L'amnésie écologique, c'est quoi ?
Amnésie, ok ! Écologie, ok ! Mais du coup l’amnésie écologique… ça serait l’oubli de l’environnement ? Il y a effectivement un peu de ça, même si c’est plus complexe. C’est une expression qu’on rencontre de plus en plus qui désigne le fait d’évaluer l’état de la nature uniquement à partir de notre naissance et non avant. On t’explique tout !
Amnésie écologique : rafraîchissons-nous la mémoire !
L’amnésie écologique, ou amnésie environnementale générationnelle, c’est le fait de prendre comme référence écologique l’état de la planète au moment de notre naissance, sans considérer ce qui a eu lieu avant nous. En d’autres termes, la façon dont on voit l’évolution de la nature est en fait influencée par nos souvenirs d’enfance. Le fameux « Ça a toujours été comme ça ! » qui nous empêche d’imaginer les choses autrement.
Imagine un instant un exemple : juste avant ta naissance, la construction d’un centre commercial a détruit un lac, un écosystème humide complet en face de chez toi. Comme tu n’as jamais connu cet espace naturel, tu n’es pas très sensible à l’histoire de sa disparition. Concrètement, tu acceptes plus facilement cet événement que quelqu’un qui a joué au bord de ce lac quand il était petit et qui, forcément, a vu sa destruction d’un autre œil. Peut-être même qu’il a manifesté et participé à des sit-in à l’époque, aujourd’hui, tu risques de trouver que c’était un peu exagéré de s’attacher à des arbres dans cette ZAD version 1999. C’est exactement ce que le psychologue américain Peter H. Kahn qualifie d’amnésie environnementale : une perte de la mémoire collective qui s’accentue au fil des générations.
Un aveuglement progressif
Le problème principal de l’amnésie écologique, c’est que c’est un phénomène imperceptible. Lorsqu’un changement environnemental survient (moins de récoltes, plus d’inondations, etc.) la génération en cours le remarque. Cependant, pour la suivante, qui a toujours connu cette réalité, la situation semble normale et est intégrée comme une norme. Chaque génération n’a pas conscience des dégradations environnementales ayant eu lieu avant sa naissance : cela crée un décalage du niveau de référence de l’état de la planète. On ne se rend donc pas réellement compte de l’ampleur du changement climatique.
Le biologiste Daniel Pauly définit ce principe comme le « syndrome du changement de référence ». C’est un effet boule de neige : plus le temps passe, plus les générations se succèdent, et plus on normalise des événements qui devraient en réalité alerter sur des problèmes. Cette perte progressive de mémoire collective est un facteur majeur de fragilisation des écosystèmes. Elle alimente l’inaction climatique et devient un frein psychologique, pour la population comme pour les responsables et décideurs. Difficile de s’investir dans la restauration d’écosystèmes détruits quand on n’a pas conscience qu’ils ont un jour existé !
Comment restaurer une mémoire collective ?
Dans le contexte actuel des bouleversements climatiques, c’est le devoir des générations actuelles d’enrayer ce mécanisme d’amnésie écologique pour que les générations qui nous succéderont aient conscience des changements qui ont eu lieu sur la planète. Cela passe par la transmission. Il est essentiel de fournir à ceux qui viendront après nous – la génération Alpha – un point de vue transparent sur l’état de la Terre aujourd’hui afin qu’ils aient des éléments de comparaison. Comprendre le passé écologique et climatique peut ainsi être une clé pour façonner un avenir plus conscient et respectueux de la biodiversité.
En attendant la génération suivante, faisons notre part pour sensibiliser les générations actuelles à l’importance d’adopter un mode de vie respectueux de l’environnement. Partage dès aujourd’hui tes bonnes pratiques avec celles et ceux qui t’entourent. Exit la surconsommation et vivent la sobriété énergétique, alimentaire et matérielle ! Si on parvient déjà à se responsabiliser sur ces questions, on peut espérer contribuer à éduquer et sensibiliser les générations futures. Une partie du chemin sera déjà faite !
« Mes recherches montrent que les enfants qui grandissent dans des villes très polluées savent à peine que leur ville est polluée, car la pollution est normale pour eux. Ainsi, en tant qu’êtres humains, nous détruisons la nature, mais nous ne prenons jamais pleinement conscience de l’ampleur des dégâts et des pertes, parce que nous nous référons à une nature que nous avons connue lorsque nous étions enfants. »
Peter H. Kahn, psychologue et professeur à l’école des sciences environnementales et forestières de l’université de Washington
Par Rédaction Tilt
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