insécurité alimentaire
# Tiltionnaire

L’insécurité alimentaire, c’est quoi ? 

Rédaction Tilt le 05/10/2022

5 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

Un milliard. C’est le nombre de repas gaspillés chaque jour dans le monde. Ce chiffre te paraît hallucinant ? Il l’est encore plus quand on sait 1 personne sur 11 dans le monde est confrontée à la faim. Un phénomène dont les contours ne sont pas évidents à définir. On t’explique. 

L’insécurité alimentaire bat de tristes records

Une personne en insécurité alimentaire, c’est quelqu’un qui n’est jamais sûr d’avoir accès à une quantité de nourriture suffisante pour satisfaire ses besoins. 

Pour mesurer l’insécurité alimentaire, l’ONU a défini une échelle qui va de « léger » – quand on n’est pas certain de se procurer des aliments – à « grave » – lorsque la faim met en danger notre vie. Cette part d’insécurité alimentaire  dite « grave » explose : en 2023, elle touchait 281 millions d’individus dans 59 pays . En Haïti et au Soudan, plus de la moitié de la population est concernée, tandis qu’à Gaza en 2024, tous les habitants sont touchés par la faim. 

La guerre, cause majeure d’insécurité alimentaire

Ça ne date pas d’hier, les conflits affament les populations. Les affrontements rendent impossible la culture des champs. Lorsque ces derniers ne sont pas détruits par les combats ou rasés par les bombardements, l’accès en est empêché. La faim peut aussi être utilisée comme arme de guerre : l’aide humanitaire est bloquée, les ressources alimentaires pillées, les marchés bombardés. Les civils sont contraints de fuir et d’abandonner leur terre et leur bétail, qui sont souvent leurs principales sources d’alimentation et de revenus.

L’exemple ukrainien est parlant : la production de blé s’est effondrée de 40 % depuis l’invasion russe. Les pertes se chiffrent à plus de 70 milliards d’euros.  Au-delà de la population ukrainienne, les habitants des pays qui dépendent des importations de blé comme Madagascar ou la République démocratique du Congo ont vu leur situation s’aggraver.  Cette moindre disponibilité des matières premières a fait flamber les prix sur le marché et renforcé la spirale de l’insécurité alimentaire.

Le dérèglement climatique nourrit l’insécurité alimentaire

L’autre grand moteur de l’insécurité alimentaire, c’est l’accélération des événements climatiques extrêmes. La désertification au Sahel, la sécheresse en Amérique centrale ou encore les typhons en Asie du Sud-Est anéantissent des hectares de cultures essentielles comme le blé, le maïs ou le riz. Résultat ? Les rendements agricoles dégringolent, la pauvreté s’envole. La Banque mondiale estime qu’en Afrique, 43 millions de personnes passeront sous le seuil de pauvreté d’ici 2030  si rien n’est fait. Côté mer, le dérèglement climatique fragilise les écosystèmes et met en péril la pêche artisanale qui nourrit un demi-milliard de personnes dans le monde .

Et pour ne rien arranger, les causes de l’insécurité alimentaire sont interdépendantes et s’aggravent mutuellement. Les phénomènes climatiques exacerbent les rivalités pour l’accès aux ressources naturelles, parfois jusqu’à la guerre. Par exemple, au Nigeria, dans le centre du Mali et au nord du Burkina Faso, les affrontements communautaires pour l’accès à l’eau et à la terre se multiplient et font des milliers de victimes.

Des répercussions en cascade

La première conséquence de l’insécurité alimentaire, c’est évidemment la faim. En 2023, plus de 705 000 personnes risquaient la famine, soit quatre fois plus qu’en 2016 . La famine et la sous-nutrition chronique causent des retards de croissance et de développement et des maladies graves chez les jeunes enfants, entraînant parfois leur décès.

Si la sous-nutrition en est une conséquence extrême, l’insécurité alimentaire même légère occasionne d’autres formes de malnutrition. On mange mal parce qu’on privilégie les aliments moins chers – souvent plus transformés, plus caloriques et pauvres nutritivement –, avec un risque 20 % plus élevé d’être en surpoids ou de souffrir d’obésité . La dimension psychologique est aussi à prendre en compte : la prise de poids serait en partie causée par le stress dû à l’incertitude du prochain repas. 

Comment combattre l’insécurité alimentaire ?

Selon l’ONU, l’augmentation de l’aide internationale est l’une des clés pour éradiquer l’insécurité alimentaire. Pour l’instant, seuls 70 milliards d’euros par an sont alloués  à l’aide internationale consacrée à la sécurité alimentaire, soit 0,07 % de la richesse mondiale. C’est vraiment peu. Des financements supplémentaires pourraient servir à augmenter la productivité des agriculteurs, renforcer leur résilience face au changement climatique et encourager l’autonomie alimentaire grâce à une production et à une consommation locale.

Dans cette perspective, l’ONG Action contre la Faim promeut des actions liées à l’agroécologie, un ensemble de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. En clair, moins de pesticides et de monocultures, et plus de ressources naturelles préservées. Des résultats encourageants émergent en Amérique latine où l’insécurité alimentaire a reculé pour la deuxième année consécutive grâce à des programmes sociaux forts. Ainsi, au Brésil, la priorité donnée par le président Lula à la lutte contre la faim a permis à 13 millions de Brésiliens de ne plus être sous-alimentés


« Il est honteux que dans notre monde d’abondance, environ une personne sur dix soit régulièrement privée de nourriture pendant une journée entière ou plus.» 

 

Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies

Santé

Par Rédaction Tilt

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