La trêve olympique, c’est quoi ?

Les Jeux Olympiques et la trêve du même nom ont bien existé pendant l’Antiquité grecque, mais avec pas mal d’éclipses et des couacs ! La "trêve olympique" c’est la mise entre parenthèses, le temps des Jeux, des tensions entre États. Une belle idée, mais la réalité est toutefois un peu plus complexe… 

D’où vient ce concept ?

L’histoire et les récits poétiques se mélangent, mais il semble que l’idée d’une trêve olympique vient du roi d’Elide, Iphitos. En 884 avant notre ère, il réussit à la fois à relancer les Jeux olympiques et à conclure une « paix sacrée » avec ses ennemis. La trêve est ensuite devenue la règle. Pendant une période définie, les cités grecques doivent arrêter de se faire la guerre et personne ne peut entrer en armes dans le territoire d’Olympie. Le but est assez pratique : il faut que les athlètes puissent circuler en Grèce sans risquer leur vie. Mais dès l’Antiquité, les chefs de guerre bafouent régulièrement la règle. En 244 avant notre ère, la ville d’Elis, où se déroulaient les Jeux, est attaquée par Sparte. 

Et aujourd’hui ?

L’idée d’une trêve qui serait plus « sacrée » et plus forte que la guerre est revenue sur le devant de la scène en 1992, au moment des Jeux de Barcelone. Pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale, les combats font rage sur le sol européen, après l’éclatement de la Yougoslavie. Le Comité international olympique (CIO) a donc rappelé cette tradition et appelé à une trêve. L’Assemblée des nations Unies a appuyé l’initiative du CIO en séance plenière le 25 octobre 1993 en demandant aux États membres de respecter la trêve olympique. Une bonne idée, certes, mais la guerre a continué pendant plus de trois ans avant de s’arrêter en 1995...

Pourquoi ce n’est pas si simple…

C’est pourquoi les avis sont assez partagés, entre ceux qui saluent une initiative pour la paix et l’entente entre les peuples, et ceux qui estiment, comme Amnesty International qu’il faudrait faire bien plus pour arrêter les conflits. Tout près de nous, les Jeux de Pékin en 2022 n’ont pas mis une parenthèse à la guerre et Ukraine et dans de nombreux autres pays. 

Selon l'historien Patrick Clastres, les Jeux Olympiques sont un espace diplomatique dans le sens où, à travers les rencontres sportives, chaque pays cherche en réalité à démontrer sa supériorité. C’est donc un lieu de démonstration de force symbolique comme on a pu le voir pendant la guerre froide, ou encore aujourd’hui avec la rivalité entre les États-Unis et la Chine ou la Russie. Mais pour autant, les institutions sportives n’ont pas permis de résoudre un conflit entre deux pays sur le long terme.

Pour creuser le sujet :

• Les Nations Unies et la trêve olympique
• La résolution des Nations Unies