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# Deep Tilt

Lygie Harmand

Les conséquences du changement climatique : quand le climat change, l’océan trinque 

Plateforme Océan & Climat x Tilt le 12/05/2022

6 min de lecture 🧠   Niveau « Je me débrouille »

Le climat et l’océan sont des complices inséparables… Mais l’Homme, comme un ami toxique, ne vient-il pas perturber cet équilibre ? Car nos émissions de gaz à effet de serre (GES), qui ont augmenté de 55 % en seulement 20 ans, perturbent les relations entre le climat et l’océan… Et nous commençons déjà à subir les conséquences du changement climatique. Celles-ci menacent la faune, la flore, la pérennité de nos économies et nos modes de vie… Il n’est pas trop tard pour rectifier le tir. Mais avant, il faut comprendre la nature du problème : quelles sont les conséquences de la pollution sur le système océanique ? C’est ce que nous allons voir maintenant.

L’océan en danger : il devient plus acide 

L’océan absorbe naturellement le carbone présent dans l’atmosphère. Plus il y a de carbone dans l’atmosphère, plus celui-ci se retrouve dans l’océan. Le CO2 étant un gaz acide, l’eau dans laquelle il se dilue devient plus acide également. Et il ne s’agit pas d’un phénomène marginal : depuis le début de la révolution industrielle, l’acidité de l’océan a augmenté de 30 %. Autrement dit, sa composition chimique se modifie progressivement. 

Or, quand l'eau devient acide, les ions carbonates (CO3 2–) deviennent plus rares, et ces ions sont l'une des briques nécessaires aux plantes et animaux marins pour fabriquer leurs structures calcaires - comme le corail avec son exosquelette, ou les coquillages avec leurs coquilles. 

Ces organismes deviennent donc plus vulnérables et leurs populations se raréfient… Ce n’est pas uniquement un problème pour les amateurs d'huîtres ou de moules marinières : c’est un problème pour l’ensemble de la chaîne alimentaire dont ces organismes forment l’un des premiers maillons.

De même, les récifs coralliens constituent des abris essentiels pour énormément de petits animaux marins (poissons, invertébrés) ; ils offrent le gîte à presque 35 % de la vie marine, que l'on mesure en kilos ou en nombre d’espèces (93 000 sur les 270 000 espèces marines connues). Sans les récifs coralliens, ces espèces risquent de disparaître, ce qui perturberait encore une fois la chaîne alimentaire et menacerait la survie d’animaux plus gros, dans l’océan et même sur la terre ferme…

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Lygie Harmand

L’océan perd de l’oxygène : une des conséquences du changement climatique 

Ce phénomène s’explique de deux manières. D’abord, nous faisons face au réchauffement de l’océan. Depuis les années 1970, la température des 75 premiers mètres augmente de 0,11°C par décennie. Cela ne paraît rien, mais c’est loin d’être anodin, comme nous allons le voir plus loin… En parallèle, depuis les années 1980, les vagues de chaleur océaniques se multiplient - ce sont des épisodes où, par endroits, la température en surface de l’océan augmente fortement…. Problème : plus l’eau est chaude, moins l’oxygène y est soluble, c’est-à-dire qu’il passe plus difficilement de l'atmosphère au milieu aquatique. 

Deuxième explication : les activités humaines (agriculture, stations d’épuration) rejettent de l’azote et du phosphore dans la mer. Ces polluants favorisent le développement d’algues et de micro-algues, qui, comme tout être vivant, ont besoin de respirer… Pesant ainsi davantage sur les réserves d’oxygène de l’océan. 

Depuis les années 1950, l’océan a perdu 2 % de son oxygène. Ce chiffre devrait passer à 4 % d’ici 2100. Il s’agit d’une moyenne, car dans les faits, la perte d’oxygène est un phénomène inégal du point de vue géographique.

Certaines zones particulières, appelées "zone de minimum d'oxygène", ou zones mortes, sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus grandes ; on en dénombrait seulement 45 en 1960, et déjà 700 en 2011. Ces zones constituent une pression supplémentaire que l’Homme inflige aux écosystèmes marins, déjà mis à rude épreuve. 

En état de suffocation, l’océan se transforme. Certaines espèces déclinent, d’autres se déplacent, tandis que les espèces opportunistes s’adaptent et prolifèrent - c’est le cas des microbes, des méduses et de certains calmars.

De tels bouleversements risquent d’avoir des conséquences socio-économiques importantes, selon l’ONU, plus de 3 milliards de personnes vivent grâce à la biodiversité marine et côtière.

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Lygie Harmand

La montée des eaux, un phénomène causé par le changement climatique

Depuis un siècle, nous avons mesuré que le niveau de la mer avait augmenté de 17 centimètres. Pire : le rythme de cette élévation s’accélère depuis une petite trentaine d’années ! Ce phénomène inquiétant s’explique de deux façons… 

L’océan se dilate

La mer est comme nous : quand elle a chaud, elle gonfle. En fait, c’est une loi générale qui se vérifie pour les gaz, les solides et les liquides. Si la température augmente, les particules s’agitent et prennent plus de place - le milieu concerné tend donc à se dilater… Depuis 1993, la dilatation thermique a fait monter le niveau de la mer de 1,1 millimètre par an. Ce phénomène devrait s’accentuer dans les années qui viennent, car le réchauffement del’océan va de plus en plus vite…

Comment expliquer la fonte des glaces ?

