C’est quoil’effet rebond ?

Une innovation technologique qui permet de consommer moins d’énergie, ça paraît être une bonne idée, non ? Eh bien, ce n’est pas si simple ! Parfois, on utilise si massivement une innovation qu’au lieu de consommer moins, on consomme plus. C’est ce qu’on appelle l’effet rebond. Quelles conséquences sur le climat et quelles solutions ? On fait le point.

Un phénomène connu depuis plus de 150 ans

L’effet rebond, ce n’est pas vraiment nouveau ! Il est décrit pour la première fois en 1865 par l’économiste anglais William Stanley Jevons : nous sommes en Angleterre, au début de l’ère industrielle. De nouvelles machines à vapeur révolutionnaires, capables de produire plus d’énergie avec beaucoup moins de charbon, remplacent les anciennes. Mais – surprise ! – au lieu de baisser, la consommation de charbon a été multipliée par dix ! Toute l’Angleterre s’arrache ces nouvelles machines plus efficaces et moins gourmandes. Résultat, il a fallu plus de charbon pour les alimenter. C’est le paradoxe de Jevons, ou le cas le plus extrême de l’effet rebond : quand l’outil ou l’objet qui devait nous permettre de réduire notre consommation est si massivement utilisé qu’on finit par consommer encore plus d’énergie qu’avant !

L’effet rebond aujourd’hui : où se cache-t-il ?

Logement, numérique, automobile… Aujourd’hui, l’effet rebond est partout ! On en distingue deux types : l’effet rebond direct et l’effet rebond indirect.

L’effet rebond direct, c’est quand on utilise plus un équipement sous prétexte qu’il consomme moins d’énergie. Par exemple, une voiture qu’on prend plus souvent parce qu’elle consomme moins de carburant. Ou la 5G qui nous permet d’utiliser des applications et de streamer des films en HD plus facilement. Donc même si elle consomme trois à quatre fois moins que la 4G, la 5G nous amène à utiliser encore plus nos appareils connectés. Résultat : notre consommation d’énergie globale augmente.

L’effet rebond indirect, c’est quand on finance une activité polluante avec les économies réalisées grâce à un équipement moins coûteux en énergie. Par exemple, faire des économies de chauffage grâce à la rénovation de son logement et acheter une deuxième voiture ou partir en vacances en avion.

Un danger (de plus) pour le climat

L’effet rebond peut sérieusement compromettre nos efforts de réduction de notre consommation d'énergie et limiter nos émissions de CO2. Des chercheurs de l’Université de Leeds, en Angleterre, ont analysé les résultats de 33 études. Résultat : plus de 50 % des économies d’énergie prévues par les innovations seraient annulées par l’effet rebond ! Malgré des innovations technologiques de plus en plus vertes, la consommation d’énergie mondiale devrait augmenter de 20 à 30 % d’ici 2040.

Comment sortir de l’effet rebond ?

Première chose à faire : en parler autour de toi ! Alors qu’il a un impact très important sur le climat, l’effet rebond reste trop peu connu. Pourtant, on peut plus facilement modifier son comportement, quand on prend conscience de l’effet pervers qu’il comporte. L’effet rebond est intimement lié à nos comportements, nous avons donc tous le pouvoir de le réduire. Comment faire ? D’abord, repenser nos besoins : moins consommer, moins produire, moins jeter, au niveau individuel et au niveau collectif. Et surtout, se souvenir d’une information capitale : l’énergie la plus propre, c’est celle qu’on ne consomme pas !

Pour creuser le sujet : 

•    Qu’est-ce que l’effet rebond ? par Radio France
•    Comment nos efforts pour le climat pourraient être anéantis ? sur Futura Sciences
•    Sur les effets rebonds du numérique 
•    Sur le rôle incontournable de l’effet rebond dans la transition énergétique
•    Une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC) pour savoir comment limiter l’effet rebond dans les politiques de rénovation énergétique des logements