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Lygie Harmand

La protection de l’océan, un pas pour lutter contrele changement climatique

Plateforme Océan & Climat x Tilt le 12/05/2022

6 min de lecture 🧠   Niveau « Je me débrouille »

Nous avons vu précédemment que l’océan jouait un rôle essentiel dans la régulation du climat. Mais il peine de plus en plus à remplir cette fonction. La cause ? La pollution d’origine humaine et surtout nos émissions de gaz à effet de serre (GES) qui impactent également toute la biodiversité marine à commencer par le plancton. Pour autant, l’océan ne doit pas uniquement être source d’inquiétude : il peut aussi devenir une source d’espoir. En le protégeant, en l'aidant à retrouver son plein potentiel, nous pourrions faire en sorte que l'océan reste notre meilleur allié pour freiner le réchauffement de l’atmosphère. Alors comment mieux protéger l’océan ?

Nous allons t’expliquer les enjeux de ce combat nécessaire, et surtout, quel genre d’actions peuvent être entreprises au niveau des territoires ou même à l’échelle individuelle. Nous pouvons tous participer, à notre niveau, à la sauvegarde de l’océan, à la protection de la biodiversité marine et à sa bonne santé.

La protection de l’océan est entre nos mains 

L’état de l’océan se dégrade, mais nous pouvons faire en sorte de ne pas aggraver la situation… Sauver ce qui peut être sauvé, c’est notre responsabilité. 

Limiter les émissions de gaz à effet de serre 

L’objectif affiché par l’Accord de Paris est de limiter le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C d’ici la fin du siècle. C’est un objectif ambitieux, car pour l’atteindre, nous devrons collectivement diminuer nos émissions de 45 % d’ici 2030 - pas après, car il sera trop tard ! Heureusement, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estiment que ce changement de trajectoire est encore possible, à condition d’agir maintenant (la fenêtre est très étroite). 

Si l’océan souffre, c’est principalement à cause des activités humaines ayant lieu sur les continents ; c’est donc à nous, sur la terre ferme, de prendre des mesures pour éviter le pire et participer à la protection des océans. Pour y parvenir, il faudra le concours des États, qui devront mener de grands travaux pour développer les énergies propres et pour encourager la décarbonation dans le secteur industriel. Les pouvoirs territoriaux devront favoriser les mobilités douces, relancer le transport ferroviaire pour les personnes et les marchandises, miser sur l’isolation thermique des bâtiments, réglementer encore plus l’usage du plastique et lutter contre le gaspillage des ressources. 

Enfin, les simples particuliers ont également un rôle à jouer ! De petits gestes simples de la vie quotidienne peuvent réduire drastiquement notre empreinte carbone : manger moins de protéines animales, prendre la voiture et l’avion le moins possible, baisser le chauffage d’un degré ou deux … Pour limiter encore plus ton empreinte, tu trouveras des astuces concrètes et des histoires inspirantes sur la page j’agis de Tilt – on te conseille d'y jeter un œil !

Protéger la biodiversité de l’océans en favorisation les méthodes de pêche durable 

L’activité humaine place la faune et la flore marine sous pression : par notre faute, l’océan devient plus acide, plus chaud, et l’oxygène s’y fait plus rare… On arrête le massacre ?

Heureusement, les solutions existent et sont bien connues. En premier lieu, nous pourrions limiter les dégâts causés par la pêche, qui surexploite les stocks de poissons et parfois détruit les fonds marins - c’est le cas, par exemple, du chalutage profond, qui “racle” le plancher de l’océan sans distinction. Pire, la pêche génère beaucoup de gaspillage : au moins 30 % (même 50 % selon certains chiffres) des poissons sont pêchés en pure perte, c’est-à-dire, qu’ils sont détruits ou rejetés à la mer. Renversons la vapeur !
Pour faire de meilleurs choix en tant que consommateurs, le WWF propose un guide rempli de conseils pratiques, par exemple : ne pas acheter toujours les mêmes espèces, s’abstenir de manger des poissons juvéniles, respecter la saisonnalité (pas de sardines en hiver, par exemple), etc. Ces bonnes pratiques permettent la protection de l’océan et de ses habitants.

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Lygie Harmand

Quand des espèces marines se raréfient ou disparaissent, toute la chaîne alimentaire est perturbée. Les conséquences immédiates sont d’ordre socio-économique, puisque les pêcheurs ont de plus en plus de mal à vivre de leur travail…

Mais les conséquences sont aussi écologiques. À l'avenir, l'océan pourrait avoir de plus en plus de mal à stocker du carbone, car pour ce faire, il doit être peuplé d'animaux et de végétaux. Ce mécanisme s'appelle la pompe à carbone biologique, et nous l'avons expliqué dans la précédente infographie.

Des pistes d'actions durables concrètes pour protéger les océans

Avant la révolution industrielle, et la pollution d’origine humaine, l’océan contenait une biodiversité foisonnante… Nous pouvons l’aider à retrouver cette vitalité d'antan, au moins localement. Des expériences sont déjà menées en ce sens. Et ça marche !

La nature peut nous rendre plein de services. Un écosystème de “carbone bleu” en bonne santé capte le carbone, tandis qu’un écosystème dégradé produit plus de carbone qu’il n’en absorbe… Préserver, restaurer, voire recréer des processus naturels, c'est justement l’objectif des Solutions Fondées sur la Nature.

