La souverainetéalimentaire, c’est quoi ?
80 % des personnes qui ont faim vivent en milieu rural, dont une grande majorité de paysan·ne·s alors qu’ils nourrissent le monde. Impensable ! Résoudre cette absurdité implique d'associer le droit des peuples à une alimentation saine à celui de décider comment la produire. C'est, à l'origine, l'objectif de la souveraineté alimentaire. Zoom sur ce terme que l’on entend de plus en plus, avec Artisans du Monde, une association qui agit depuis près de 50 ans pour un commerce équitable.
On t'aide à comprendre le concept de souveraineté alimentaire
Pour les paysan.ne.s, c'est le droit de produire sur le long terme sans se ruiner (avec des semences ou des pesticides hors de prix) et sans épuiser les terres agricoles. Pour la population, c’est le droit de conserver ses habitudes alimentaires, de manger des produits locaux sans être obligé de remplir son assiette de nourriture produite à la tonne par l'industrie agro-alimentaire.
Aujourd’hui, elle se comprend aussi comme la volonté des pays (de leur État) de relocaliser, d'accroître leur propre agriculture et d'être plus indépendants des autres en cas de crise ou de conflit – comme actuellement avec la guerre en Ukraine.
L’idée de souveraineté alimentaire, ça vient d’où ?
Le concept de souveraineté alimentaire a été développé par le mouvement international la Via Campesina, « la voie des paysan-ne-s qui nourrissent le monde ». Il s’est fait connaître lors du Sommet de l'alimentation organisé par l'Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture à Rome en 1996.
L’idée était de protéger ou de recréer une façon de cultiver le sol et ensuite tout un système d’échanges commerciaux qui soit équilibré. C’est-à-dire assez équitable pour que chacun puisse se nourrir et éventuellement vendre et même exporter sa production sans casser les prix ni nuire aux autres.
Pourquoi c’est difficile à atteindre ?
L’agriculture est devenue une industrie qui produit le plus possible, à moindre coût, et sans respect pour la planète. Ça, on est au courant ! On sait moins que ce sont directement les marchés internationaux qui décident du prix des principaux aliments, même au fin fond d’un village malien ou équatorien. Et en plus, ces prix font le yoyo parce que les gros acheteurs ou les financeurs spéculent constamment.
En bout de chaîne, c’est une double peine. Les populations ne peuvent plus acheter à manger quand tel produit de base est trop cher, ni vivre de leur travail quand leur production agricole se vend trop bon marché.
Une crise alimentaire mondiale ?
On cultive en grande quantité la même chose au même endroit, comme le blé en Ukraine et en Russie ou le soja en Argentine. Si cette logique vise à augmenter les rendements, cela devient catastrophique en cas de crise ! Pour les pays d’Afrique du Nord, en ce moment, particulièrement dépendants de la Russie et de l’Ukraine pour les céréales, c'est la pénurie de pain.
Ces mécanismes internationaux sont responsables d’une grande partie de l’exode rural : la migration des paysans vers les villes. Plus de 60 millions de personnes abandonnent la terre et partent chaque année vers les villes. Rarement par choix.
Pour une souveraineté alimentaire, on fait quoi ?
L’union fait la force. Dans la région de Bahia, au Brésil, pour obtenir des prix suffisants pour vivre, les cultivateurs et cultivatrices d’oranges se sont associés. Aujourd'hui, ils ne sont plus les simples fournisseurs des usines de jus d’orange qui cassaient les prix, mais ils sous-traitent, à ces mêmes usines, la production qu'ils vendent eux-mêmes. En Éthiopie, 200 000 producteurs de café ont mis leur production en commun pour exporter directement.
Et comment peut-on défendre la souveraineté alimentaire ?
Même en s’organisant, il est très compliqué d'affronter le marché international, avec des prix décidés par les plus puissants. C’est là que le commerce équitable entre en scène. Il permet d’échanger entre producteurs et consommateurs des denrées à leur juste valeur. C’est-à-dire à la valeur du travail des paysans et des paysannes. Ils obtiennent de cette façon des prix rémunérateurs et stables. Et cela devient un moyen pour les consommateurs (toi !) de soutenir la souveraineté des peuples et l'agriculture durable.
On s’est demandé comment atténuer le coût de ces aliments tout en les rendant plus accessibles.
La réponse reste dans la souveraineté, c’est-à-dire : définir nous-mêmes notre système alimentaire, cultiver nos aliments.
Anan Lololi, membre de l'Afri-Can FoodBasket (Canada)
Pour creuser le sujet
▪ La souveraineté alimentaire, c’est quoi et comment y arriver ? « Artisans du monde » te l’explique dans une vidéo 10 minutes.
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▪ Flash : L’agriculture écologique et familiale dans le monde pourrait nourrir jusqu’à 12 milliards de personne
Par Artisans du Monde & Tilt
Ce tiltionnaire a été écrit en partenariat avec Artisans du Monde.
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