien ancrés. L’idée de taxer davantage les riches pour aider les gens à traverser ces crises est de plus en plus souvent défendue au-delà des clivages politiques historiques, y compris par des institutions qui étaient perçues comme plutôt conservatrices sur ce point, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE). 

société plus égalitaire

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Par Oxfam x Tilt

Un article réalisé en partenariat avec Oxfam
✏ (texte) Myriam Dahman
✏ (illustrations) Jean Jean Factory 

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