Changement climatique : ça veut dire quoi s’adapter ? 

Face au dérèglement de la machine climatique, il faut bien sûr diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Mais ce n’est pas tout : un autre levier d’action, tout aussi important, existe. C’est l’adaptation. S’adapter, c’est identifier un risque lié au dérèglement climatique et trouver des moyens d’y répondre, pour diminuer l’impact négatif qu’il peut avoir sur nos sociétés.

Quels sont les risques causés par le changement climatique ?

En modifiant les équilibres naturels (températures, cycle de l’eau, courants marins et aériens…), le dérèglement climatique enraille en réalité la machine terrestre et cause des nombreuses perturbations. 

Des impacts multiples…

Le dérèglement climatique a plein de conséquences. Certaines sont plus immédiates, comme l’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité des sécheresses et des feux de forêts, mais aussi des canicules, etc… Parce qu’il ne faut pas oublier que quand on parle de +2 degrés, c’est en moyenne. Ça pourrait être +5 degrés par exemple au pôle Nord. Et dans des villes très urbanisées, comme Paris, où tout le béton accumule la chaleur et transforme la ville en four, on pourrait avoir jusqu’à +8 degrés !

Le dérèglement climatique perturbe également le cycle des pluies. Résultat : selon les prévisions, si le réchauffement climatique continue, la quantité de pluie va devenir plus importante dans les régions froides, comme l’Amérique du Nord par exemple, et moins importante dans des régions comme le pourtour de la méditerranée, l’Amérique centrale et les Caraïbes ou encore l’Australie. On aura également de plus en plus d’évènements extrêmes. Concrètement, ça veut dire plus de pluie torrentielles qui peuvent créer des inondations, comme ça a été le cas en Belgique et dans le Sud de la France en 2021 ou au Pakistan à l’été 2022

D’autres phénomènes à évolution plus lente sont aussi perceptibles : la fonte des glaces terrestres, qui contribue à l’élévation du niveau des mers, l’érosion lente des côtes, la désertification, l’acidification de l’océan... tout cela contribue au bouleversement des écosystèmes et affecte les humains mais aussi tous les autres êtres vivants sur Terre.

…qui ne touchent pas tout le monde de la même façon 

Si les changements climatiques sont une réalité pour l’ensemble de la planète, tous les pays n’en subissent pas les conséquences de la même façon. Et tous ne disposent pas non plus des mêmes moyens pour y faire face éviter les catastrophes. 

On observe une vraie injustice mondiale, car les pays qui ont le moins contribué au réchauffement climatique (comme les pays d’Afrique par exemple) sont aussi ceux qui souffrent le plus de ses conséquences. Détérioration des moyens de subsistance, augmentation de la faim, migrations forcées : les populations les plus pauvres et les plus vulnérables sur Terre sont les premières victimes.

Et pire encore, le dérèglement climatique contribue à creuser les inégalités. La raréfaction des ressources naturelles, comme l’eau, ou encore l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes (c’est à dire les cyclones, les incendies, les sécheresses) exacerbent l’instabilité dans de nombreuses régions du monde et aggravent les risques de conflits.

L’adaptation : une réponse essentielle

Qu’est-ce que l’adaptation au changement climatique ?

Face aux risques que représente le dérèglement climatique, on a deux leviers d’actions : l’atténuation et l’adaptation. L'atténuation du changement climatique signifie ralentir et stopper le réchauffement de l’atmosphère. Ceci passe par la réduction des émissions de gaz à effet de serre qui en sont la cause.

L’adaptation, ça consiste à limiter la vulnérabilité des systèmes (c'est-à-dire limiter la prédisposition des sociétés, des infrastructures et des écosystèmes à subir des dommages suite à un évènement climatique) ou à les rendre plus résilients (donc augmenter sa capacité à faire face à un évènement climatique et à y réagir de façon à conserver ses fonctions essentielles ou à les retrouver rapidement). 

 
Un peu compliqué ? Pas de panique, voici quelques exemples : 

Une multitude de stratégies d’adaptation

S’adapter, c’est identifier un risque lié au dérèglement climatique et trouver des moyens d’y répondre, diminuer l’impact qu’il peut avoir sur les sociétés. Par exemple : 

Au niveau de l’urbanisme : face à de forts risques d’inondation ou si on est dans une région côtière menacée par l’élévation du niveau des mers, une stratégie d’adaptation consiste à construire les nouvelles habitations hors des zones de risque d’inondation.

Au niveau de l’agriculture : de plus en plus de régions du monde sont touchées par des vagues de chaleur, une intensification des sécheresses, des pénuries d’eau… Une façon pour l’agriculture de s’adapter à ces risques, ça peut être par exemple en effectuant les plantations dans des zones de plus haute altitude pour faire face à la hausse des températures, ou encore de privilégier pour les cultures des espèces qui ont besoin de moins d’eau pour pousser et se développer.

Au niveau de l’approvisionnement en énergie : les évènements extrêmes, comme les tempêtes, qui sont rendus plus fréquents et plus intenses par le dérèglement climatique peuvent endommager les réseaux électriques, entrainant des coupures, des ruptures de service, ou une diminution des performances énergétiques. Une façon de s’adapter peut consister à enfouir les réseaux énergétiques dans des zones de fort vent ou de forte chaleur.

Au niveau de la santé : le dérèglement climatique s’accompagne d’une augmentation des vagues de chaleur et des canicules, qui causent des problèmes de santé sur les populations les plus vulnérables, mais peut favoriser également la propagation de certaines maladies, notamment les maladies vectorielles (qui sont transmises par des agents, les moustiques par exemple, comme la dengue) ou des maladies qui sont liées à une mauvaise qualité de l’eau, ce qui est aggravé par l’élévation du niveau des mers. 

Dans toute l’Afrique subsaharienne, les changements climatiques ont entraîné une augmentation des maladies telles que paludisme, la dengue, la fièvre de Lassa, la fièvre de la vallée du Rift, la maladie de Lyme, le virus Ebola ou celui du Nil occidental. 

Une mesure d’adaptation face à ces risques sur la santé consiste à renforcer les systèmes de santé, pour pouvoir offrir une meilleure prise en charge hospitalière et traiter au mieux ces maladies.

mais l’adaptation a aussi ses limites…

Il existe toutefois des limites à l’adaptation au changement climatique. Certaines ont déjà été atteintes ou sont proches de l’être, c’est le cas des mangroves ou encore des récifs coralliens par exemple, qui ont déjà subi de fortes pertes, et pour lesquels, passé une certaine température, il ne sera plus possible de revenir en arrière. Le risque d’extinction de certaines espèces océaniques pourrait être multiplié par 10 si le réchauffement passe de 1.5°C à 3°C, par exemple.

Et bien sûr, plus la température mondiale augmentera, plus les conséquences seront lourdes, et plus il sera difficile de s’adapter. L’adaptation n’est donc pas un prétexte pour cesser les efforts d’atténuation mais une action complémentaire. Et chacune, de ces actions est essentielle… s’adapter permet de gérer l’inévitable. Et atténuer, permet d’éviter l’ingérable.