L’écoféminisme, c’est quoi ? 

L'écoféminisme est un combat politique qui affirme que l’oppression des femmes et l'exploitation de la nature sont deux faces d’une même pièce. En pratique, cela signifie qu’on ne peut pas espérer faire reculer les inégalités hommes-femmes ou épargner la planète si on ne s’attaque pas à la cause commune : le patriarcat et le système économique dominant. Retour sur l'histoire d'un mouvement.

L'écoféminisme, un nouveau combat ? 

Dès la fin du XIXe siècle, certaines militantes féministes s’engagent à la fois pour les droits des femmes et contre les expérimentations sur les animaux ou l'alimentation carnée. Elles expliquent que les deux causes sont liées parce que, dans les sociétés capitalistes, les femmes et les animaux sont réduits à leur genre ou à leur espèce et transformés en marchandises. On peut les acheter, au marché aux bestiaux ou par le mariage en payant une dot. Tout cela est possible grâce à une vision du monde aussi vieille que le patriarcat : les pères et les maris sont les maîtres et possesseurs des femmes, des enfants comme du bétail et de la terre.

Le terme d’écoféminisme est apparu un peu plus tard, courant XXe siècle, dans les pays développés. Fondé sur la dénonciation d’une organisation sociale qui exploite la nature, au point de la mettre en danger, il a notamment mis en lumière le fait que le partage des tâches patriarcal est une exploitation. On demande aux femmes de prendre soin des enfants, des vieilles personnes, d’assumer toutes les tâches domestiques, ce qui est indispensable à l’économie. Mais leur travail qui a une grande valeur humaine et fait gagner du temps aux hommes, est considéré comme « naturel », il est gratuit et dévalorisé.

Les femmes du côté de la nature ? Aux racines de l’écoféminisme

Dans la culture occidentale, le lien des femmes avec la nature a plutôt été souligné pour les dévaloriser. On identifie le féminin avec la nature, la passivité, l’empathie, le concret et les valeurs intimes alors que les hommes sont du côté de la culture, actifs, intellectuels et tournés vers les valeurs sociales. Comme les valeurs masculines sont placées au-dessus des valeurs féminines, cela explique qu’ils sont les chefs : logique ! 
Pour les écoféministes, ces qualités ne sont pas à rejeter, mais à valoriser. Certaines défendent leur reconnaissance plutôt que l’égalité de genre. D’autres revendiquent la rémunération du travail domestique ou s'organisent en communautés d'entraide interdites aux hommes.

L’écoféminisme dans le monde 

L’écoféminisme s’est développé dans le monde entier au cours des années 1960 à 1980 dans plusieurs mouvements qui ont eu un grand d’écho. Des militantes féministes, écologistes, militantes anti-nucléaires, pacifistes, se sont opposées à la menace de guerre nucléaire entre les USA et l’ex-URSS, et les dangers de cette source d’énergie. 
En 1980, 2 000 femmes ont encerclé de laine le symbole du pouvoir américain, le Pentagone. Cela marque les esprits ! Un écoféminisme non-violent, spectaculaire, à l’imagination débridée s’est propagé aux USA, en Allemagne et en Grande-Bretagne.
Plus récemment, en Bolivie, de nombreuses femmes se sont mobilisées contre le projet de construction d’une autoroute en pleine forêt amazonienne avec un slogan : « Ni la Terre, ni les femmes ne sommes des territoires à conquérir ! ». 
De la Tunisie à l’Inde, en passant par l’Amérique Latine, ces mouvements de défense des femmes et de la nature se propagent. 

L’écoféminisme aujourd’hui

Les écoféministes ne sont pas toutes sur les mêmes bases et polémiquent beaucoup entre elles, mais une chose est sûre : les femmes sont en tête des manifestations pour l'environnement. Pour les écoféministes, l'émancipation des femmes n'est pas mise au rencart, mais est indissociable de la préservation de la nature. À quoi bon l’égalité, si on ne peut plus vivre sur la planète ! Elles lient aussi leur mouvement aux autres dominations et s'associent aux mobilisations d'opposition au racisme, au colonialisme et à la pauvreté. 

Pour creuser le sujet 

• Les femmes sont en tête des manifestions pour le climat, mais sont aussi les premières touchées par les conséquences du dérèglement climatique. Découvre pourquoi dans cette infographie. 
• Emilie Hache, philosophe, revient sur l’histoire de l’écoféminisme dans une interview pour Reporterre  
• À la rencontre de Françoise d’Eaubonne, une des toutes premières écoféministes françaises !