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Les canicules marines, c’est quoi ? 

Rédaction Tilt le 30/08/2023

6 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Chaque été, les thermomètres s’emballent et les records de températures sont de plus en plus inquiétants. Impossible d’échapper aux canicules, ces vagues de chaleurs insupportables font du moindre mouvement un supplice. Mais savais-tu que les océans connaissent eux aussi leurs épisodes de surchauffe ? Moins médiatisées, mais tout aussi graves, ces canicules marines méritent notre attention. Alors c’est quoi exactement ? Quelles répercussions sur la faune, la flore et in fine sur notre planète ? 

Quand les océans prennent un coup de chaud

Imagine une mer en proie à une fièvre persistante, non pas pour quelques heures, mais parfois pendant plusieurs mois. C’est ce qu’on appelle une canicule marine ou vague de chaleur océanique. Ce phénomène se produit dans les zones côtières ou maritimes. Les températures grimpent jusqu’à rentrer dans le top 10 % des records de chaleurs, c’est-à-dire les plus élevées de toutes les températures enregistrées sur plus de cinq jours consécutifs durant ces trente dernières années.

Ces pics de chaleur marine surviennent lorsque des courants océaniques forment des zones plus chaudes que leur environnement habituel. Quand l’atmosphère se réchauffe, elle peut alors transférer la chaleur à la surface de l’eau. Les vents, quant à eux, jouent également un rôle décisif : selon leur direction ou leur force, ils peuvent intensifier ou atténuer cette hausse de température marine. 

Un phénomène qui s’aggrave au-delà de nos prédictions 

En juillet 2023, la mer Méditerranée a décroché un triste record en atteignant une température de 28,71°C. Le même été, l’Atlantique nord, avec ses 23,31°C mesurés, a aussi rejoint le club des « océans trop chauds ». Un record absolu comparé à ses moyennes habituelles observées entre 1971 et 2000. Et attention, ce ne sont pas juste des « mauvais jours » pour nos océans. Loin d’être des évènements isolés, les canicules marines se multiplient et s’accordent au rythme du changement climatique. On estime que huit des dix pics de chaleur marine ont été enregistrés au cours de cette dernière décennie. Une statistique qui donne le vertige.

En 2019, le GIEC avait pourtant tiré la sonnette d’alarme en prédisant dans son rapport une multiplication par 20 à 50 des canicules marines d’ici 2100. Mais selon l'expert Jean-Pierre Gattuso, un océanologue du CNRS, les différents pics de chaleurs mesurés au cours des étés 2022 et 2023 montrent qu’on a pu sous-estimer l'ampleur de la situation. La réalité dépasse même nos prédictions les plus pessimistes…

Des conséquences dramatiques pour la vie marine… et humaine

Avouons-le : qui n’a jamais rêvé d’une eau de mer plus chaude lors d’une baignade un peu trop fraîche ? Mais quand la mer se réchauffe, la question de notre confort est très vite rattrapée par des enjeux bien plus importants : c’est un signal d’alarme pour toute la planète. 

Les scientifiques sont formels : la canicule marine bouleverse l’écosystème marin. Elle entraîne des migrations massives d’espèces qui cherchent à fuir la chaleur de l’eau. Par exemple, des barracudas vivant habituellement en Afrique du Nord-Ouest sont aujourd'hui pêchés près des côtes provençales. Mais tous ne peuvent pas fuir. Des espèces comme les coraux, les algues ou les huîtres sont en première ligne, subissant les feux d'une eau en surchauffe. Le résultat ? Des espèces entières menacées d’extinction.

L'homme est aussi dans la ligne de mire. Les dérèglements océaniques touchent directement les pêcheurs : certains poissons essentiels à notre alimentation se raréfient, tandis que des espèces indésirables pullulent. Un océan moins riche, c'est une pêche en péril. Nos modes de vie, nos emplois, notre alimentation et même nos traditions côtières sont en jeu. En somme, quand les océans surchauffent, c'est toute une chaîne de vie, de l'algue à l’humain, qui est menacée.

L’océan, un bouclier fragile face à l’intensification du réchauffement climatique 

Ce n’est pas tout. Les canicules marines provoquent un réchauffement global et continu de la mer. Selon Thierry Perez, chercheur du CNRS à l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Écologie, la température a augmenté de +1°C jusqu'à 80 mètres de profondeur en seulement trente ans. C’est une très mauvaise nouvelle, car l'océan est notre meilleur rempart contre le réchauffement climatique. Il joue un rôle crucial en stockant plus de 90 % de la chaleur excédentaire due aux activités humaines, et en capturant près d'un quart du CO2 que nous émettons.

Or, un océan plus chaud perd en efficacité. Sa capacité à stocker du carbone diminue. Résultat ? Une plus grande quantité de CO2 reste dans l'atmosphère, ce qui accentue le phénomène de réchauffement. On est face à un effet boule de neige climatique.

Quelles solutions ?

Face aux vagues de chaleur marines, la réduction drastique de nos émissions de gaz à effet de serre est une priorité. Chaque fraction de degré est décisive. Il est impératif de viser l'objectif des 1,5°C pour limiter les impacts sur les écosystèmes et nos sociétés.
Parallèlement, nous devons anticiper et nous adapter à ces nouvelles réalités climatiques. Renforcer les systèmes de surveillance et d’alerte, améliorer la collecte et le partage de données en temps réel sur les températures marines et sur les courants océaniques peut aider à anticiper ces changements et à réagir rapidement. 

Pour creuser le sujet : 

Océans Climat

Par Rédaction Tilt

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