Si la glace se forme sur la terre, par accumulation et tassement de neige, on parle de glacier, quand un glacier devient très grand, on parle aussi de calotte glaciaire. Par contre, si la glace se forme directement en mer au pôle Nord ou au pôle Sud, alors on parle de banquise, la banquise, donc, flotte comme un gros glaçon. Typiquement, l’Arctique est une banquise, tandis que l’Antarctique et le Groenland sont des terres couvertes de calottes glaciaires. Mais les glaciers, les calottes et les banquises ont un point commun : ils fondent. 

La fonte des glaciers et des calottes contribue beaucoup à la montée des eaux - de presque 1,9 millimètre par an.. Le pire pourrait être à venir. Si tous les glaciers et les calottes devaient fondre, la mer monterait de quelques… 80 mètres ! Par contre, quand elle fond, la banquise ne fait pas monter le niveau de la mer, d’ailleurs, tu peux vérifier toi-même que ton verre ne se remplit pas quand des glaçons fondent à l’intérieur - le volume total reste identique. 

La fonte de la banquise pose d’autres problèmes. Par sa couleur claire, elle possède un fort pouvoir de réflexion des rayons solaires. En d’autres termes : elle nous rafraîchit en renvoyant dans l’espace la chaleur provenant du soleil… C’est un bouclier dont nous avons besoin ! La banquise est indispensable pour la formation des courants océaniques. Si elle devait disparaître, elle perturberait drastiquement l’environnement et beaucoup d’espèces subiraient les conséquences de ce changement.

Enfin, la fonte des glaces pose un dernier problème : elle génère des courants spécifiques, faisant remonter à la surface des eaux profondes et riches en CO2. Quand ces eaux remontent, leur température augmente, et quand un liquide prend de la température, il tend à relâcher le gaz qu’il contient (comme une bouteille de soda qui se réchauffe perd ses bulles). Ainsi, de manière indirecte, la fonte des glaces pousse l’océan à relâcher du CO2 dans l’atmosphère…

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Lygie Harmand

L'océan est malade et nous envoie des alertes

Affecté par le changement climatique et par l’activité humaine, l’océan semble de plus en plus éprouvé : sa capacité à “nous rendre des services” diminue… Il pourrait même, dans certains cas, perturber le climat et la vie sur les continents. 

Avis de tempête en mer…

Nous l’avons dit : l’océan se réchauffe. Les vagues de chaleur océanique se multiplient en nombre et en intensité. Par exemple, entre 2013 et 2015, le Pacifique Nord-Ouest a connu des vagues record allant jusqu’à +6,2°C. Et ces vagues sont particulièrement inquiétantes : en provoquant une forte évaporation d’eau dans l'atmosphère, ce sont elles qui sont à l’origine des phénomènes extrêmes dans les régions tropicales…

Autrement dit, il faut s’attendre à ce qu’on ait des tempêtes en mer plus violentes et plus fréquentes - au risque parfois, de provoquer d'importants dégâts sur les continents…

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Lygie Harmand

Conséquence de la montée des eaux ? Le littoral boit la tasse... 

Plus la mer monte, plus les inondations sur le continent seront fréquentes et graves dans les zones de faible altitude. Par ailleurs, en montant, la mer grignote les côtes et accélère son érosion… 

Ces deux phénomènes combinés posent d’abord un problème évident : ils risquent d'endommager des habitations, des zones touristiques, agricoles ou naturelles (à terme, celles-ci pourraient devenir complètement inhabitables).

Un autre problème, plus sournois, est que l’eau salée s’infiltre de plus en plus dans les nappes phréatiques, transformant ces réserves d’eau douce en eau non potable.

Changement climatique : entre incertitudes et inertie 

Le changement climatique est inévitable, mais son amplitude est encore sujette à débat, d’autant que notre action (ou notre inaction) déterminera la trajectoire que nous prendrons dans les siècles à venir. 

Il faut noter que certains changements induits dans l’océan sont irréversibles - ou presque. Par exemple, l’acidification ou la montée des eaux vont continuer pendant des siècles, et ce, même si nous arrêtions maintenant d’émettre le moindre GES - le rêve est permis ! 

Par conséquent, s’il est possible de “limiter la casse”, il faut également se préparer à certains changements prévisibles. Certaines activités seront impactées (la pêche, le tourisme, l’agriculture), des populations devront se déplacer, et ainsi de suite… Bref : nous devrons nous adapter. 

L’océan régule le climat… En retour, le climat garantit l’équilibre de l’océan…

Avec les GES, l’Homme a jeté un grain de sable dans ce système complexe et bien huilé. Une machine qui pourrait s’emballer complètement… à moins que nous prenions le problème à l’envers ?

Nous pourrions mettre l’océan de notre côté ; tirer parti de son énorme pouvoir régulateur pour limiter les conséquences du changement climatiquePour le protéger, il suffirait de lui donner un coup de pouce et/ou de le laisser tranquille.

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Par Plateforme Océan & Climat x Tilt

Une infographie réalisée en partenariat avec la Plateforme Océan & Climat 

✏ (texte) Benjamin Stock 

✏ (illustrations) Lygie Harmand 

Plateforme Océan & Climat | WWF | C2es | ONU 

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