
Tourbières du Congo :
dernier joker pour atténuer
le réchauffement climatique ?
Le bassin du Congo abrite la plus grande zone de tourbières tropicales au monde. En permanence humides, ces sols piègent de grandes quantités de gaz à effet de serre. Si ce carbone stocké depuis plus de 10 000 ans était libéré, cela entraînerait de graves conséquences pour le climat.
Une bombe climatique à retardement
Au cœur de la forêt congolaise, à deux heures de moto de la ville de Mbandaka, une habitante du village pygmée batwa de Lokolama cueille des champignons. Habitués à côtoyer la forêt depuis plusieurs milliers d’années, à s’y nourrir, à s’y déplacer et à y célébrer leurs rituels sacrés, les peuples autochtones ont appris en 2017 que leur terre marécageuse recelait 30 milliards de tonnes de carbone, l’équivalent de trois années d’émissions terrestres de gaz à effet de serre d’origine fossile.
Et que cette réserve constituait une bombe climatique à retardement. Car si ce carbone accumulé depuis plus de 10 000 ans venait à être relâché dans l’atmosphère, le thermomètre de la planète pourrait monter d’un ou deux degrés supplémentaires.
Un biotope menacé
L’étonnante composition de ce biotope, qui s’étend sur 167 000 km2 (un tiers de la surface de la France) de part et d’autre du fleuve Congo, a été découverte par une équipe de chercheurs dirigée par le biologiste anglais Simon Lewis.
Encore relativement intacts, ces marais forestiers sont de plus en plus menacés par les activités humaines, alors que la population double tous les 20 ans. « Les villageois sont tentés d’accroître leurs productions pour les vendre aux commerçants de Mbandaka et augmentent les brûlis pour préparer de nouveaux champs », note Ovide Emba, qui participe aux recherches de Simon Lewis depuis 2017.
Plus au nord, certaines zones de tourbières sont déjà transformées en rizières. Mais ouvrir la forêt perturbe l’équilibre existant. L’eau s’évapore, la tourbe entre en contact avec l’air, les micro-organismes se développent, le carbone s’échappe dans l’atmosphère.
Par Argos x Tilt
"La photo qui fait Tilt" est proposée en collaboration avec le @CollectifArgos qui rassemble des journalistes engagé·e·s sur les questions environnementales. Cette photo est publiée dans le cadre de notre édition estivale consacrée à la République démocratique du Congo, dernier poumon vert de la planète.
📸 Gwenn Dubourthoumieu
✍️ Guillaume Jan
✊
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Environnement
Les tourbières, c'est quoi ?
