L'Accord de Paris,
c'est quoi ?
À sa signature en 2015, il est célébré comme une « victoire historique pour l’humanité » par les représentants de 195 États. L’Accord de Paris a été une première mondiale. Mais qu’est-ce que c’est que ce traité au juste ? On t’explique tout ça.
L’Accord de Paris, une première marche pour le climat
En 2015, lors de la grande conférence internationale sur le climat appelée COP21, à Paris, 195 pays se sont mis d’accord pour agir ensemble contre les changements climatiques. Et c’est une grande nouveauté, car avant ça, les accords ne concernaient pas tous les pays en même temps.
Le but premier de cet accord est de limiter la hausse des températures de la planète à 2 degrés Celsius, et si possible à moins de 1,5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel – en gros avant 1850. En signant l’Accord de Paris, toutes ces nations s’engagent dans un « développement à faible émission de gaz à effet de serre, d’une manière qui ne menace pas la production alimentaire ».
L’universalité de l’Accord de Paris appuie l’urgence climatique et l’élève comme une menace véritablement mondiale dont la responsabilité doit être partagée. Et ça, c’est une première !

Mais alors comment ça marche ?
Chaque pays a choisi librement ce qu’il va faire pour aider la planète en fonction de ses moyens et de sa situation : c’est ce qu’on appelle les contributions déterminées au niveau national, ou CDN. Ce sont des promesses que chaque pays fait pour réduire la pollution qui réchauffe la Terre, mais aussi pour s’adapter aux effets du changement climatique comme les grosses tempêtes, les sécheresses et les inondations.
Personne n’est obligé de faire la même chose. Par exemple, l’Inde s’est fixé comme objectif une augmentation de la part des sources d’énergies non fossiles à hauteur de 40 % de sa production d’électricité. Quant à la Chine, pays le plus émetteur du monde, elle vise la neutralité carbone (c'est-à-dire zéro émission nette) d’ici 2060. Et elle a précisé qu’en 2030, 25 % de sa consommation d’énergie viendrait de sources non fossiles – un pas important vu la taille du pays.
Tous les cinq ans, ces promesses sont réévaluées : elles doivent devenir plus ambitieuses au fil du temps. Par exemple, en 2021, le Rwanda a été le premier pays d’Afrique à réviser sa CDN : il vise une baisse de 38 % de ses émissions d’ici 2030. L’Accord ne prévoit pas de sanction, mais pour vérifier que tout le monde joue le jeu, un système de suivi a été mis en place. Chaque pays publie régulièrement un rapport sur ses progrès, ce qui permet à tous de voir où on en est et, si besoin, ajuster le tir.
Deux autres grands objectifs à retenir
En plus des efforts demandés pour atténuer ou contenir le réchauffement climatique, l’Accord de Paris insiste sur deux autres points très importants. D’abord, aider les pays à s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique, car tous les pays ne font pas face aux même coûts pour s’adapter. L’Afrique subsaharienne subit un tiers des sécheresses, par exemple. L’idée est d’améliorer la capacité de tous et de trouver des solutions concrètes pour protéger les populations et leurs moyens de subsistance.
Car l’Accord de Paris reconnaît l’« injustice climatique » et met l’accent sur le principe environnemental de « responsabilité commune mais différenciée ». Cela implique que les pays industrialisés réduisent davantage leurs émissions que les pays en développement et leur apportent leur soutien. C’est la première fois qu’un accord international intègre cette notion de « justice climatique ». En 2021, à la COP26 (Glasgow), on a doublé le soutien financier à l’adaptation : les pays développés s’engagent à soutenir les pays en développement les plus vulnérables, à hauteur de 40 milliards de dollars par an en 2025.
Ensuite, il faut changer la manière dont l’argent circule : les investissements publics et privés doivent soutenir des projets bas carbone et résilients comme le développement d’un grand parc solaire en Inde. C’est notamment l’un des objectifs de l’Agence française de développement (AFD) et de sa filiale, Proparco. En clair, l’économie doit avancer dans le même sens que les objectifs climatiques.
2025 : et maintenant ?
En 2025, l’Accord fête ses 10 ans. Une étape importante pour faire à la fois le bilan et, surtout, revoir les copies. Cette année marque aussi une échéance cruciale : les émissions mondiales devraient commencer à baisser pour tenir l’objectif de moins 43 % d’ici 2030 (par rapport à 2019).
Le défi est grand : 2023 a battu un record avec 55 milliards de tonnes équivalent CO2 émises. Et 2024 n’a pas franchement inversé la tendance. Résultat : en 2025, il est plus que temps de rehausser nos ambitions avec une troisième salve d’engagements nationaux. Mais est-ce vraiment possible ? Selon le GIEC, maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5 degré Celsius devient de plus en plus improbable. Il nous reste un « budget carbone » de 130 milliards de tonnes – c’est la quantité de CO₂ qu’on peut encore émettre sans franchir la barre des 1,5 degré. Et 130 milliards, c’est à peine trois ans au rythme actuel.
Côté politique, tous les feux ne sont pas au vert non plus : de retour à la Maison Blanche en 2025, Donald Trump a de nouveau retiré les États-Unis de l’Accord. Une décision qui complique encore la dynamique, sur fond de montée du climatoscepticisme. Mais tout n’est pas perdu : un sursaut est encore possible. À condition à ce que les pays s’engagent vraiment à réduire leurs émissions.
« À Paris, il y a eu bien des révolutions depuis des siècles, mais aujourd’hui, c’est la plus belle et la plus pacifique des révolutions qui vient d’être accomplie, la révolution pour le changement climatique. »
François Hollande, président de la République, à la COP 21 le 12 décembre 2015
Par Rédaction Tilt
Ressources :
- Tout comprendre sur l’Accord de Paris sur le site officiel de l’ONU
- Lire le texte de l’Accord, article 2.1
- L’Accord de Paris est-il respecté ? L’article du média Reporterre
- Pour tout comprendre des Contributions déterminée nationales
✊
J'agis
Environnement
Des garde-côtes submergés par la fonte des glaces
Environnement
Le stress hydrique, c'est quoi ?
Environnement
Nick Brandt : la beauté au service de la conscience écologique
Société
Victoire Tuaillon, éclairer en BD