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# Deep Tilt

S’engagersur les réseaux sociaux :une stratégie efficace ?

Rédaction Tilt le 05/10/2022

7 min de lecture 🧠   Niveau « J'y connais rien »

La mort de Georges Floyd a résonné dans le monde entier par sa violence et son injustice. Le carré noir #BlackLivesMatter s’est diffusé Outre-Atlantique et a relancé le débat sur les violences policières en France. Avant ça, la libération de la parole s’est propagée dans la société civile grâce au #Metoo. Mais est-ce que tous ces mouvements auraient eu le même impact sans Internet ?

Sur les réseaux sociaux, de nouvelles formes d’engagement


Les formes d’engagement changent avec chaque époque. La lutte contre les situations d’oppression ou la révolte contre l’inaction climatique ou sociale est très ancrée chez les jeunes générations interconnectés et mobilisés sur les réseaux. Internet, c’est donc l’outil clé de mobilisation collective, en particulier chez les plus jeunes. Mais est-ce qu’il permet réellement de créer de nouvelles formes de solidarité ? Et surtout, comment faire pour qu’une idée aille au-delà d’un simple « repartage » de contenu et se concrétise en actes ? 

Internet révolutionne le monde


L’apparition d’Internet a révolutionné la diffusion de l’information dans le monde. Aujourd’hui, l’information est disponible partout, tout le temps, en instantané. Quant au XXème siècle on avait une information principalement descendante, aujourd’hui on passe de plus en plus à une information horizontale, avec une forte logique d’entraide collaborative. Les exemples sont nombreux : des logiciels open source aux monnaies alternatives, tout cela permet aussi de faire face à des institutions financières, économiques, culturelles de plus en plus contestées. 

Lassées de ne jamais pouvoir atteindre les médias traditionnels, certaines causes se sont emparées d’Internet pour exister. Des plateformes de pétitions en ligne, aux vidéos virales, en passant par le podcast, toutes ces nouvelles mobilisations sont autant de moyens de rassembler les milliards d’êtres humains interconnectés. Grâce à la magie d’Internet, une information locale peut désormais résonner dans le monde entier et de nombreux réseaux d’entraide en ligne surgissent à chaque crise humanitaire

Militantisme ou slacktivisme ?


Pour autant, signer une pétition, est-ce s’engager ? Plusieurs critiques qualifient le militantisme en ligne de « slacktivisme ». Le terme a été prononcé pour la première fois par Dwight Ozard et Fred Clark en 1995 pour désigner la “politique du petit pas” ou l’engagement des jeunes générations en ligne à titre personnel, à petite échelle. Ce mot-valise formé par la fusion du terme anglais slacker (« fainéant ») et du mot « activisme » initialement pensée dans une connotation positive, est surtout utilisée maintenant de manière négative et a été reprise par des nombreux.ses penseur.ses pour désigner une forme de militantisme mou et paresseux. 

Certains y voient une opportunité de se donner bonne conscience sans pour autant peser dans l’échiquier politique, d’autres alertent sur le danger d’un militantisme individualiste qui ferait reposer la responsabilité sur les citoyens plutôt que sur les organisations politiques collectives. Selon certaines études, il y aurait même un effet de substitution plutôt néfaste : beaucoup de « slacktivistes » s'arrêteraient à leur mobilisation en ligne et s'engageraient encore moins, puisqu’ils ont l'impression d'avoir aidé au même titre que s'ils donnaient de l'argent ou manifestaient dans les rues.


Avec l’avènement d’Internet, aujourd’hui, chaque personne a le droit d’occuper l’espace numérique médiatique et de toucher la population. Il faut cependant essayer d’aller sur le terrain, et grâce à Internet, il est possible d’amorcer une synergie en ligne, créer des groupes ou des associations pour cela. On ne peut évidemment pas se contenter poster une photo ou mettre un hashtag.

Bintou Maria Traoré

Quels sont les risques liés aux médias sociaux ?


