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# Deep Tilt

Bouger en ville :c’est quoi une mobilitéurbaine durable ?

Rédaction Tilt le 03/05/2023

7 min de lecture 🧠   Niveau « Je me débrouille »

Aujourd’hui (et encore plus demain) les villes grossissent et on est de plus en plus nombreux à devoir se déplacer. Conséquence directe : il y a de plus en plus de voitures, de scooters, etc.. Cette explosion des véhicules motorisés en ville entraîne beaucoup de problèmes : congestion de l’espace public, qualité de l’air dégradée, insécurité routière, émissions de CO2. Quels sont les enjeux autour de la mobilité urbaine durable ? 

La mobilité en ville aujourd’hui… et demain

Demain, tous urbains ? 

Ce n’est plus vraiment un scoop : le monde s’urbanise toujours plus et toujours plus vite. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale vit en ville ; et ce sera 60 % en 2030. C’est particulièrement frappant en Asie et en Afrique, qui comptent pour 90 % de la croissance urbaine mondiale. Or comme on a en même temps une augmentation du niveau de vie et des besoins liés à l’emploi, aux études et à la consommation (notamment dans les pays émergents), forcément, une des conséquences, c’est aussi une augmentation de la mobilité des biens et des personnes en ville. On bouge tous plus, et plus vite. Et c’est compréhensible : se déplacer, c’est une condition indispensable à l’amélioration des conditions de vie, à l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la santé, etc.

Et tous mobiles ? 

Les projections de l’Agence Internationale de l’Énergie montrent une croissance très rapide en termes de déplacements motorisés privés en ville, en particulier en Chine, en Inde, dans l’Afrique du Nord, et en Amérique latine. Le problème ? Ce triple combo – plus d’urbains, plus de déplacements, plus de véhicules individuels motorisés – crée une pression énorme sur les villes. La demande croissante de déplacements n’est souvent pas satisfaite par les services de transports urbains ou les infrastructures existants, qui sont souvent peu développés ou en mal d’équilibre économique. De plus, l’usage de la voiture individuelle est partout dans le monde, ou presque, un marqueur social qui rend plus difficiles les changements de comportements, même dans des pays où le système de transport est de qualité.

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Pourquoi c’est un problème ?

L’explosion des déplacements en ville cause de nombreux problèmes : congestion de l’espace public, qualité de l’air dégradée, insécurité routière, émissions de CO2 renforcées par l’usage de la voiture individuelle et les embouteillages. Le coût est important : aussi bien pour les États que pour la qualité de vie des populations. 

Ça crée des embouteillages à rallonge

La congestion routière est un véritable fléau qui touche toutes les métropoles – celles des pays industrialisés, mais aussi les villes en développement. Dans des pays comme l’Inde ou la Chine, mais aussi en Égypte par exemple, on a eu une augmentation importante du nombre de voitures et en même temps un étalement urbain incontrôlé. Résultats : des embouteillages monstres, qui entrainent toute une série de problèmes...

Commencer chaque journée dans un concert de klaxon incessant, ce n’est bon ni pour la santé mentale… ni pour la santé économique du pays ! Retards de livraison, temps passé dans les transports plutôt qu’au boulot, gaspillage de carburant... Un rapport de la Banque mondiale a estimé le coût annuel de la congestion au Caire à 8 milliards de dollars américains (4% du PIB de l'Égypte).

accidents route

La qualité de l’air en ville se dégrade

La qualité de l’air est un enjeu de santé, et une condition essentielle du « bien vivre en ville ». L’Organisation mondiale de la santé (l’OMS) estime que l'exposition à l'air pollué a causé 4,2 millions de décès prématurés dans le monde en 2016. 91 % de ces décès prématurés sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Et comme souvent, ce sont les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables qui sont les plus exposées. Les villes chinoises et indiennes sont en haut du classement des villes les plus polluées au monde. Réduire les polluants atmosphériques tels que les particules fines est donc une urgence dans la plupart des grandes villes en développement.

L’insécurité routière augmente

Plus de voitures = plus d’accidents. À cet égard, l’Afrique est une des régions les plus dangereuses pour ceux qui se déplacent. Selon l’Organisation mondiale de la santé en 2013, le continent africain compte uniquement 2 % du parc de véhicules mondial, mais 16 % des accidents mortels de la route. Les accidents de la route y sont également la première cause de décès chez les enfants et les jeunes adultes de 5 à 29 ans. Pourquoi ? Tout d’abord à cause d’un vrai manque de politiques en faveur de la sécurité routière dans ces pays. Mais aussi à cause d’aménagements de voirie et de carrefours mal adaptés, de conflits de vitesse entre les véhicules et d’un partage de l’espace qui défavorise les cyclistes et les piétons… alors qu’ils sont les modes de transports les plus vulnérables, mais aussi les plus utilisés.

insécurité

Ça contribue au dérèglement climatique

Selon le C40, un réseau mondial de près de 100 maires des plus grandes villes du monde qui sont unis dans l'action pour faire face à la crise climatique, le transport est la source d'émissions de gaz à effet de serre qui connaît la croissance la plus rapide et représente 27 % des émissions mondiales. Et tout ça pourrait doubler d’ici 2050 ! Donc ça parait évident : pour rester en dessous des + 2°C, il est impératif de trouver des solutions pour décarboner les transports en ville.

