Le stress hydrique,
c'est quoi ?
Un mois par an dans le monde, un quart des êtres humains subissent les effets du stress hydrique : l’eau manque. De Clansayes dans la Drôme à Chennai en Inde, la condition première de la vie sur Terre est désormais menacée de pénuries intenses et régulières partout sur le globe. Faisons le point sur l’eau.
Qu’entend-on par stress hydrique ?
Le mot sonne savant, mais le concept est limpide : le stress hydrique est une situation qui survient quand la demande en eau dépasse la ressource disponible. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le stress hydrique commence quand on ne peut pas assurer 1 700 mètres cubes d’eau par an à chaque habitant. À titre de comparaison, la France compte entre 2 500 et 6 000 mètres cubes d’eau disponible par jour (pas par an !).
Le stress hydrique est essentiellement lié à un déséquilibre à la fois géographique (l’eau manque dans une région donnée) et temporel (elle se raréfie pendant une certaine durée). Il peut s’exprimer en quantité d’eau disponible annuellement par habitant ou encore, selon la méthodologie des Nations unies, comme la quantité d’eau restante et disponible dans l’environnement une fois tous les besoins en eau satisfaits (activités économiques et besoins environnementaux).
En 2024, les Nations unies estimait à environ 10 % la population mondiale vivant dans des zones où le stress hydrique est élevé ou critique. Le stress hydrique mondial a par ailleurs atteint 18,8 % en 2021 contre 2,5 % en 2015. Pourquoi ce phénomène est-il de plus en plus présent ? Démographie galopante, agriculture intensive, déforestation effrénée, urbanisation, changements d’habitudes alimentaires, ou encore intensification des effets du dérèglement climatique sont autant de pressions qui, combinées, mettent le robinet sous tension.
Le stress hydrique, en quoi c’est inquiétant ?
Le stress hydrique est un phénomène structurel et croissant. Les nappes phréatiques s’amenuisent, les cours d’eau sont à sec, les conflits d’usage apparaissent et la qualité de l’eau se dégrade dans son ensemble. Résultat : ce phénomène environnemental a de nombreuses conséquences sociales, économiques et politiques. En Espagne, certaines régions voient leurs cultures d’oliviers et d’agrumes dépérir faute d’irrigation. En Inde, des villages tentent par tous les moyens d’accéder à l’eau potable et se disputent l’accès à des puits qui s’épuisent. En Californie, les restrictions touchent même la consommation courante des habitants.
À mesure que la ressource se raréfie, les tensions se multiplient et touchent tous les secteurs. L’agriculture est en première ligne, étant à la fois un contributeur important au stress hydrique et une victime de son augmentation. Les centrales nucléaires ou hydrauliques peinent aussi, contraintes de réduire leur production en période de sécheresse.
Ce qui a commencé comme un problème environnemental devient une menace pour la stabilité mondiale, touchant tous les domaines de nos sociétés.
Des régions inégalement touchées
Les tensions liées à l’eau sont un sujet mondial qui touche les régions du monde de manière différenciée. Selon le World Resources Institute, 25 pays seraient en « stress hydrique extrêmement élevé », dont l’Inde, l’Espagne et le Chili. C’est près d’un quart de la population mondiale victime de stress hydrique, et où la consommation d’eau potable annuelle est supérieure à 80 % des ressources en eau disponibles. Les pays les plus concernés sont Chypre, le Koweït, le Liban, Oman ou le Bahreïn. Ce dernier utilisait environ 220 % de ses réserves d’eau douce renouvelables en 2015, ce qui signifie qu’il consomme beaucoup plus d’eau que ce dont il dispose, l’obligeant à s’appuyer sur le dessalement de l’eau de mer pour y faire face ; une solution très énergivore.
Qu’en est-il de la France ? Pour le moment, le pays est un des seuls pays méditerranéens à échapper à cette liste inquiétante. Il existe cependant de fortes disparités en interne, et le nombre de régions touchées par les tensions liées à l’eau ne cessent de croître. Selon le Haut-Commissariat au Plan, 88 % de notre territoire pourrait connaître une situation de tension hydrique modérée ou sévère chaque été d’ici 2050.
« Tout le monde répond que oui, la question de l’eau est très importante, mais chacun attend d’être plongé dans la crise pour en faire une priorité. »
Samantha Kuzma, responsable des données et experte en géolocalisation pour le World Resources Institute
Quelles pistes pour éviter le pire ?
Avec un réchauffement qui pourrait atteindre +4°C d’ici 2100, une question se pose : comment réduire la tension hydrique ?
Réduire les prélèvements, revoir notre modèle agricole, réguler les usages, recycler les eaux usées, capter l’eau de pluie, adopter une sobriété hydrique… Les solutions sont nombreuses. En France, des agences gouvernementales et des collectivités misent sur une baisse de 10 % de la consommation d’ici 2030. Comment ? En adoptant des mesures spécifiques. Par exemple, le plan Eau de mars 2023 prévoit de réutiliser 10 % des eaux usées d’ici 2030 (contre moins de 1 % actuellement), de résorber les fuites d’eau ou encore de mettre en place une tarification progressive de l’eau pour responsabiliser les entreprises et les citoyens. D’autres plaident pour une refonte complète de notre rapport à l’eau. Ce qui est certain, c'est que notre usage de l'eau doit évoluer pour préserver cette ressource !
Par Rédaction Tilt
- Méga-bassines, sécheresse : la France va-t-elle manquer d’eau ? Video - 2022, Le Monde - Youtube, env. 10'30 ; une vidéo de la série Plan B
> Un point sur la situation en France ! - Manque d’eau : comment affronter la catastrophe ? Video - 2024, Blast - Youtube, env. 49’ ; un exercice de vulgarisation sur la chaîne Blast
> Un entretien avec Charlène Descollonges, ingénieure hydrologue. - « Une crise de l’eau sans précédent affecte déjà 4 milliards de personne » Article – 2023, Le Monde, Martine Valo
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