féminicide
# Tiltionnaire

C’est quoi un féminicide ?

Rédaction Tilt le 21/11/2022

3 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Les actes de violence à l’égard des femmes sont de natures très diverses, pouvant aller du harcèlement verbal et d’autres formes de maltraitance psychologique, aux violences physiques ou sexuelles quotidiennes. Au bout de cette spirale de violence, on trouve la forme la plus extrême : le féminicide, c’est-à-dire le meurtre d’une femme.

Tuer des femmes parce que ce sont des femmes

Le mot « féminicide » est né de la fusion de « Fémini- » comme dans « féminin », et de « -cide » comme dans « homicide », « infanticide » ou « génocide », et désigne donc un meurtre de femme. Ce terme est relativement récent. Utilisé dans les années 1970, il a surtout été popularisé par deux féministes, Jill Radford et Diana Russell, qui ont publié en 1992 le livre Femicide, The Politics of Woman Killing (en français : « L'aspect politique du meurtre des femmes »).

Mais pourquoi parler de féminicide et pas d’homicide, terme générique qui désigne le meurtre d’une personne humaine ? La notion d’homicide ne dit rien des rapports homme/femme, tout comme les notions de « crime conjugal » ou « violence conjugale ». Or l’idée derrière le fait de parler de féminicide, c’est justement de mettre en lumière une réalité : dans une société misogyne, où les violences masculines contre les femmes sont répandues et banalisées, certains hommes tuent des femmes en raison de leur genre. Diana Russell donne la définition suivante de féminicide : il s’agit du « meurtre d’une femme parce qu’elle est une femme ». 

Quels sont les différents types de féminicide ? 

L’OMS distingue quatre cas de féminicide :

  • Le féminicide « intime », commis par le conjoint, actuel ou ancien de la victime. Selon ONU Femmes, 81 000 femmes et filles ont été tuées dans le monde en 2020, dont environ 47 000 (58 %) par un partenaire intime ou un membre de leur famille, ce qui équivaut à une femme ou une fille tuée toutes les 11 minutes au sein même de leur foyer.
  • Les crimes « d’honneur » : lorsqu’une femme, accusée d’avoir transgressé des lois morales ou des traditions, est tuée par un membre de la famille ou du clan (homme ou femme) pour protéger la réputation de la famille. Par exemple, si elle a commis un adultère, eu des relations sexuelles ou une grossesse hors mariage et parfois même lorsqu'elle a elle-même été victime d'un viol. Ces crimes ont lieu principalement dans certaines régions du Moyen-Orient et d’Asie du Sud.
  • Le féminicide lié à la dot, en particulier dans certaines régions de l’Inde, et implique des jeunes mariées qui sont assassinées par des membres de leur belle-famille pour des conflits liés à la dot, par exemple pour avoir apporté une dot insuffisante à la famille du marié.
  • Le féminicide non intime, qui est commis par une personne qui n’est pas en relation intime avec la victime. Il s'agit de meurtres systématiques de femmes, impliquant ou non des agressions sexuelles. Les exemples les plus fréquemment cités sont les centaines de femmes tuées durant de nombreuses années à Ciudad Juarez, au Mexique, ou la tuerie antiféministe à l’Ecole polytechnique de Montréal en 1989.

Quelle reconnaissance juridique des féminicides dans le monde ? 

C’est en Amérique latine qu’a été adopté le premier texte contraignant sur la violence contre les femmes : la convention de Belem do Para, en 1994. Depuis 2007, 18 pays du continent ont introduit le féminicide dans leur code pénal. Parmi eux : le Mexique, le Costa Rica, la Bolivie, le Guatemala, le Chili, le Nicaragua...

En revanche, en Europe, le mouvement reste plus limité : en 2004, l’Espagne a adopté une loi renforçant les sanctions contre les violences faites aux femmes et l'Italie a voté une loi visant à lutter contre le féminicide en 2013.

Que dit la loi française sur les féminicides ?

La loi française ne reconnaît pour l’instant pas le terme de féminicide. L’article 132-80 de notre Code pénal définit comme circonstance aggravante d’un meurtre le lien entre la victime et le meurtrier (ou la meurtrière) et les peines sont plus lourdes lorsque que le meurtre est commis par un-e conjoint-e, partenaire ou ex, peu importe le sexe de l’auteur-e du crime et les relations d’emprise et pouvoir existantes. Mais le droit ignore encore pour le moment les rapports de domination entre hommes et femmes et ne prend pas en compte la portée sexiste des meurtres de femmes.

Des associations féministes militent pour que ce phénomène soit reconnu comme un « fait de société », c'est le cas de Osez le féminisme ! En effet, de nombreux meurtres de femmes sont encore qualifiés de « crimes passionnels » et catégorisés comme des faits divers. 


Reconnaître le féminicide aurait permis de distinguer entre des situations qui n’ont rien de comparable, entre une Jacqueline Sauvage qui finit par tuer son bourreau, et un homme qui finit par tuer sa compagne après l’avoir frappée pendant des années. Cela aurait permis que les enquêtes soient mieux menées en faisant en sorte que le sexisme soit mieux pris en compte.

Céline Piques, d’Osez le féminisme ! dans La Croix

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Par Rédaction Tilt

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