Pollution de l'eau : quels

sont les défis écologiques

et sanitaires ?

Marc Valmassoni

Les eaux sont de plus en plus contaminées à cause des activités humaines : rejet agricoles, déchets plastiques, prolifération d’algues toxiques… Et si elles mettent en péril les écosystèmes aquatiques, c’est aussi de notre santé dont il est question ! Mais pourquoi la qualité de l’eau est cruciale pour le milieu aquatique et la santé des usagers ? Comment la mesurer ? Et quels sont les différents types de pollution ? On a rencontré Marc Valmassoni, chargé de programme "Eau et santé" chez Surfrider Foundation Europe, pour mieux comprendre de quoi on parle.

Tilt - Quels sont les différents types de pollution de l’eau ?

Marc Valmassoni : Il y a quatre typologies de pollution : 

1. La pollution bactériologique, qui sont des pollutions liées aux systèmes d’assainissement, type ruissellement, les maisons qui sont pas forcément raccordées.;
2. La pollution par les déchets aquatiques, donc la pollution visible;
3. La pollution chimique, qui est liée à notre mode de consommation, les médicaments, le transport, le secteur agricole avec les pollutions plutôt d'origine nitrates/nitrites;
4. La pollution biologique, comme les efflorescences, les développements algaux, qui ont un impact sur la biodiversité et sur la santé.

Quels sont les impacts de la pollution de l’eau sur notre santé ?

MV : L'impact des polluants sur notre santé peut avoir différents leviers, différents gradients. L'impact d'une pollution bactériologique, c’est-à-dire se baigner en présence d'Escherichia coli ou d’entérocoque, peut nous causer des troubles gastriques. Ça peut être la gastro, une conjonctivite, une otite, des problèmes de peau. Ce sont des maladies où la réponse va être très rapide. C’est pour ça qu'on interdit rapidement si on se retrouve en concentration importante, pour garantir notre sécurité. 

Pour tout ce qui concerne les proliférations d'algues, comme les algues vertes, et je vais parler plus précisément de l'algue Ostreopsis, ça va être des pathologies qui sont un petit peu plus graves. Donc ça peut aller jusqu'à des saignements, des problèmes de la sphère ORL et ça peut également aller jusqu'à des hospitalisations. C'est pour ça que c'est très important de faire ces protocoles de surveillance, de mise en place de suivis, que ce soit officieux avec des réseaux comme Surfrider peut le développer, mais également officiel, parce que ces prélèvements sont complémentaires, mais qui permettent vraiment de garantir une sécurité aux gens quand ils vont se baigner. 

Comment améliorer la qualité de l’eau ?

MV : Pour améliorer la qualité de l'eau, on peut jouer sur différents leviers. Sur tout ce qui est enjeu assainissement, c'est le raccordement des maisons. C'est jouer aussi sur les stations d'épuration pour qu'elles soient plus performantes, qu'elles ne traitent pas simplement l'aspect bactériologique, mais d'autres paramètres, chimiques et compagnie. Sur le transport maritime, j'imagine que la réglementation sur les eaux de ballast peut également faire diminuer le fait de véhiculer ces espèces toxiques invasives sur des côtes où elles trouvent des terrains propices. Et sur le chimique, pour moi, c'est du meilleur contrôle et je pense à la sanction auprès des entreprises, des industriels qui ne respectent pas les normes.

Comment travaillez-vous sur la pollution de l’eau à l’échelle internationale ?

MV : Sur les questions internationales, c'est très intéressant d'avoir la réflexion sur ces enjeux de pollution, en dissociant pollution bactériologique, pollution chimique, biologique. On accompagne depuis peu Surfrider Sénégal et Surfrider Maroc sur ces questions et ces enjeux-là. On a la chance en Europe ou sur d'autres territoires comme aux États-Unis, d'avoir des réglementations. Sur d'autres territoires, je pense notamment à mes collègues du Sénégal, les réglementations n'existent pas. Il y a beau avoir des services environnementaux, il va y avoir un petit peu de contrôle par-ci par-là, mais la réglementation liée à la baignade, liée aux usages récréatifs, il n'y en a pas. Donc, nous, on a pu apporter notre expertise et mes collègues en local s'appuient sur le contexte local, les acteurs locaux, pour identifier les typologies de pollution auxquelles on fait face. 

MasterTilt, c’est quoi ? 

MasterTilt, ce sont des interviews d’expert.e.s qui reviennent en profondeur sur leur sujet d’étude : d’abord, ils.elles décryptent les défis du monde, ensuite, ils.elles nous donnent leurs bons tuyaux pour agir.