Par exemple, protéger les littoraux très riches en biodiversité (mangroves, marais salés, herbiers marins), c’est une façon de lutter directement contre le réchauffement climatique. Il est même possible de les aider de manière active en plantant des arbres, en sensibilisant les populations locales et en interdisant certains accès, ou en réintroduisant certaines espèces animales essentielles. De vastes projets de restauration de mangroves ont ainsi été mis en place récemment, au Mexique, au Bénin ou encore au Costa Rica pour enrayer leur déclin.

De même, si les récifs coralliens sont aujourd’hui très menacés, il existe des programmes innovants visant à stimuler la régénération naturelle de ces organismes. C’est le but, par exemple, du programme Hope Reef en Indonésie, qui ne vise pas seulement la sauvegarde des coraux, mais aussi leurs reconstructions sur des structures métalliques artificielles en forme d’étoile. Même ambition du côté de l’île Maurice, où les coraux sont cultivés dans de véritables pépinières avant d’être réintroduits en mer.

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Lygie Harmand

Aires marines protégées : un bien commun pour préparer l'avenir 

Dans ces espaces, qui ressemblent aux Réserves Naturelles continentales, des efforts sont faits pour limiter certaines activités humaines et donc la pression sur les écosystèmes. Quand le niveau de protection est suffisamment élevé, les bénéfices écologiques sont mesurables : les populations animales et végétales reviennent et se reproduisent.

La communauté scientifique appelle les gouvernements à développer ces zones spéciales pour qu’elles couvrent 30 % des mers d’ici 2030. La France a, sur le papier, devancé cet objectif puisqu’elle vient d’annoncer cet hiver, les 33 % d’aires marines protégées. Pour autant, beaucoup reste à faire, car il existe différents degrés de protection, et la France compte moins de 1 % d’aires marines en “protection forte”. La biodiversité des océans a besoin d’être protégée par l’Homme.

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Lygie Harmand

Mieux administrer l’océan : un but politique 

L’océan n’est pas une ressource inerte, que nous pouvons exploiter à l’infini pour la pêche, l’industrie, le tourisme… C’est au contraire un environnement vivant, vaste et méconnu, que nous devons apprendre à mieux connaître, mieux gérer, afin de préserver les intérêts de chaque espèce et de chaque pays. Sur ces questions, nous n’en sommes qu’au début ! 

En mer, les États ne sont souverains que dans leur Zone Économique Exclusive : un espace qui s'étend jusqu’à 370 km au large des côtes. C’est là qu’ils peuvent légiférer, explorer, et, s’ils le souhaitent, exploiter les ressources. Au-delà commencent les eaux internationales, qui représentent 64 % de l’océan… Autrement dit, 64 % de l’océan n’appartient à personne ! 

Ailleurs, c’est un peu le Far west. Il existe peu de règles internationales encadrant les pratiques en haute mer, et ces règles sont non contraignantes. Elles sont donc peu efficaces à la protection de l’océan. En même temps, c'est aussi une bonne nouvelle, car si l’océan n’est la propriété de personne, c’est que tout reste à faire. Et qu’il nous appartient d’inventer les modes de coopération qui nous permettront de protéger au mieux ces écosystèmes.

Ainsi, ces dernières années, plusieurs événements ou groupes intergouvernementaux ont placé l’océan tout en haut de leurs préoccupations ; c’est le cas par exemple de la Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples (qui regroupe 84 pays) ou du One Ocean Summit (une trentaine de pays). En parallèle, des organisations internationales comme l’Organisation Mondiale du Commerce ou les Nations Unies, dont la gestion des mers n’était pas la vocation première, commencent à prendre le problème au sérieux, engagent des négociations, et même, imposent des réglementations contraignantes pour le protéger.

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Lygie Harmand

Mieux comprendre l’océan : un but scientifique

Pour protéger efficacement l'océan et les aires marines, encore faut-il le comprendre, car agir sans comprendre peut avoir des effets non désirés. Plus nous en saurons sur son fonctionnement, sur la manière dont il réagit aux activités humaines, plus nous serons en mesure de nous adapter et de prendre des décisions efficaces pour le protéger. Prenons l’exemple de l'acidification des océans, c’est une préoccupation majeure qui s'inscrit dans notre besoin d'apprendre à mieux connaître et gérer les océans.

Aujourd’hui, l’océan reste globalement un mystère. Les recherches des scientifiques aiment rappeler que nous en connaissons moins de 10 %, c’est-à-dire que nous le connaissons encore moins bien que la planète Mars. Ainsi, de nombreuses instances comme la Plateforme Océan & Climat plaident pour une surveillance accrue de l’océan, une meilleure coopération entre les scientifiques et les politiques du monde entier, ainsi qu’un partage plus libre des données (intégrant notamment les informations issues des sciences sociales). La protection de l’océan devient un besoin urgent auquel nous devons tous répondre.

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Lygie Harmand

Notre tour en eaux profondes s’achève. Nous quittons l’océan, ce grand espace encore méconnu, dont nous sommes complètement dépendants à plein d'égards. Sa protection n’est pas une préoccupation esthétique ou sentimentale. Un océan vigoureux, en bonne santé, rempli de poissons et de coraux, c’est une condition primordiale pour que la vie humaine continue dans de bonnes conditions. 

Heureusement, pour que l’océan reste notre meilleur allié, nous savons exactement quoi faire. Nous-mêmes, en simples citoyens, pouvons agir concrètement dès maintenant pour protéger les océans. Alors à nous de jouer !

Océans

Par Plateforme Océan & Climat x Tilt

Une infographie réalisée en partenariat avec la Plateforme Océan & Climat 
✏ (texte) Benjamin Stock 
✏ (illustrations) Lygie Harmand 
Plateforme Océan & Climat | Le Monde 
 

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