Aujourd’hui, on admet que les réseaux sociaux — qui amplifient la voix des activistes, des politiques des médias, etc..— permettent de se forger une conscience politique et de s’engager. Mais ils comportent aussi de nombreux risques. Lesquels ? 

Des réseaux pas si horizontaux

Le militantisme des réseaux sociaux, bien qu’accessible à tous.tes et gratuit, est aussi touché par un phénomène de verticalisation. Les meilleurs communicants tirent leur épingle du jeu tandis que d’autres sont invisibilisés sous l’effet des algorithmes. On le sait bien : de nombreuses entreprises surfent aussi sur le succès de certaines causes auprès de leurs publics cibles et n’hésitent pas à financer des stars du militantisme en ligne pour faire des campagnes.


La présence des politiques sur les réseaux sociaux ne doit donc pas être considérée comme un hasard. Entre Twitch, Instagram, Tik Tok, Facebook ou encore Twitter, cette omniprésence leur permet de gagner en visibilité auprès des internautes. Un choix bien entendu stratégique lorsqu’on observe l’importance de toutes ces plateformes dans notre quotidien.

Fake news, complotisme et compagnie

Au-delà de ce risque d’instrumentalisation, les risques de circulation de fausses informations sont importants. Sur Instagram ou Twitter, il est encore trop rare de voir des informations citées ou fact checkées. D’après une étude du CSA, la viralité des fausses informations est plus importante que des informations vérifiées. Or les gens s’informent de plus en plus sur les réseaux sociaux. Par exemple, d’après le CSA, les Français s’informent désormais quasiment autant en ligne (69 %) que via la télévision (71 %). 


Dans son étude, le CSA a étudié des comptes connus pour partager des fausses informations sur Twitter. Ils ont remarqué que si ces comptes sont en général moins populaires que ceux des sources dites fiables, ils bénéficient néanmoins d’abonnés très actifs. Ces abonnés vont plus fréquemment interagir avec les contenus publiés par ces comptes, et les repartager autour d’eux. Ce public a cependant largement tendance à suivre d’autres sources, notamment des médias traditionnels. Les sujets abordés par ces comptes non fiables sont souvent liés à l’actualité ou à des sujets clivants voire polémiques. Ce sont par exemple des Tweets traitant de politique, de l’immigration, de la santé, de la religion et du terrorisme.

Et plus désespérant encore : les vraies informations ne chassent pas toujours les fausses. Même quand on veut corriger une fausse information, il arrive que la fausse information soit davantage présente sur les réseaux sociaux que sa correction. Le correctif ne devient majoritairement discuté que lorsque le sujet s’essouffle sur Twitter.

Et les bulles dans tout ça ?

Toujours selon l’étude du CSA, certains individus (qui restent minoritaires) sont abonnés exclusivement à des comptes qui ne leur permettent pas d’être confrontés à des sources d’information susceptibles de corriger les fausses informations reçues par ailleurs. Le CSA parle de « chambre d’écho »


Plus largement, on sait que sur Instagram, Twitter, Facebook ou autre, l’information qui nous arrive est déjà sélectionnée par des programmes informatiques qui nous donnent à voir ce qui est censé nous intéresser, en fonction de ce qu’on partage, de ce qu’on like. Cela crée nécessairement un biais. Elie Pariser, un activiste américain, parle de “bulles de filtres” pour expliquer que les algorithmes nous enferment en réalité dans des bulles qui nous empêchaient de voir d’autres opinions que celles que l’on partageait déjà.

Quelles sont les pistes d’actions ?


Entre création de mouvements internationaux de grande ampleur pour la justice sociale et climatique et risque de complotisme insurrectionnel, la mobilisation en ligne peut produire le meilleur, comme le pire. Est-ce que pour autant, peut-on affirmer que les réseaux sociaux permettent de fédérer à grand échelle et de structurer de vrais mouvements militants ?  Il est encore trop tôt pour le savoir ! On peut néanmoins affirmer que ces formes populaires de mobilisation changent les règles du jeu politique et nous incitent à repenser notre manière de nous engager.