Quels sont les leviers d’action ?

Les gens vont continuer à se déplacer. C’est inévitable… et indispensable à la vie en société. Donc la question, c’est comment on peut-on rendre cette mobilité urbaine la plus durable possible ?

Développer les transports publics

Le premier levier pour limiter les émissions et sécuriser les déplacements, c’est bien de développer un transport collectif fiable et accessible. Se déplacer dans les villes du Sud est souvent très complexe, avec des réseaux de transports publics inexistants ou qui ne parviennent pas à répondre à la demande, et des acteurs privés (souvent des minibus ou des taxis) qui desservent principalement les lignes les plus rentables et sont saturés. Ces villes ont des difficultés à construire des politiques de mobilité urbaine durable avec une vision claire et partagée. 

Il faut penser les transports publics en lien les uns avec les autres : bus, tram, métro, minibus : ils doivent permettre aux utilisateurs d’atteindre leur point d’arrivée en un minimum de temps et surtout de coût pour les usagers. À Dakar par exemple, il est estimé que près de 90 % des passagers du futur TER compléteront leur trajet avec le bus. Tout cela demande de la planification et une bonne organisation entre les modes !

Passer à l’électrique

Il existe aujourd’hui plusieurs pistes pour rendre les déplacements plus écologiques. Celle dont on entend le plus parler est celle de la motorisation électrique, pour les voitures, mais aussi pour les bus, les scooters, etc. Et il faut bien l’avouer, c’est une piste très intéressante. L'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) estime que son développement est indispensable pour rester en dessous des +2°C de réchauffement, et évalue que pour y arriver il faudrait que 74% du parc de véhicules particuliers soit électrique en 2030.
electrique

Des voitures électriques, c’est bien… mais si l’électricité pour les faire rouler n’est pas produite avec du charbon, c’est mieux ! Un autre défi reste donc de décarboner la production électrique – c’est-à-dire d’utiliser en priorité des énergies renouvelables plutôt que fossiles -  pour rendre les véhicules électriques « climatiquement vertueux ». Dans beaucoup de pays émergents, la qualité du réseau d’électricité n’est pour l’instant pas assez fiable ni assez puissante pour permettre le développement de la mobilité électrique (même si cela risque d’évoluer vers le mieux dans les années à venir).

Par exemple, en Afrique subsaharienne, beaucoup d’habitants sont équipés de générateurs pour compenser le manque de fiabilité du réseau électrique. Ce ne serait pas très productif, aujourd’hui, de s’en servir pour recharger les véhicules électriques. Mais il existe aussi des exemples inspirants. Par exemple, le Costa Rica produit une énergie renouvelable à plus de 99% et a lancé un ambitieux plan pour l’électromobilité : à travers des lois, le déploiement d’un réseau national de bornes de recharge rapide, l’introduction de bus électriques, etc. 

Penser la voiture autrement

Nos voitures doivent se mettre au régime… Aujourd’hui, la tendance est claire : on achète des véhicules de plus en plus gros et lourds, qui consomment plus : en 30 ans, la masse de nos voitures a augmenté de…60% pour la gamme des berlines compactes. Ça veut dire plus d’émissions de CO2 pour la fabrication du véhicule et à l’usage. Exit donc les gros SUV, même s’ils sont électriques ! Il faut penser des voitures moins énergivores, quel que soit leur type d’énergie, et pour cela une seule solution : les alléger !

Au-delà de ça, c’est tout le modèle de la voiture individuelle elle-même qu’il faut interroger. Beaucoup de villes se sont construites et développées autour de l’idée qu’il fallait généraliser la voiture individuelle, gage de liberté pour tous. Et d’ailleurs, de nombreuses politiques de mobilité des villes des pays du Sud restent principalement orientées vers le développement des infrastructures de voirie urbaine. En gros, on crée plus de routes, et donc, on continue à garder la voiture individuelle comme mode de transport privilégié.  

Mais pour se passer de la voiture individuelle, encore fait-il avoir d’autres choix, sûrs et fiables. Les villes doivent arriver à proposer un partage de l’espace urbain plus équitable entre tous les usagers. En particulier, donner une plus grande place pour les modes « doux » ou « actifs » (la marche à pied et le vélo). 

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Santé

Par Rédaction Tilt

Merci à Valentine Monnier pour sa relecture 🙏

✏ (texte) Myriam Dahman
✏ (illustrations) Jean Jean Factory 
 

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