El Niño et La Niña,c'est quoi ?
Sais-tu que l’océan Pacifique est agité par des phénomènes naturels qui affectent toute la planète ? On les appelle El Niño et La Niña. Ce duo météorologique revient régulièrement sur le devant de la scène pour chambouler le climat de nombreuses régions du globe. On t’explique.
La naissance d’El Niño et de sa sœur la Niña
Dans les années 1800, à l’approche de Noël, des marins observent une vague d’eau chaude déferler sur les côtes péruviennes. Ils baptisent ce phénomène « El Niño de Navidad », référence à l’« Enfant Jésus » en espagnol.
Depuis, ce nom est resté pour désigner le réchauffement anormal des eaux de surface au large des côtes américaines, qui dure généralement entre neuf et douze mois. Quand l’inverse se produit et que les eaux deviennent exceptionnellement plus froides, on parle du phénomène « La Niña ».
Un océan pas si pacifique
En temps normal, deux forces opposées viennent troubler la tranquillité de l’océan Pacifique. D’un côté, les alizés, des vents qui soufflent d’est en ouest, emportent les courants marins réchauffés par le soleil vers l’Australie et l’Indonésie. Dans le même temps, un phénomène appelé « upwelling » fait remonter les eaux froides des profondeurs au large de l’Amérique. En résumé, les eaux du Pacifique sont plus chaudes à l’ouest, plus froides à l’est.
Mais voilà, tous les deux à sept ans, El Niño vient tout chambouler. Les alizés s’affaiblissent, les courants marins n’atteignent plus les côtes australiennes et la masse d’eau chaude proche de l’Indonésie stagne au centre du Pacifique. Résultat : en Amérique du Sud, la remontée des eaux profondes ralentit et la température de l’eau augmente. On se retrouve en plein phénomène El Niño !
Si El Niño apporte la chaleur, sa sœur joue la carte de la fraîcheur. La Niña inverse la tendance en amplifiant le mécanisme naturel de l’océan : les alizés gagnent en puissance et propulsent encore plus d’eaux chaudes vers l’Océanie, tandis qu’en Amérique du Sud, l’upwelling s’intensifie, refroidissant davantage les eaux de surface.
Des effets climatiques aux quatre coins du globe
En situation d’El Niño, les températures grimpent, le temps devient plus sec et la pluie se raréfie en Asie, en Afrique australe ou même dans le nord du Brésil. À l’inverse, les côtes d’Amérique du Sud, d’Afrique équatoriale et du sud des États-Unis voient la pluie s’intensifier. On pourrait croire que ces changements ne sont pas bien graves, mais El Niño favorise les phénomènes climatiques extrêmes : sécheresses en Australie, inondations massives en Amérique du Sud, cyclones tropicaux en Amérique centrale...
Quant à La Niña, son lot de fraîcheur et d’humidité pourrait laisser espérer qu’elle ralentit le réchauffement climatique. Mais les données sont sans appel : les neuf dernières années – les plus chaudes jamais enregistrées – montrent que ce n’est pas le cas. El Niño, lui, pourrait bien amplifier les effets du réchauffement climatique. Toutefois, les scientifiques ne savent pas encore si le changement climatique affectera la fréquence ou l’intensité de ces deux phénomènes.
Et des conséquences économiques
Qui dit climat modifié, dit bouleversements économiques et alimentaires. Les côtes péruviennes et argentines, réputées pour la richesse de leurs ressources maritimes, subissent de plein fouet les effets d’El Niño : le réchauffement des eaux et la baisse des remontées d’eaux froides – riches en nutriments vitaux pour la faune marine – réduisent les stocks de poissons.
Ces perturbations s’attaquent aussi aux récoltes de riz et de céréales, entraînant des hausses de prix qui pèsent sur de nombreuses familles. S’y ajoutent les inondations qui perturbent l’accès à l’eau potable, endommagent les infrastructures sanitaires et augmentent les risques de maladies
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime qu’en 2015-2016, El Niño a contribué à l’insécurité alimentaire de plus de 60 millions de personnes dans le monde. Surveiller El Niño et La Niña est donc essentiel pour anticiper leurs impacts sur la sécurité alimentaire, la santé et l’accès à l’eau – des enjeux d’autant plus cruciaux dans un monde en réchauffement.
L’année 2023 a été de loin l’année la plus chaude jamais observée. La fin de l’épisode El Niño ne s’accompagnera pas d’une pause dans le changement climatique à long terme, car notre planète continuera de se réchauffer sous l’effet des gaz à effet de serre.
Ko Barrett - Secrétaire générale adjointe de l'OMM
Par Rédaction Tilt
- Radio France | El Niño, La Niña : le tuto pour tout comprendre !
- Organisation Météorologique Mondiale (OMM) | El Niño devrait durer au moins jusqu’en avril 2024
- Bright Blue | El Niño et l’oscillation australe (ENSO)
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