Pertes et préjudices, la dette climatique
Rédaction Tilt le 04/11/2022
🧠 Niveau « J'y connais rien »
Pertes et préjudices. Cela ressemble à un titre de roman de Jane Austen (ou sa version filmée), mais rien à voir. C’est le nom d’un âpre combat mené par les pays les plus vulnérables du globe face aux plus riches. On t’explique lequel !
Récap de la situation
La situation est simple : ce sont les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés du Nord, accumulées depuis deux siècles, qui modifient le climat et provoquent sécheresses, pertes de récoltes et montée des eaux dans l’hémisphère sud où se concentrent la plupart des pays pauvres. C’est tellement évident qu’on en parle depuis les premières conférences internationales sur le climat. Pourtant, il n’est pas si simple de faire payer les responsables.
Des conséquences irréversibles
Les pertes, ce sont les conséquences irréversibles de la crise climatique sur les vies, les moyens de subsistances, comme par exemple la disparition d’un cours d’eau, une zone devenue définitivement aride et inexploitable.
Les préjudices concernent ce qui peut être réparé, comme des habitations détruites par un incendie ou un ouragan. Mas derrière les deux termes, ce sont surtout des vies en danger.
La question des « pertes et préjudices » a été mise sur le devant de la scène par les pays vulnérables dès les premières conférences climatiques, ce qui a débouché sur la création d’un « mécanisme international pour pertes et dommages ». La notion de « pertes et préjudices » a ensuite été intégrée à l’Accord de Paris aux côtés de l’atténuation (un engagement planétaire de baisse des émissions de gaz à effet de serre) et de l’adaptation (la mise en œuvre de solutions pour s’adapter aux risques du réchauffement climatique).
Les pays riches pinaillent
Les pays industrialisés se déjà sont engagés à aider financièrement les pays les plus pauvres et les plus vulnérables dans leurs efforts d’atténuation et d’adaptation, soit environ 100 milliards de dollars par an à compter de 2020. Mais ils traînent des pieds à l’idée de compenser et réparer, en plus de cela, les dégâts de l’impact climatique.
Car la facture pourrait être salée : selon Oxfam, cela pourrait aller de 300 à 600 milliards de dollars par an d’ici 2030, et 1700 milliards en 2050 ! Les nations industrialisées pinaillent en expliquant qu’il est difficile de faire le lien entre le réchauffement climatique et telle catastrophe naturelle, ou telle région dont les sols sont rendus stériles à cause de l’érosion...
La survie des pays vulnérables
Lors de la COP26 de Glasgow (en novembre 2021), la question des pertes et préjudices est devenue centrale. Avec des images et des discours chocs, comme celui prononcé par un ministre des îles Tuvalu debout dans l’eau pour évoquer l’inexorable montée du niveau de la mer, les pays vulnérables ont réclamé ces fonds pour leur « survie ». Ils n’ont obtenu que la poursuite du dialogue pendant deux. Il sera donc beaucoup question des « pertes et préjudices » à la COP27 en Égypte, qui fait partie du groupe des pays vulnérables.
Les habitants de mon pays sont ceux qui ont le moins contribué à la crise climatique, mais nous en subissons déjà les pires conséquences. C'est une faillite morale que de continuer à disserter sur les pertes et les préjudices. Nous avons besoin d'argent réel sur la table pour aider les communautés qui perdent leurs moyens de subsistance, et des vies.
Vanessa Nakate, jeune militante pour le climat et fondatrice de Rise Up, Ouganda
Citation issue de cet article
Pour creuser le sujet :
- Un exemple très concret de pertes et préjudices à travers le vécu d’un paysan pêcheur, confronté à la montée des eaux, l’érosion côtière et le recul des terres agricoles, à Palmarin au Sénégal
- Comprendre le débat sur les pertes et préjudices en 3 minutes en vidéo avec Euronews, un affrontement diplomatique entre le Nord et le Sud.
- Comment le réchauffement climatique va bouleverser l’humanité ? La hausse des températures entraîne des sécheresses problématiques pour l’agriculture et perturbe le cycle de l’eau. Une vidéo très didactique conçue par le vulgarisateur scientifique spécialisé dans le climat, Rodolphe Meyer (Le Réveilleur).
Par Rédaction Tilt
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