Et il y plusieurs pistes d’action pour s’engager depuis chez soi, en ligne. Louisa t’explique comment changer le monde à coup de stories (mais pas que !) dans cet épisode de Flemme ou Flamme 👇

Conseil n°1 : Bien s’informer et détecter les fake news


Malgré les bulles de filtre et la circulation massive de fake news, les réseaux sociaux restent un espace d’information. De nombreux comptes vérifiés publient des informations en temps réel, sur des sujets parfois moins traités par la sphère médiatique traditionnelle. Mais il faut savoir faire le tri ! 

Ça veut dire vérifier les sources, se demander qui anime le compte, regarder si les sources sont précisées, si d’autres médias véhiculent la même information. Un outil utile : Decodex mis en ligne par Le Monde. 
Mais c’est aussi faire le ménage, pour soi et pour les autres. En signalant par exemple les fake news et en redirigeant vers une source qui propose du fact checking (vérification des faits).

Conseil n°2 : Échanger et partager son vécu

Prendre la parole, parler de soi, partager son expérience. C’est un des moyens de soutenir une cause pour faire monter le sujet. Par exemple, le mouvement #MeToo s’est construit sur la multiplication des témoignages individuels. C’est parce que des milliers des femmes ont eu le courage de parler de ce qui leur était arrivé que cela a donné naissance à un véritable mouvement de masse.

Mais ça veut dire aussi partager des informations fiables. Et en particulier si on a une expertise sur un sujet, un domaine. À l’image d’un certain nombre d’influenceurs qui font de la pédagogie sur leurs sujets d’expertise ou de vulgarisation. 

Conseil n°3 : Soutenir des mouvements

On peut relayer des mouvements, grâce à des hashtags, des images… De nombreux mouvements boudés par les pouvoirs publics ont dû être pris en compte suite à des mobilisations massives sur les réseaux. 
Cela passe aussi par le fait de signer des pétitions, de participer à des opérations collectives pour interpeler des entreprises, des politiques via les réseaux sociaux sur des causes spécifiques.

Conseil n°4 : S’organiser & se mobiliser 


L’effet de réseau permet de rendre visible l’action de quelques personnes à des milliers voire des millions d’autres
Grace aux réseau, on peut lancer des appels à soutiens à travers des influenceurs ou auprès de sa propre communauté. C’est ce que font des personnalités comme Camille Etienne, Hugo Clément et bien d’autres, qui utilisent leur notoriété pour remplir le rôle de « passeurs ». 

Mais même sans grande communauté, chaque utilisateur peut remplir ce rôle de passeur en partageant du contenu, en relayant des luttes, des appels à mobilisation. Les appels passés auprès de petites communautés - ce qu’on appelle la nano-influence - se révèle d’ailleurs plus efficace en termes d’engagement que les appels passés par les « grands » influenceur.se.s. 

Les revendications numériques ont d’autant plus de chances d’être écoutées qu’elles sont combinées, ou qu’elles débouchent sur des actions de mobilisation. Les réseaux sociaux, notamment les groupes Facebook ou les boucles WhatsApp ont permis et continuent d’amorcer des synergies qui se transforment en action collective dans la vraie vie. Pour exemple, les printemps arabes et les Gilets jaunes qui se sont construits et structurés via les groupes sur Facebook.

👉 Flemme ou Flamme c’est quoi ? 

Flemme ou Flamme, c’est la série qui t’aide à mieux comprendre le monde pour te donner la flamme d’agir. Découvre tous les conseils de Louisa pour faire bouger Flemme de son canapé car contrairement à ce que cette dernière croit, tout « n’est pas foutu ». Parviendra-t-elle à relever ce défi ? Pour le savoir, retrouve tous les épisodes sur notre chaîne Youtube. 

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Par Rédaction Tilt

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